Dépendance des seniors : des perspectives d'emploi à horizon 2030 dans la région

L'Insee a présenté les résultats d'une enquête sur la dépendance des seniors. Celle-ci révèle que les besoins vont continuer de croître et créer la création de 9 300 nouveaux emplois dans la région à horizon 2030.

En 2015, seuls 19% des séniors dépendants vivaient en institution. Beaucoup se font aider par des proches à domicile.(c)AdobeStock
En 2015, seuls 19% des séniors dépendants vivaient en institution. Beaucoup se font aider par des proches à domicile.(c)AdobeStock

En partenariat avec les Conseils départementaux du Nord et du Pas-de-Calais, l’Insee a enquêté sur les besoins liés à la dépendance des personnes âgées (plus de 60 ans) dans la région. L’étude, présentée début novembre, révèle que les besoins ne vont cesser de croître avec la hausse de l’espérance de vie et l’arrivée des générations du baby boom. En 2030, 276 900 seniors ou plus seraient dépendants dans les Hauts-de-France, soit 21% de plus qu’en 2015, selon les prévisions de l’Insee. « Si la tendance démographique ne change pas, il va falloir s’adapter pour répondre à la demande dans les prochaines années. Il y a de nombreux enjeux, les politiques publiques vont devoir s’adapter, d’où la nécessiter d’enquêter sur cette thématique aujourd’hui », explique Jean-Christophe Fanouillet, directeur régional de l’Insee.

9 300 nouveaux emplois

Les Hauts-de-France sont une région assez jeune, avec environ 22% de seniors contre 25% en France, mais les personnes âgées y sont plus dépendantes (17% contre 16% en France) du fait de leur état de santé moins bon. En 2015, 69 800 emplois en équivalent temps plein étaient liés à la dépendance dans la région, dont 39 800 étaient des emplois à domicile concernant l’accompagnement dans la vie quotidienne. « Ces tâches sont réalisées par des aides à domicile et des aides ménagères. Un emploi sur cinq est par ailleurs occupé par un infirmier », précise Laurence Pen, chargée d’étude à l’Insee. En institution, les aides-soignants et les professions médicales représentent la moitié des 30 000 emplois dédiés aux seniors dépendants.

« Si la tendance démographique ne change pas, il va falloir s’adapter »

D’ici à 2030, trois emplois supplémentaires sur quatre seraient dédiés à la dépendance à domicile. L’aide à la vie quotidienne représenterait à elle seule 7 000 emplois sur les 9 300 prévus par l’Insee. Les emplois liés à la dépendance progresseraient plus rapidement dans l’Oise (+21%) où le nombre de seniors dépendants augmenterait le plus. Par ailleurs, c’est également dans ce département que se trouve la plus grande proportion de personnes âgées dépendantes en institution, où le taux d’encadrement est plus élevé (en moyenne, 71 emplois temps plein pour 100 seniors dépendants). « Du fait de sa proximité géographique avec l’Île-de-France, l’Oise compte de nombreux franciliens en établissements spécialisés », ajoute Laurence Pen.

Des aidants moins disponibles

L’étude de l’Insee révèle par ailleurs que dans la région, les seniors en situation de perte d’autonomie se font le plus souvent aider par leur entourage (86%) que par des professionnels (71%). Leur rôle est essentiel puisqu’ils apportent un soutien administratif, logistique (courses, bricolages etc.) et moral. Or, d’ici à 2030, le nombre d’aidants potentiels n’augmenterait que de 12% alors que celui des seniors dépendants progresserait de 21%. En effet, les aidants de l’entourage sont exposés à des risques d’épuisement (la moitié ont plus de 60 ans et un sur deux déclare au moins un effet négatif sur sa santé) et leur disponibilité s’amoindrit : les femmes sont plus actives que par le passé et les carrières des jeunes actifs les poussent de plus en plus à s’éloigner de leur famille. « Le besoin en main d’oeuvre et en infrastructures pour accompagner les seniors en situation de dépendance est donc plus que jamais d’actualité. On ne va pas y échapper », conclut Jean-Christophe Fanouillet.