En 2020, l'Oise sera 100% fibrée en zone RIP

L'Oise est le premier département de France en secteur rural qui aura déployé la fibre optique à 100% dans les zones du Réseau d'initiative publique (RIP) en juin 2020 : 300 000 prises au total auront été installées pour raccorder l'ensemble du territoire au très haut débit dans ces zones.

Charles Locquet, Nadège Lefevbre, Fabienne Dulac.
Charles Locquet, Nadège Lefevbre, Fabienne Dulac.

C’est une idée ambitieuse qui s’est transformée en pari gagnant, même un « exploit » pour Nadège Lefevbre, présidente du Conseil départemental de l’Oise. D’abord initié par Yves Rome en 2013 puis continué par Édouard Courtial et finalisé par Nadège Lefevbre, le déploiement de la fibre optique sera désormais effectif à 100% dans l’Oise, des villes aux campagnes, sur le Réseau d’initiative publique (RIP). En sept ans, 280 000 prises auront été construites, il en reste 20 000 d’ici juin soit un total de 300 000 prises pour couvrir le RIP de l’Oise, pour un coût total de 300 millions d’euros. « C’était une prise de risque du Département, c’est aujourd’hui un territoire précurseur », déclare Fabienne Dulac, Directrice générale adjointe d’Orange et CEO d’Orange France. Car Orange est le premier partenaire de la commercialisation du Très haut débit (THD) depuis le printemps 2018 dans le département : l’opérateur a annoncé son ambition d’être présent en tant que fournisseur d’accès Internet sur l’ensemble des communes et logements du RIP d’ici fin 2020.

« C’était une prise de risque du Département, c’est aujourd’hui un territoire précurseur »

Du côté des zones d’appel à manifestation d’intention d’investissement (Amii), qui concernent les investissements privés, une vingtaine de communes sont concernées par la commercialisation à date, sur une cinquantaine visées d’ici fin 2022. Le Département est en négociation avec les autres opérateurs nationaux pour commercialiser leurs offres sur ces réseaux. « C’est important pour nous que les habitants de l’Oise aient le choix de leur opérateur », signale Nadège Lefevbre. Aujourd’hui, plus de 90% du réseau est ouvert à la commercialisation et il compte déjà 80 000 abonnés, soit un taux de pénétration de 36%. « La moyenne en France des gens raccordés à la fibre en milieu rural est de 18%. Dans l’Oise, c’est deux fois plus », précise Charles Locquet, président du Syndicat mixte Oise très haut débit (SMOTHD).

Pour sa part, Orange cofinance les zone Amii de SFR dans l’Oise et sera présent en fonction du déploiement mené par ce dernier (le Beauvais, le Compiégnois et une partie du Creillois sont concernés). Au total, 280 communes sont concernées, soit 56% des logements, par la commercialisation de la fibre optique Orange dans les zones RIP et Amii. Pour l’heure, le RIP concerne 598 communes (sur 627) ouvertes à cette commercialisation. En 2020 arriveront 29 nouvelles communes. Sur le plan technique, ces répartitions des zones de déploiement de la fibre optique sont réalisées dans le cadre du Plan France Très haut débit, initié en 2011 par l’État, l’intérêt étant de répartir l’investissement entre opérateurs privés et puissance publique. Dans l’Oise, c’est un travail commun qui s’est opéré : le Département est propriétaire du réseau et le SMOTHD, la délégation du service public en est l’exploitant.

Le THD, un enjeu sociétal

Cette révolution technologique bouscule les pratiques. Le monde de l’entreprise, dans le département, est déjà raccordé au THD depuis quelque temps créant ainsi un écosystème favorable au développement de zones d’activités économiques ou d’entreprise dans la ruralité. « Un agriculteur a accès à la fibre optique en pleine campagne, de même qu’une TPE dans les zones rurales, c’est un levier de croissance pour les entreprises », note Charles Locquet. Pour le particulier, le wifi chez lui ainsi qu’une connexion rapide et de qualité sont les priorités : « Nous avons mis 50 ans à déployer le cuivre, qui était prévu pour le réseau de téléphonie, explique Fabienne Dulac. Aujourd’hui, le cuivre ne peut pas supporter le Très haut débit et nous allons mettre dix ans à développer cette nouvelle technologie. Nous avons fait le choix d’être présent sur tout le territoire pour que chacun puisse utiliser le wifi et les objets connectés, en pleine croissance. » En France, 20 millions de kilomètres de fibre sont déployés à la main, soit 500 fois le tour de la Terre, et 260 salariés y sont employés dans l’Oise.

Au-delà des pratiques, la transition numérique est au cœur du déploiement de la fibre optique. « Aujourd’hui, 99% de la population française a accès à la 4G, demain ce sera la 5G, continue la Directrice adjointe d’Orange France. Le développement du réseau est fondamental mais pas que. Il y a aussi un enjeu économique avec la création d’emplois et une problématique d’usages pour les habitants, les collectivités et les entreprises. Et aussi pour accompagner les projets pour que la révolution numérique ne soit pas synonyme d’exclusion mais d’inclusion. »

L’avenir des services

Ce raccordement à la fibre optique dans le département engendrera des nouvelles pratiques. « Il y a le développement mais il y a aussi la suite », indique Nadège Lefevbre.

La suite ? Le SMOTHD s’est engagé dans la mise en place d’un espace numérique de travail gratuit pour les élèves des écoles primaires, déjà en place dans les collèges. Aussi, un centre départemental de vidéo-surveillance est dans les plans, sous réserve de l’autorisation du ministère de l’Intérieur, pour permettre de connecter les caméras de chaque commune déjà équipée, ainsi qu’aux forces de l’ordre, à un service ouvert 24h/24. D’autres usages sont envisageables comme le développement de consultations en télé-médecine et l’accès à certains services publics. « C’est un atout formidable pour notre territoire », se félicite Nadège Lefevbre.


Le coût de la fibre en RIP :

  • Les communes ont participé à hauteur de 370 euros par prise construite, soit un tiers du coût total.
  • Le Département a apporté 40 millions d’euros, en plus de la logistique nécessaire.
  • L’État a participé à hauteur de 100 millions d’euros.
  • La Région a financé à hauteur de 16 millions d’euros.