Dans l'Oise, le club "les entreprises qui s'engagent" fonde un socle solide

Mouvement national initié en avril 2022 par le Ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et France Travail, le club "les entreprises qui s'engagent" rassemble celles qui œuvrent pour l'inclusion mais aussi celles qui ont l'ambition de changer de trajectoire. Dans l'Oise, déjà 70 dirigeants sont rassemblés dans ce club, qui entend créer une dynamique locale vertueuse.


Olivier Remoissonnet (à dr), entouré de Fabienne Malriq (DDTES) et Christophe Heymès (Medef Oise), co-animateurs du club de l'Oise. (c)VK
Olivier Remoissonnet (à dr), entouré de Fabienne Malriq (DDTES) et Christophe Heymès (Medef Oise), co-animateurs du club de l'Oise. (c)VK

Changer les façons de recruter, transformer les mentalités des collaborateurs, définir différemment l'entreprise... le club "les entreprises qui s'engagent" représente un élan collectif vers l'inclusion, dont l'entreprise en est le vecteur. Ce mouvement rassemble. Il rassemble les structures qui agissent pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes les plus éloignées de l'emploi, autour d'une philosophie : « partir du potentiel de chaque personne pour favoriser leur accès à l'emploi durable ». Il rassemble aussi celles qui ont la volonté de changer leur façon de procéder. « Ce club est un liant, explique Olivier Remoissonnet, PDG de La Brosserie Française basée à Beauvais, et président-fondateur du club "Les entreprises qui s'engagent" de l'Oise. L'objectif est de partager des pratiques, s'engager à continuer dans cette démarche avec d'autres actions, et porter cette inclusion. Les entreprises désireuses de se diriger vers l'inclusion peuvent nous rejoindre, l'idée est d'aller tous, à notre manière, dans ce sens. »

Co-animé par le Medef et la Direction Départementale de l'Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS) de l'Oise, ce club organise des réunions d'information tous les trimestres, avec de nombreux intervenants inspirants, dont « la feuille de route est co-construite avec les entreprises et la nouvelle feuille va être établie en avril », précise Fabienne Malriq, cheffe du pôle du Service Public de l’insertion de la DDETS de l'Oise.

S'engager concrètement

Si l'engagement au sein de l'entreprise est prisée, l'engagement sociétal n'en est pas moins oublié : chaque membre signe une charte dans laquelle se trouve une liste d'engagements à choisir. Accueil de stagiaire de 3e, accès à l'apprentissage, recrutement d'une personne en situation de handicap, réalisation de parrainage, emploi, participation au Stade vers l'emploi de France Travail... en sont des exemples. « Je pense que oui, le rôle de l'entreprise est aussi sociétal », exprime Olivier Remoissonnet.

Et ce chef d'entreprise peut en témoigner, lui qui, en plus des s'impliquer dans la transition écologique et le Made in France, emploie des collaborateurs en situation de handicap depuis huit ans. « C'est un investissement au début car il faut intégrer chaque salarié. Mais aujourd'hui l'entreprise en est grandie », atteste-t-il.

Recruter d'autres profils

L'inclusion, c'est aussi, pour l'entreprise, utiliser d'autres canaux de recrutement. Présent lors de la réunion trimestrielle - organisée à Fitz-James le 20 février - le sous-préfet en charge de la Politique de la ville, Arnaud Quiniou, a rappelé le rôle primordial de l'entreprise dans l'accès à l'emploi de certains jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), dont cinq millions d'euros y sont consacrés dans l'Oise. « Prendre un jeune issu de ces quartiers, pour le transformer, l'aiguiller et qui se révèle souvent pendant les stages. C'est aussi ça le rôle de l'entreprise », définit-il. Car ces jeunes s'excluent souvent eux-mêmes : mal renseignés, peu informés, leur ambition n'est pas déclenchée, et la méconnaissance des métiers, et tout simplement du monde de l'entreprise, les poussent à penser que ces mondes inconnus ne leur sont pas accessibles. Et pourtant, « il y a des pépites partout », rend compte Arnaud Quiniou, précisant qu'il existe19 QPV dans l'Oise, soit 73 000 habitants (20% de la population).

Cet appel aux entreprises va de pair avec un travail dense de la préfecture, appuyé sur le décrochage scolaire à travers différentes actions. Si accueillir en stage, ou encore recruter, un jeune issu d'un QPV demande un accompagnement spécifique, le sous-préfet met l'accent sur la bonne orientation et la bonne détection. « Ce n'est pas du temps perdu, car ce sont les collaborateurs de demain. Mais il faut que le jeune soit compatible avec les missions. » Il n'y a pas d'engagement sans investissement, le mentorat extirpe également certains jeunes d'une situation. « Un dirigeant peut simplement orienter un jeune, l'aider à trouver un stage, l'accompagner, ce sont quelques coups de téléphone de temps en temps. C'est un don de soi. On a tous rencontré quelqu'un dans notre vie qui l'a changée. », soumet à la réflexion le sous-préfet.

Recruter ailleurs

Mission locale, Agefiph, Cap emploi, ces structures aident à l'insertion des personnes les plus éloignés de l'emploi, soit par une situation sociale fragile, soit par un handicap. Mais d'autres établissement accompagnent les jeunes à s'insérer dans le monde professionnel. Comme l'Épide, pour Établissement pour l'insertion dans l'emploi, centres développés partout en France au sein d'anciennes casernes réhabilitées et nés en 2005 sous la tutelle des ministères du Travail et des Cohésion des Territoires.

Dans l'Oise, le centre de Margny-lès-Compiègne accueille 180 jeunes, toute la semaine en internat, et aussi le week-end pour les jeunes sans domicile fixe. « Nous travaillons un projet professionnel avec eux, nous leur apprenons les codes sociaux et l'autonomie, et nous leur faisons une remise à niveau », explique Abderrahim Boudjemaa, chef de service insertion et formation professionnelle de l' Épide de l'Oise. Gratuit pour les jeunes (soit 24 500 euros par jeune), ils sont aussi rémunérés à hauteur de 520 euros par mois. « Ces jeunes sont souvent en décrochage scolaire et nous les préparons au monde du travail », continue-t-il d'expliquer, précisant qu'un parcours peut durer jusqu'à 24 mois. Pour donner une chance à ceux qui ont du potentiel, cet établissement noue des partenariats avec des entreprises afin d'organiser des immersions, et fait un appel aux dirigeants dans ce sens.

En somme, dans l'Oise, un écosystème de l'inclusion existe déjà, fort de son maillage territorial, propice à la création d'un cercle vertueux pour une société inclusive. Mais aussi pour les entreprises, qui s'engagent.