Auneuil ne renonce pas à donner un avenir à la ZAC Boulenger

La commune d’Auneuil cherche à reconvertir la friche Boulenger depuis une trentaine d’années. Après avoir vu deux projets avorter, elle a décidé de participer à un concours d’architecture.

La ZAC Boulenger possède de nombreux bâtiments remarquables. (@Auneuil)
La ZAC Boulenger possède de nombreux bâtiments remarquables. (@Auneuil)

C’est presque une malédiction qui plane sur l’ancien site Boulenger à Auneuil. La friche, dont les bâtiments occupent une douzaine d’hectares, a déjà vu deux projets de réhabilitation avorter. « En 1981, l’usine de céramique et de tuiles ont fermé, ce qui représentait environ 300 emplois », rappelle Jan Duda, maire-adjoint à l'éducation, la restauration scolaire et au patrimoine culturel de la commune. Un traumatisme pour la commune qui compte aujourd’hui 3 000 habitants. En 1990, un bail emphytéotique est consenti au Conseil départemental qui projette d’en faire un musée dédié à la céramique, mais le projet n’aboutit pas.

« Il y a un an, nous sommes rentrés dans le dispositif Petites villes de demain, et dans ce cadre nous avons décidé de participer au concours Europan 16 », poursuit Jan Duda. Ce concours thématique de projets s’adresse aux villes européennes et aux acteurs urbains qui veulent développer des stratégies innovantes pour leurs sites en transformation, comme souhaite le faire Auneuil avec sa friche. « Les candidats étaient libres de proposer ce qu’ils voulaient », poursuit l’élu municipal.

Le jury du concours, dont Auneuil ne faisait pas partie, a retenu trois projets. Le vainqueur, c’est l’École des arts de la terre, un lieu de formation et d'échange autour du cadre de vie qui fait écho à l’histoire du site et porté par une équipe d’architectes et d’urbanistes français. Suivent « Continuum », projet mentionné par le jury et porté par une équipe d’architectes français et argentin, et « Inter-tènement » qui a reçu la mention spéciale imaginé par les architectes parisiens Clément Besnault et Chloé Coffre.

Clément Besnault et Chloé Coffre ont reçu la mention spéciale du jury pour leur projet « Inter-tènement » (© C.Besnault et C.Coffre)

Des projets et des attentes

Pour ce dernier projet, les deux jeunes architectes se sont démarqués en portant plus largement leur réflexion sur le périmètre de la commune. « Lorsqu’on observe Auneuil, on constate qu’il existe plusieurs strates de construction, de lotissements très clairement identifiables qui sont issus de logiques successives, note Clément Besnault. Nous avons voulu donner une cohérence à l’ensemble, donner du sens ». Sous-jacente, c’est aussi la question de l’artificialisation des sols qui est traitée. « Ce qui nous a frappé lors de notre visite, c’est qu’il y avait très peu d’espace public pour fédérer les habitants, rebondit l’architecte. Nous nous sommes dits que cette friche était un grand vide que nous voulions conserver et mettre en valeur pour jouer ce rôle ».

Ainsi la ZAC Boulenger devient un espace public, un parc, avec des équipements publics, un restaurant. Une ressourcerie y a également été imaginée qui revaloriserait les matériaux issus de la démolition de certains bâtiments. La création de logements se ferait sur les autres zones d’Auneuil. Les deux architectes proposent également des outils pour associer les habitants et les propriétaires à une réflexion commune, par exemple au travers d’une association foncière urbaine.

« Aujourd’hui, ces trois projets ne sont pas chiffrés », remarque Jan Duda. Un temps de réflexion et de rencontres va donc suivre. « On peut imaginer des évolutions dans les propositions, ou la combinaison des trois projets », poursuit le maire-adjoint qui souligne le frein économique. « Nous sommes une petite commune et nous ne pourrons réaliser quelque chose que sous-réserve d’avoir de fortes subventions ».

Mais l’élu insiste également sur la nécessité de concrétiser, enfin, une reconversion pour une zone dont « les bâtiments s’abîment avec le temps malgré des travaux » et qui est proche du centre-bourg. Sans compter sur les attentes de la population très attachée à l’endroit, « vous savez, on croise encore des gens qui ont travaillé dans là-bas », glisse l’élu.