Transition écologique des entreprises

Relance : les Régions, têtes de file en matière d'économie circulaire ?

Les Régions ont un rôle important à jouer pour stimuler le passage à une économie circulaire. Depuis quelques années, elles ont mis en place des dispositifs qu'elles s'efforcent aujourd'hui d'affiner. Témoignages, lors des récentes Assises de l'économie circulaire.

(c)Adobe
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Re-industrialiser, aller vers une économie plus verte… L’économie circulaire, qui consiste à sortir du gaspillage des ressources caractérisant  notre économie linéaire, est au cœur des grandes orientations du plan de relance gouvernemental. Et les régions ont un rôle central à  jouer dans ce domaine qu’elles ont déjà investi. Tel est le constat qui se dégage de l’atelier Les Régions au cœur de l’économie circulaire” qui s’est tenu le 7 septembre, lors des 4èmes Assises de l’économie circulaire organisées par l’Ademe, Agence de la transition écologique. 

Déjà, en 2019, d’après l’Observatoire des politiques régionales, les Régions ont investi 44 millions d’euros en fonds propres dans ce domaine, rappelait en introduction Jean-Michel Buf, représentant de Régions de France pour les questions de l’économie circulaire.  « Chaque région a la capacité de mettre en œuvre sa propre stratégie en matière d’économie circulaire sur son territoire », précise-t-il. En 2015, la loi NOTRe, portant sur la nouvelle organisation territoriale, a attribué aux Régions la compétence de la planification de l’ensemble des déchets, dont découle la mise en place d’un Plan régional d’action en faveur de l’économie circulaire (PRAEC). Une démarche qui doit être génératrice « d’emplois et de développement de filières innovantes », pointe Jean-Michel Buf. 

Pour l’instant, « nous sommes  au démarrage d’une histoire (…). L’économie circulaire n’est pas une niche, c’est un phénomène sociétal », commente le représentant de Régions de France. À ce titre, l’ESS joue un rôle particulier dans le développement de ces nouvelles tendances. Et il revient aux Régions d’aider à l’émergence de modèles qui se caractérisent  aussi  par une pérennité de fonctionnement. Plus globalement, elles doivent jouer un rôle de « liant », entre tous les acteurs du territoire concernés, quel que soit leur statut,  analyse Jean-Michel Buf. Exemple, depuis trois ans, des appels à projets sont menés dans la Région Pays de la Loire. « Nous faisons émerger, nous accompagnons (…) toutes ces démarches et nous aidons à mettre en œuvre les projets sur le territoire », commente Jean-Michel Buf, également maire de Blain, sis dans la région.  

Animer un écosystème complexe 

Un peu partout en France, d’autres collectivités ont déjà déployé des stratégies en faveur de l’économie circulaire. C’est notamment le cas de la Région Sud : depuis 2015, le dispositif Traj’ec a accompagné quelque 600 entreprises. Exemple : Lemon Tri, spécialiste de la valorisation des matériaux plastiques, a développé une filiale qui réalise du mobilier urbain à base de ces déchets. Autre exemple, Awahi, dont les vêtements de sport sont fabriqués avec des bouteilles de plastique recyclées. « Notre objectif  est  de convaincre toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ( …), de leur dire que la transition vers l’économie circulaire présente des opportunités », argumente Anne Claudius-Petit, vice-présidente de la commission Croissance verte, Transition énergétique, Énergie et déchets de la Région. 

À l’Ouest, en Normandie, la Région a commencé à mener une stratégie en matière d’économie circulaire en 2016. En particulier, elle s’attache à faire vivre un écosystème d’acteurs dans ce domaine. « L’objectif consiste à créer les conditions d’une mobilisation réussie (…). Cela passe par une palette d’outils », précise Guillaume Deal, chef du Service Économie circulaire et déchets de la Région. Celle-ci a ainsi mis sur pied une plateforme collaborative, qui compte 600 membres, pour encourager ces derniers  à échanger.  Elle promeut également l’activité – voire la création – de clubs, par exemple sur le réemploi des matériaux de construction. Et elle réalise aussi des appels à manifestation d’intérêt. 

Dernier exemple, enfin, celui de la Région Occitanie. Depuis 2018, elle a mis sur pied un programme qui a bénéficié à quelque 150 structures, permettant la réalisation de projets comme celui de “La résidence l’annexe”, à Toulouse. Le lieu comprend 153 logements étudiants, équipés de mobilier de seconde main. Pour Simon Moulines, responsable du service déchets et Économie circulaire de la Région, « nous sommes au début d’un processus »

Processus pour lequel les régions vont devoir affiner leurs outils existants ou en inventer de nouveaux. Ainsi, Simon Moulines aimerait « inverser la logique de l’appel à projet (…). Concevons collectivement des idées, et faisons ensuite appel à un porteur », propose-t-il. Pour Jean-Michel Buf, « la Région doit savoir accompagner les entreprises dans des dispositifs qui leur conviennent, plutôt que de les faire rentrer dans un carcan »