Entreprenariat

Cessions et acquisitions de PME : les Hauts-de-France en perte de vitesse

Alors que le marché de la reprise d'entreprise était plutôt dynamique dans les Hauts-de-France en 2019, la crise de la Covid-19 a eu des impacts sur les fusions-acquisitions. En région, le marché des transmissions d'entreprise a baissé de 27% entre 2019 et 2020.

©oneinchpunch
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L'économie a été fortement impactée par les stop and go sanitaires. Pourtant, au niveau national, le marché de la transmission ne baisse que de 19% en volume sur les opérations de 5 à 50 millions d'euros1. En Hauts-de-France, la baisse est plus sévère, à 27%. Si les régions Ile-de-France et Rhône-Alpes prennent clairement la tête de classement (avec respectivement, 141 et 59 opérations), d'autres territoires moins digitalisés ont moins bien résisté à cette crise. Et surtout, les régions comme les Hauts-de-France, le Grand Est, la Bourgogne - Franche-Comté, la Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d'Azur, historiquement moins dynamiques, ont marqué le pas.

La distribution dans le top 3 du classement

« Les quatre secteurs d'activité les plus actifs – les TMT (technologies, médias, télécommunications), la distribution, la santé-pharma et les services aux entreprises et aux particuliers – représentent 66% des opérations de la région », commente Franck Lamotte, directeur régional d'In Extenso Finance & Transmission. Avec une spécificité toute particulière puisque la distribution – activité phare en région – , avec six opérations pour 3,3 millions d'euros, est le deuxième secteur du podium. L'importante opération de rachat de Dejbox (20 millions d'euros de chiffre d'affaires) par le groupe Carrefour en est l'une des expressions les plus significatives en 2020.

"L'année 2019 avait été exceptionnelle, donc la baisse pour 2020 est à relativiser", précise Franck Lamotte, directeur régional d'In Extenso Finance & Transmission.

Une bonne dynamique malgré un recul

Avec 38 transactions analysées (sur le segment 1 à 50 milions d'euros), les Hauts-de-France représentent 4% du volume des transactions en 2020 alors qu'ils accueillent 8% des PME nationales. Des chiffres qui peuvent s'expliquer par une représentativité moins importante des secteurs de l'iT et de la santé – historiquement très dynamiques sur le marché des fusions-acquisitions –, mais aussi une prépondérance des entreprises à capital familial. « On constate donc davantage de cessions internes sur ce type d'entreprises. Mais la dynamique reste bonne », positive Séverin Morice, directeur de mission In Extenso Finance & Transmission.

De belles opérations en 2020

Sur le segment de valorisation de 5 à 15 millions d'euros, cinq opérations ont été identifiées en 2020 contre onze en 2019. Une baisse à relativiser si l'on compare aux résultats de l'année 2018 qui enregistrait sept opérations sur le même segment. On peut, par exemple, évoquer le rachat de la pépite d'EuraTechnologies Ineat (25 millions d'euros de chiffre d'affaires) par l'acteur français Astek (300 M€ de CA), OpenIo par OVHcloud ou encore le rachat de Regiprocess, acteur industriel de Roubaix, par un repreneur individuel.

Séverin Morice, directeur de mission In Extenso Finance & Transmission, souligne la bonne dynamique dans les Hauts-de-France.

27% des opérations sont réalisées par un acquéreur de la même région, un chiffre en dessous de la moyenne constatée à l'échelle nationale (43%) : « Nous avons constaté davantage de rachats d'entreprises régionales par des acteurs locaux. Les fonds d'investissement ont privilégié le suivi de leurs participations et ont mis en attente les opérations en cours. Les sociétés non cotées ont préféré se tourner vers un marché local. En période de crise, on privilégie les opérations moins risquées », détaille Séverin Morice. 33% des cédants ont vendu à des repreneurs régionaux contre 23% en 2019.

Quant aux acquéreurs étrangers (21%), le repli est conforme aux tendances nationales. Leur part devrait augmenter à nouveau aux alentours de 30% pour 2021.

Quelles perspectives pour 2021 ?

« L'année 2019 avait été exceptionnelle, donc la baisse pour 2020 est à relativiser. On note une importante mobilisation des acquéreurs depuis septembre dernier. Ils veulent se diversifier géographiquement et en termes de compétences. La crise a démontré qu'être présent sur un métier unique peut constituer un risque. Le digital sera très porteur pour l'année 2021, avec une meilleure visibilité que sur d'autres secteurs », ajoute Franck Lamotte.

1. Retrouvez le panorama complet région par région sur https://finance.inextenso.fr/regions-transmission/