Agriculture

Dans l'oise, devenir une bête des réseaux sociaux avec un élévage ovin

Régulièrement primé au Salon de l’agriculture, Antoine Lefèvre, éleveur ovin à Catigny, profitait de l’événement pour vendre son cheptel. À défaut d’événement depuis deux ans, il lui a fallu trouver une alternative pour approcher ses clients. Les réseaux sociaux lui ont offert une solution de repli.

Antoine Lefèvre, éleveur d’ovins, a trouvé d’autres solutions pour vendre ses bêtes, 900 moutons en moyenne chaque année. (c) Antoine Lefèvre
Antoine Lefèvre, éleveur d’ovins, a trouvé d’autres solutions pour vendre ses bêtes, 900 moutons en moyenne chaque année. (c) Antoine Lefèvre

Jusqu’à 1 400 moutons de race d'Île-de-France cohabitent sur l’exploitation d’Antoine Lefèvre à Catigny. Le trentenaire a pris le relais de son père en 2008. « Il était orienté dans un système tourné vers la boucherie, tandis que j’ai opéré un virage pour aller vers la reproduction pour l’élevage en France et à l’étranger. Je trouvais ça plus valorisant pour les bêtes », précise l’éleveur.

À plusieurs reprises, les animaux d’Antoine Lefèvre ont été récompensés lors de concours. En 2016, l’élevage a ainsi obtenu plusieurs premiers prix tandis que lors du dernier Salon de l’agriculture, en 2019, les distinctions se sont une fois de plus multipliées. « Premier prix pour un lot de trois femelles,  premier prix pour un la laine d’un jeune mâle, le deuxième pour celle d’une jeune femelle, un troisième prix pour un mâle adulte et enfin le prix d’amélioration génétique. » Depuis des décennies, l’élevage de cet éleveur mise en effet sur la sélection et la génétique, un choix qui a porté ses fruits au vu des résultats obtenus.

Changer de vitrine

Véritable vitrine de l’élevage, le Salon de l’agriculture permet aux éleveurs étrangers de découvrir les animaux. « Ils sont friands des résultats pour savoir où acheter de bonnes bêtes. » Quand la crise sanitaire a annulé les festivités, l’éleveur a cherché des alternatives pour poursuivre ses activités alors que les délégations étrangères ne pouvaient venir à la rencontre de ses bêtes.

« Il fallait bien vendre les animaux, donc nous avons fait des vidéos en groupe et individuellement pour les présenter. » Il les a ensuite diffusées sur Facebook, sur des pages dédiées, afin de toucher ses acheteurs en Italie, au Portugal, en Espagne, Bulgarie, Croatie, Serbie, Lettonie, Lituanie, Belgique, Allemagne ou encore en Suisse ou aux Pays-Bas. En fonction des besoins exprimés ensuite par des éleveurs de toute l’Europe, Antoine Lefèvre recherchait l’animal approprié et réalisait une vidéo spécifique. « Ça a demandé du temps, mais comme on ne recevait plus de délégation, on pouvait s’y consacrer. »

Et demain ?

C'est donc l'utilisation des réseaux sociaux qui est devenue un outil de travail en remplacement d’un site Internet. « On reste présent et on choisit ce que l’on veut mettre en avant. Les acheteurs n’ont pas besoin de venir nous chercher, on devance la demande. » Bien qu’il espère que le Salon de l’agriculture rouvrira ses portes en 2022 et ainsi retrouver le contact humain, l’éleveur prévoit de poursuivre ce travail en ligne. « Tout le monde ne va pas sur les réseaux, mais cela nous permet de toucher beaucoup d’autres cibles. En revanche, c’est bien si on sait utiliser ces réseaux, sinon, il est préférable de s’abstenir. »

L’agriculture et l’élevage ont également pris le virage des nouvelles technologies pour s’inscrire dans l’avenir, notamment avec des logiciels de généalogie pour suivre l’origine des animaux et éviter la consanguinité. Si les réseaux sociaux ont permis à Antoine Lefèvre d’envisager un peu plus sereinement l’avenir, il lui reste d’autres inquiétudes. « Les travaux du canal Seine-Nord-Europe suppriment les pâtures pour nos moutons au risque de nous voir cesser notre activité d’élevage. La menace semble grandissante. »