Activité économique : sur fond d’inflation, la croissance française au ralenti

Dans un contexte de forte inflation, avoisinant les 6%, une faible croissance de l’activité économique française est attendue. Celle-ci serait marquée par un net ralentissement de la consommation des ménages, pénalisée par l’envolée des prix, accompagné d’un recul des investissements, confirme l’Insee.

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Au deuxième trimestre, comme au premier, la croissance du PIB devrait atteindre 0,2% tandis que l’inflation serait toujours propulsée par l’alimentation, et ce jusqu’à la mi-2023. C’est ce qu’anticipe l’Insee dans sa dernière note de conjoncture, publiée le 5 mai. Mais la hausse des prix se maintiendra à un niveau élevé. Après 5,7% en mars et un rebond de 5,9% en avril, le taux s’établirait à 5,4% en juin, ce qui représenterait le niveau le plus bas depuis une année « À l’horizon de la mi-2023, le glissement annuel des prix à la consommation en France pourrait légèrement refluer à la faveur des effets de base sur les produits pétroliers », explique l’Institut de statistique.

L’alimentaire booste l’inflation

L’évolution de l’inflation masque des chiffres contrastés, selon les postes de consommation. En avril, les prix de l'énergie ont rebondi de 7% sur un an, après une augmentation de 4,9% en mars. La hausse annuelle est moins prononcée pour les services (+3,2%, après +2,9%). Côté alimentation, l’envolée des prix se poursuit : après +14,9% en avril, un rebond à +15,8 % est attendu ce mois de mai. Cette année, la hausse du prix des produits alimentaires est considérée comme principal moteur de l’inflation : elle y contribue à hauteur de 40%, « alors qu’elle ne représente que 16% du panier moyen de consommation », selon l’Insee.

D’ici l’été, les prix à la consommation des produits alimentaires devraient encore augmenter fortement (+15,5 %% sur un an). Toutefois, l’institut de statistique n’exclut pas « un éventuel ralentissement ultérieur, après les renégociations commerciales annoncées pour la fin du printemps » entre industriels de l’agroalimentaire et grande distribution. Ce à quoi a poussé Bercy, afin que la baisse des cours de certaines matières premières soit répercutée rapidement sur le panier de courses. Alors que les prix agricoles à la production diminuent depuis plusieurs mois, « ceux à la production des industries agroalimentaires ne présentent, en revanche, pas encore d’inflexion, à ce stade », note l’Insee

Et après la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation, ceux des services pourraient suivre : « sur fond de nouvelle revalorisation du Smic au 1er mai, ils pourraient légèrement accélérer, avec un glissement annuel prévu à +3,5% en juin, », précisent les statisticiens. Pour la seconde moitié de l’année, ces derniers se montrent prudents : ils pointent « des incertitudes fortes qui subsistent, en particulier, sur les évolutions à venir des prix dans l’alimentation et sur une éventuelle diffusion, plus marquée qu’actuellement, de l’inflation au secteur des services. »

Une croissance modérée

Depuis l’été 2022, la croissance trimestrielle du PIB s’établit à 0,1%, en moyenne. Cette faible progression de l’activité économique s’attribue notamment au repli de la consommation des ménages, conséquence de la baisse de leur pouvoir d’achat, en lien avec la persistance de l’inflation. Sur un an, en mars , les achats alimentaires ont ainsi baissé de 9 % en volume. Les Français peuvent avoir opté pour des gammes de produis moins chers. D’avril à juin 2023, la consommation de biens, (alimentaires compris) continuerait à refluer.

Les dépenses énergétiques maintiendraient leur tendance haussière. Une légère progression est prévue dans les services.

Par ailleurs, ce second trimestre, la croissance, annoncée à +0,2 %, pourrait être sensiblement soutenue par le commerce extérieur. Mais dans ce contexte inflationniste, la remontée des taux d’intérêt devrait brider davantage l’investissement. Celui des entreprises, inquiètes aussi de la contraction de la demande intérieure, maintiendrait sa tendance baissière. Celui des ménages ralentirait en raison de la baisse de la construction de logements neufs et des transactions dans l’immobilier. Une situation qui a amené les acteurs du secteur à tirer plus vigoureusement la sonnette d’alarme, alors que les mesures du gouvernement en faveur du logement se font attendre.

L’Insee table sur un acquis de croissance du PIB de 0,5% à fin juin. L’activité économique fléchirait dans l’industrie manufacturière, poursuivrait son recul dans la construction, et resterait atone dans le commerce. Elle progresserait légèrement dans les services.