Château de Pierrefonds : un chantier de restauration à 7 M€

Joyau du patrimoine, le château de Pierrefonds se refait une beauté. La restauration des toitures a débuté début septembre. Les visites restent ouvertes.

Depuis le 1er juin, et à fin septembre, le château de Pierrefonds a accueilli 54 000 visitesurs. (© CMN / Colombe Clier)
Depuis le 1er juin, et à fin septembre, le château de Pierrefonds a accueilli 54 000 visitesurs. (© CMN / Colombe Clier)

C'est un formidable chantier qui a débuté au château de Pierrefonds. Début septembre, les échafaudages ont été dressés sur l'aile des Preuses pour la rénovation des toitures. « C'est un chantier déterminant pour la préservation de ce fleuron exceptionnel du patrimoine, explique Xavier Bailly, administrateur du château au conservatoire des Monuments nationaux (CMN). Il était devenu urgent, car nous avons des toitures assez fatiguées notamment sur cette aile des Preuses, qui est la partie la plus prestigieuse du château. »

Le projet est colossal. Il intègre la restauration des façades et toitures de l'aile des Preuses, de la tour Alexandre et de la tour Godefroy de Bouillon. Le budget de 7 M€ a été bouclé sur les bases des recettes affectées par le ministère de la Culture au centre des monuments nationaux (5 M€), mais aussi grâce à un soutien spécifique de l’État. Sur les 40 M€ débloqués par France Relance pour le CMN, 2 M€ ont, en effet, été attribués au château de Pierrefonds pour ce chantier urgent. Un bon « coup de pouce » qui a permis d'inscrire ce chantier plus tôt que prévu dans le calendrier bien rempli des travaux.

Entretien et restauration

Bien sûr, il y a l'entretien courant... Le nettoyage des cheneaux, le remplacement des ardoises déplacées ou cassées, l'entretien des allées, du jardin, de la plomberie, etc. Autant de « menus » travaux qui dans un cadre comme celui de Pierrefonds prennent des dimensions XXL. Ils permettent d'éviter le pire. « Ce sont quelques centaines de milliers d'euros par an, détaille Xavier Bailly. Ils nous préservent des catastrophes à venir mais, cela ne permet pas de réparer ce qui a été mal entretenu par le passé ou qui arrive en fin de vie. Comme nos toitures. » Avant elles, d'ailleurs, le château a connu la réfection de ses ponts, une mise en sécurité incendie, et la restauration de 250 fenêtres sur le donjon.

Lancé en septembre, le chantier doit s'achever fin 2023. (© CMN)

Bien que coûteuses, ces campagnes de restauration sont aussi une belle opportunité pour le château de faire parler de lui, et ce, même si les tournages de film seront évidemment moins fréquents. « L'histoire du chantier rentre dans le champ de la médiation, insiste Xavier Bailly. Il permet aussi de lever le voile sur des aspects inconnus du grand public. » Par exemple, la galerie des Preuses a été construite avec des charpentes en acier, 30 ans avant la construction de la Tour Eiffel... ce qui suscite l'intérêt des chercheurs. « Les restaurations d'aujourd'hui sont aussi les conséquences des choix techniques d'Eugène Viollet-le-Duc », explique encore l'administrateur du château.

Fréquentation en hausse

Les visites se poursuivent donc durant les travaux, presque comme d'habitude. Une réplique de la galerie des Preuses a été construite, pour limiter la déception des visiteurs. Le succès reste au rendez-vous. Plus de 4 000 visiteurs ont été dénombrés lors du week-end des Journées européennes du Patrimoine. « C'est un très beau score », assure Xavier Bailly, qui constate que les chiffres de fréquentation sont quasiment revenus à leur niveau d'avant covid (2019).

La saison touristique a été bonne avec près de 54 000 visiteurs accueillis entre juin et septembre. Et les visiteurs étrangers, et notamment nord européens (Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Allemagne et Danemark), sont de retour (21 %).

Un enjeu pour l'emploi local

Le chantier, conduit par Pierre Bortolussi, architecte des Monuments de France, est suivi de près par la Drac et la conservation régionale des Monuments historiques qui réalisent un contrôle scientifique et technique minutieux. Les entreprises qui interviennent doivent évidemment répondre à un cahier des charges rigoureux, auquel toutes les entreprises ne sont pas en mesure de répondre. Néanmoins, les compétences locales sont mobilisées autant que faire se peut. Xavier Bailly : « Un chantier comme celui-là, c’est aussi un enjeu pour l'emploi local. Au travers d'entreprises locales, mais aussi au travers des clauses d'insertion sociale, que nous adossons désormais à nos marchés publics. On l'a développé de manière importante sur le chantier de Villers-Cotterets. C'est un succès à 150%, y compris pour un retour à l'emploi durable. À Pierrefonds, nous faisons la même chose avec des partenariats que nous avons établis avec le Département de l'Oise. »