Conjoncture

Insee : une économie 2020 marquée par la crise sanitaire dans les Hauts-de-France

La démographie et l'économie régionales ont été très impactées par la crise sanitaire de 2020, selon les dernières publications de l'Insee. Mais les chiffres, sur le plan économique, sont tout de même plus encourageants qu'au niveau national et indiquent une reprise progressive dans les prochains mois.

Tous les indicateurs sont au vert et semblent annoncer une reprise progressive en 2021. (c)AdobeStock
Tous les indicateurs sont au vert et semblent annoncer une reprise progressive en 2021. (c)AdobeStock

« Cela a été un choc mais peut-être moins que dans d'autres régions françaises, compte-tenu de la structure de notre économie », résume Jean-Christophe Fanouillet, directeur régional de l'Insee, en évoquant la crise sanitaire de 2020, au cœur des dernières publications de l'Insee présentées le 8 juillet lors d'une visioconférence.

Comme partout ailleurs, l'activité a été très fortement ralentie en Hauts-de-France lors du premier confinement. Le nombre d'heures rémunérées a ainsi baissé de 33% en avril 2020. « Les secteurs les plus touchés ont été l'hébergement-restauration, la construction et les transports. Le trafic aérien a baissé de deux tiers et le nombre de véhicules immatriculés d'un tiers durant cette période », note Noémie Cavan, chef de projet à l'Insee.

Les secteur de l'industrie et de la construction ont été moins impactés durant le second confinement, plus souple au niveau des restrictions. En novembre et décembre, l'activité a ainsi diminué de -7,2% et -4,4%.

Le tourisme très impacté

La crise a aussi eu un impact sur les marchés agricoles où une baisse de la production de céréales, de betteraves, de lait et d'abattage de porcs a été constatée, entraînant une hausse du prix du blé, de la vache de réforme et une baisse du prix du sucre, du lait et du porc charcutier.

Le marché de l'immobilier, en particulier celui du logement neuf, a connu lui aussi de grandes difficultés en 2020. « Les mises en chantier ont diminué de -12% et les permis de construire de -7,2% sur l'année », indique Noémie Cavan. Le secteur touristique est celui qui a sans doute été le plus touché par la crise : le nombre de nuitées dans les hôtels a chuté de -46% et celui des nuitées en camping de -21% par rapport à 2019. « Le soutien de la clientèle résidente n'a pas suffi à compenser la baisse de fréquentation nationale et internationale ».

Une baisse de l'emploi

L'emploi a lui aussi reculé partout dans la région (-0,6%), « sauf dans le département du Nord, le seul à avoir réussi à stabiliser son nombre de salariés », affirme Noémie Cavan. A contrario, c'est l'Aisne qui subit le plus la crise avec une perte de 3 270 emplois, soit une baisse de 2,2%. Les secteurs les plus concernés sont l'industrie et le tertiaire marchand hors intérim.

L'emploi intérim s'est quant à lui maintenu malgré la crise et a même connu un léger rebond au deuxième trimestre. En 2020, alors que l'intérim connaît une baisse de 5,3% en France, il augmente de 1,1% dans la région. « Le secteur a retrouvé son niveau d'avant crise dans la région, notamment grâce au service marchand », ajoute la cheffe de projet.

Un record pour la création d'entreprise

Comme partout ailleurs en France, la région enregistre un nouveau record en termes de créations d'entreprises (+5,4%) malgré le contexte économique. « Cette dynamique est portée par les micro-entreprises, qui ont bondi de 12%, principalement dans les services de livraison à domicile et dans la vente à distance. » Les défaillances d'entreprises connaissent elles aussi une baisse record cette année grâce aux dispositifs d'aide de l'État : -39% par rapport à 2019.

En se basant sur les chiffres du premier trimestre ; l'Insee s'est également penchée sur les prévisions pour 2021. « Depuis début mai, tous les indicateurs semblent aller dans le sens d'une reprise progressive. Une résurgence de l'épidémie n'est pas exclue mais tous les spécialistes s'accordent à dire qu'elle n'aurait pas d'impact sur l'activité économique », conclut Jean-Christophe Fanouillet, qui estime que « la France pourrait retrouver son niveau d'avant crise à la fin de l'année ».

La démographie fortement impactée par la crise

Avec 12 000 habitants en moins en un an, la région enregistre une baisse de 0,2% (contre une hausse de 0,2% au niveau national) et passe sous la barre symbolique des 6 millions. « Tous les départements sont concernés, sauf l'Oise. La baisse la plus marquée a été constatée dans l'Aisne, qui perd 3 000 habitants », précise Delphine Léglise, adjointe au chef de service à l'Insee Hauts-de-France.

Une situation qui s'explique par le baisse du nombre de naissance (moins 1 600 en un an), une hausse exceptionnelle des décès (+11%) liée à l'épidémie de Covid-19 et à un épisode caniculaire en août 2020, mais aussi par un déficit migratoire causé par un manque d'attractivité. « Il y a plus de départs que d'arrivées », note l'experte. L'espérance de vie connaît par ailleurs un recul historique avec -1 an chez les hommes (76,6 ans) et -9 mois chez les femmes (83,1 ans).