L’hippodrome de Chantilly : un écrin intemporel

Bordé par l’un des plus beaux châteaux de France mais aussi par la forêt, l’hippodrome de Chantilly s’impose dans le monde hippique. Inauguré en 1834, il accueille les courses les plus prestigieuses dont deux épreuves les plus illustres du programme de France Galop. Post-confi nement, ce lieu emblématique ne perd pas de son élégance mais doit également faire face à la crise sanitaire.

(c)rochagneux
(c)rochagneux

C’est l’un des six plus anciens hippodromes de France Galop. L’hippodrome de Chantilly, propriété de l’Institut de France, est inscrit l’Institut des Monuments historiques : à la suite de premières tribunes construites provisoires installées en 1835, le duc d’Aumale, propriétaire du terrain, fait construire deux nouvelles tribunes de style anglo-normand en 1847 par son architecte Jean-Louis Victor Grisart. Ces tribunes sont reconstruites par Honoré Daumet, architecte du château de Chantilly en 1881. Le bâtiment du pesage est pour sa part construit en 1891 par Charles Girault, élève de Daumet. Quant à la tribune du comité, ancienne tribune du prince, elle est reconstruite en 1911 par l’architecte Saint-Ange.

Cette histoire royale est précieuse… car elle imprègne les lieux, du château à l’hippodrome, en passant par les Grandes écu-ries et le Musée du cheval… Aller aux courses de Chantilly, c’est une expérience visuelle unique. « C’est aussi le premier hippodrome à avoir ouvert ses courses au public, précise Marin la Cour Grand Maison, responsable du site de Chantilly. Puis, il s’est développé au fil de son histoire. Aujourd’hui, nous avons des infrastructures hors norme. » Avec ses 65 hectares et ses cinq pistes, l’hippodrome de Chantilly est une référence dans le monde équin et accueille les deux plus prestigieuses épreuves du programme de France Galop, à savoir le Prix du Jockey-Club (depuis 1836) et le Prix de Diane Longines (depuis 1843).

Du côté des activités, Chantilly c’est aussi le Polo club du Domaine de Chantilly, le plus grand de France avec ses huit terrains, situé dans une grande clairière, à la fois un lieu de compétitions de niveau mondial et un havre de bonheur pour les cavaliers ayant adopté le plus ancien des sports d’équipe. Véritable temple du cheval, l’hippodrome est bordé par les Grandes écuries, chef-d’œuvre architectural du XVIIIe siècle (construites en 37 années) dont on a fêté le tricentenaire en 2019. Elles font figure de palais pour les chevaux et accueillent, depuis 1984, des spectacles équestres, créés et dirigés par Sophie Bienaimé.

Un centre d’entraînement reconnu

Son histoire est aussi marquée par une refonte. En 1994, France Galop envisage la fermeture de l’hippodrome. Face à cette menace, un Groupement d’intérêt public appelé “Initiative pour un développement durable de Chantilly” (IDC), est créé en 1998. Au total, 24 millions d’euros sont investis sur le site, dont le Prince l’Aga Khan, propriétaire d’une prestigieuse écurie à Gouvieux, est l’un des principaux mécènes. En 2011, France Galop fait réaliser une piste en sable fibré (de 6 500 mètres), la seule de la région, et la première course s’y déroule en mars 2012.

Les plus prestigieuses courses sont organisées.R&BPress – P.Renauldon

Depuis, Chantilly fonctionne également l’hiver car ces pistes sont conçues pour résister aux intempéries. Son environnement et son histoire ne sont pas les seuls atouts de cet hippodrome. Avec ses 114 entraîneurs, ses 2 600 chevaux station-nés et ses 50 réunions de course par an – soit une réunion par semaine – Chantilly s’impose dans le monde des courses de galop. « C’est le plus grand centre d’entraînement de France et d’Europe avec des entraîneurs essentiellement français », note le responsable du site. Il est situé sur les communes voisines de Chantilly, Gouvieux, Lamorlaye, Coye-la-Forêt et Avilly-Saint-Léonard.

Pour autant, le contexte sanitaire et économique actuel laisse planer un doute quant à la bonne reprise de toutes les activités. « Il n’y a pas eu de course pendant deux mois et même si nous avons été un des premiers sports à reprendre, sans public, à la sortie du déconfinement, il reste que le site – l’hippodrome et le centre d’entraînement – emploie 80 personnes et les frais de bouche des chevaux restent les mêmes », spécifie Marin la Cour de Grand Maison. Une situation qui est la même pour les dix hippodromes des Hauts-de-France…


Quel est l’impact de la crise sanitaire pour la filière équine régionale ?

Jean Frère, président de la Fédération des hippodrome des Hauts-de-France témoigne des conséquences de la crise sanitaire : « Alors que l’année 2019 a vu une croissance du public et des paris dans les hippodromes, l’année 2020, avec la Covid-19, a vu la fréquentation et les recettes divisées par deux. En effet, l’absence de réunions a engendré une chute du chiffre d’affaires et, par conséquent, une perte pour les investissements que nous devons faire chaque année sur les champs de course. Les entraîneurs ont beaucoup perdu, car les propriétaires de chevaux ont demandé une baisse du prix des pensions, ceux-ci ne courant pas. Or les frais de bouche sont les mêmes. Le personnel des écuries est toujours présent. Il faut savoir que les courses de trot et de galop emploient dans notre région 70 000 personnes. Certains hippodromes qui ont de nombreuses réunions chaque année, emploient 7 à 8 personnes qui ont été mises au chômage technique. Chaque Fédération régionale a mis en place une cellule politique avec des élus afin qu’ils soient informés des problèmes. Nous avons sollicité une aide de l’État et de chaque président de région. À cela s’ajoute une baisse des naissances chez les trotteurs. Les propriétaires sont de moins en moins nombreux car faire naître et élever coûte très cher. Nous espérons redresser la situation en 2021, si bien sûr l’épidémie a disparu ou, du moins, régressé sérieusement. »


Chantilly en chiffres

Hippodrome :

  • 65 hectares.
  • Capacité de 30 000 personnes/ 40 000 visiteurs par an.
  • Cinq pistes : une grande piste de 2 400 mètres, une ligne droite de 1 200 mètres, une moyenne piste de 2 150 mètres, une piste ronde (parcours de 1 400 mètres à 2 400 mètres), une piste en sable fibré de 6 500 mètres.
  • 50 réunions de courses par an.

Centre d’entraînement :

  • 120 hectares de pistes en gazon.
  • 120 kilomètres de pistes en sable.
  • 12 kilomètres de pistes d’obstacles jalonnées par 100 obstacles.
  • Plus de 2 600 chevaux stationnés en période de pointe.