Insee : emploi et territoires sont liés

L’Insee vient de sortir, en collaboration avec la Dreal et le CETE Nord-Picardie, une étude intitulée "Structure des activités et accessibilité des territoires influent sur l’évolution de l’emploi local". Comme on peut s’y attendre, selon l’endroit où les Picards habitent, ils ne sont pas égaux. Si on veut trouver du travail, il vaut mieux habiter dans le sud de l’Oise plutôt qu’en Thiérache.

Patrick le Scouëzec a présenté l’étude.
Patrick le Scouëzec a présenté l’étude.

 

Patrick le Scouëzec a présenté l’étude.

Patrick le Scouëzec a présenté l’étude.

Entre 1999 et 2008, année du début de la crise, l’emploi a progressé de plus de 6 % en Picardie. Soit un total de 686 300 emplois et une hausse de 40 600. « Ce travail a trois objectifs, explique Yvonne Pérot, la directrice de l’Insee Picardie. Premièrement, de compléter les analyses déjà réalisées depuis longtemps sur l’évolution de l’emploi sur le territoire picard. La période analysée se situe avant la crise, elle apporte des connaissances utiles. Elle permettra de poser des hypothèses dans les travaux que nous allons par la suite réaliser. Ce travail nous éclaire aussi sur l’accessibilité des emplois. »

Six secteurs porteurs
Six secteurs ont particulièrement porté la croissance : l’hébergement médico-social, social et l’action sociale sans hébergement, la construction, les activités liées à la santé, l’hébergement-restauration, les autres activités de services, les activités financières et d’assurance. Les activités porteuses ont progressé davantage dans les zones où elles étaient déjà bien implantées : Amiens, Chauny ou Abbeville. Elles ont permis de réduire le chômage : -4 % sur Amiens, – 3,1 % sur Chauny/ Tergnier/ La Fère, -5,1 % sur Abbeville.
Les activités en déclin sont l’industrie chimique, la fabrication de produits en caoutchouc et plastique, la métallurgie, la fabrication de machines et équipements, le travail du bois associé à l’industrie du papier et l’imprimerie, les autres industries manufacturières.
La population active picarde est attirée vers les zones à faible chômage, proches de la région parisienne comme Château-Thierry, Compiègne, le Sud-Oise, le Santerre-Oise. De l’autre côté du graphique, on retrouve les zones de Thiérache et de Saint-Quentin. Les emplois se concentrent dans les zones de grande taille : Amiens, Abbeville, Compiègne, le Sud-Oise…

Accessibilité
Reste que les emplois porteurs riment souvent avec accessibilité. Le CETE a en effet montré que 72 % de ces emplois sont situés à moins d’une heure du domicile, en voiture comme en train. Les pôles de Chauny/Tergnier, le Santerre-Somme, la Thiérache et le Vimeu souffrent d’un potentiel d’emplois insuffisant et de la plus forte dépendance à l’automobile.
En Thiérache, entre 1999 et 2008, 420 emplois se sont créés sur la zone d’emploi et 18 966 dans des secteurs voisins. Ces emplois sont cependant difficilement accessibles : 19,7 % des foyers du secteur ne possèdent pas de véhicule. Il n’est donc pas étonnant que la Thiérache, Saint-Quentin et Chauny soit en tête du peloton national pour le taux de chômage.
Le sud de l’Oise, lui, est beaucoup plus gâté grâce à sa proximité avec l’Ile-de-France. Le potentiel d’emplois y est important. Il dispose en effet d’une bonne déserte TER. La gare de Creil est fréquentée par 20 000 voyageurs par jour et elle assure 15 relations. « Il faut trouver un équilibre entre déplacement et gain de travail, explique Patrick le Scouëzec, de l’Insee Picardie. En Ile-de-France, la moyenne des salaires est supérieure aux autres régions. »
Comme le démontre cette étude, si l’on veut trouver du travail, il faut avoir ou se donner les moyens de bouger…