Compiègne : Sapé.e, le magasin de seconde main ouvre la première boutique éphémère de France

C'est un modèle original installé à Compiègne, le Pop up Store. Basée sur une approche marketing d'ouverture de points de ventes de courtes durées, cette boutique éphémère accueille un nouveau magasin tous les trois mois. Lancé par Oh la belle ville ! - émanant de la Fédération des Boutiques à l'essai – ce concept « permet de dynamiser un centre-ville, qui propose ainsi des nouveautés, sans cesse, dans un local vacant. C'est un travail en partenariat avec les territoires », précise Pascal Loisel, manager de Oh la belle ville !, dont le siège social est à Compiègne.

C'est aussi une bonne façon de propulser et tester des projets. « Les porteurs de projet testent leurs produits, leur projet, et cette boutique éphémère complète les boutiques à l'essai, c'est une autre façon d'aider des commerces à se pérenniser », continue-t-il.

Et la ville de Compiègne, très impliquée dans la redynamisation et nouveaux concepts, inaugure l'installation de ce premier Pop up Store de France. « L'objectif est de déployer ce concept partout en France, comme les boutiques à l'essai, complète Pascal Loisel. C'est un 360° de l'attractivité. » Car c'est bien l'attractivité d'une ville qui est visée : avec un taux de locaux vacants croissants dans de nombreux centres-ville français, la boutique éphémère apporte une originalité et une dynamique de l'offre. Tout en aidant des porteurs de projets... Ces nouveaux modèles de commerces séduisent : en presque dix ans, 160 boutiques à l'essai sont déjà implantées en France. L'avenir du Pop up Store veut suivre ce chemin.

Sapé.e, la marque de vêtements de seconde made in Picardie

La boutique éphémère de Compiègne accueille un concept qui tend à devenir tendance, un magasin de vêtements de seconde main, sous la marque Sapé.é, créée il y a un an. Derrière cette marque, les deux frères associés de l'entreprise Écotextile, basée à Apilly, qui n'est pas novice en matière de recyclage de textiles, et même précurseuse. Depuis peu à la tête de cette société familiale - créée par leur grand-père en 1957 - Magide et Mehdi Zerroug ont repris une activité de recyclage de textiles. « À l'époque, l'entreprise collectait des vêtements importés des États-Unis pour les recycler, car en France, la collecte des vêtements n'était pas inscrite dans les mœurs », explique Mehdi Zerroug.

Depuis, Écotextile a installé plus de 4 000 points de collecte dans tout le grand Nord de la France pour trier et revaloriser ces tissus usagés directement dans le centre d'Appily mais aussi en partenariat avec d'autres centres de recyclage, à l'instar de Framinex à Noyon. « Chaque année, deux milliards de vêtements neufs sont achetés par an en France, ce qui fait un gisement de 700 000 tonnes de déchets, explique encore Mehdi Zerroug. Et seulement 250 000 tonnes sont recyclées, nous avons encore beaucoup de progrès à faire. En Allemagne, ils en recyclent un million de tonnes. »

Et aujourd'hui, avec ses 80 salariés, ce centre collecte 60 tonnes de textile par jour pour en revendre 50% sur le marché international. Le reste, trop usé pour être revalorisé, passe une autre étape de tri. Le coton devient des carrés de coton, et la laine, après effilochage, de l'isolant. « Il y a zéro déchet, nous recyclons à 100% », notifie encore Medhi Zerroug.

… qui se veut pérenne

Maîtrisant la chaîne de recyclage des textiles de A à Z, les deux associés ont décidé d'aller encore plus loin dans le concept, en vendant directement ces vêtements de seconde main, dans une boutique. « Il y a un engouement pour les vêtements de seconde main, réellement depuis deux ans, constate Magide Zerroug. Alors nous avons décidé de revendre les vêtements que nous revalorisons et de créer une marque. Nous maîtrisons la chaîne de valorisation et nous savons d'où viennent les vêtements mais aussi leur qualité. Sapé.e, c'est une marque de vêtements de seconde main 100% picard ! »

Alors, le Pop up Store de Compiègne donne une chance à ce projet. Grâce à cette boutique éphémère, Magide et Mehdi Zerroug vont « apprendre le métier » tout en faisant connaître cette mode alternative pour « détecter les pièces qui fonctionnent ou comment gérer le renouvellement de stock ». Autant de possibilités dont le but, à terme, est d'ouvrir un boutique pérenne à Compiègne.

Et le début de l'activité laisse penser à un beau présage. Si ce commerce sera présent rue du Général Leclerc deux mois, la première semaine d'ouverture rencontre déjà un vif succès...