La colère a grimpé dans les échafaudages

Les charges des artisans et des petites entreprises du bâtiment se sont alourdies en 2012.
Les charges des artisans et des petites entreprises du bâtiment se sont alourdies en 2012.

 

Les charges des artisans et des petites entreprises du bâtiment se sont alourdies en 2012.

Les charges des artisans et des petites entreprises du bâtiment se sont alourdies en 2012.

Chez les économistes jadis la formule était célèbre : « Quand le bâtiment va tout va. ». Mais aujourd’hui, c’est l’inverse de cette formule qui tient lieu de bulletin de santé. Rien ne va plus parmi les petites entreprises et les artisans du bâtiment. « Les prévisions inquiétantes que nous avons faites se sont réalisées », a déclaré récemment Patrick Liébus, le président national de la Capeb (confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment). « La situation est maintenant des plus graves et 2013 n’annonce rien qui vaille », a-t-il insisté. Car l’activité économique des entreprises de la Capeb (qui en dénombre 380 000 employant moins de 20 salariés) a marqué un sérieux recul de 2,5 % au quatrième trimestre 2012. Et le président national de s’alarmer plus encore : « La chute de notre activité s’accélère, sans aucun espoir de reprise. Pour éviter le pire, nous attendons un signal politique fort, notamment pour ce qui concerne la construction de 500 000 logements neufs et la rénovation énergétique de 500 000 logements existants, construction et rénovation annoncées par le gouvernement. »
Le 18 janvier, à l’appel de la Capeb, les artisans et les chefs des petites entreprises du bâtiment ont bloqué des carrefours stratégiques partout en France pour communiquer aux automobilistes leur colère. A Soissons, à Lao, à Saint-Quentin, à Compiègne, à Beauvais, à Roye ou à Amiens, les professionnels de la Capeb se sont mobilisés « pour alerter les autorités sur la situation critique dans laquelle se trouve leurs activités et pour protester contre le traitement injuste dont ils sont l’objet. »

Trésoreries exsangues
Le bâtiment en Picardie totaliserait plus de 36 000 salariés permanents. Cette situation s’est détériorée en 2012 : « En glissement, les effectifs reculent de 2,3 % en Picardie, de 5,6 % dans l’Aisne, de 0,05 % dans la Somme et de 2,7 % dans l’Oise. »
Dans l’Aisne, la Capeb, dont le président départemental José Faucheux est aussi le président régional, réunit 800 ateliers d’artisans et petites entreprises du bâtiment qui totalisent quelque 2 000 emplois. «Les artisans en ont assez des belles paroles et veulent des actes concrets, a expliqué José Faucheux pour traduire la colère de ses adhérents. Ils se battent chaque jour pour garder leurs salariés et faire face à leurs échéances alors que les délais de paiements sont intenables, leurs trésoreries exsangues et les banques absentes.»
Et José Faucheux d’affirmer à son tour « que les artisans du bâtiment ont perdu sur tous les tableaux en 2012 » : alourdissement de leurs charges et de leurs cotisations sociales, gel de leurs seuils d’imposition, augmentation de la cotisation foncière des entreprises CFE, etc.

Exclusion des autoentrepreneurs
Le président régional de la Capeb dénonce de surcroît la concurrence, jugée déloyale, des auto-entrepreneurs, mais également le travail dissimulé et les entreprises pratiquant le low-cost et ne respectant pas la législation française. Et il enrage aussi contre les faits « que les petites entreprises ont été tenues à l’écart des mesures d’aides, qu’elles ne sont pas représentées au conseil d’administration de la Banque publique d’investissement (BPI) et que plus de 202 000 artisans sans salariés sont exclus du crédit d’impôt compétitivité emplois (CICE). »
En Picardie, comme partout en France, la Capeb, redoutant les faillites et les licenciements, réclame l’application d’une TVA à 5 % et le lancement d’un plan national de rénovation de plus de 500 000 logements.
La Capeb réclame en outre l’exclusion du bâtiment des auto-entrepreneurs, la défense accrue du principe « mêmes droits, mêmes devoirs pour tous » (renforcement des contrôles administratifs sur les chantiers) et un représentant au conseil d’administration de la BPI.