L’analyse des sols sur les ordinateurs des agriculteurs

La chambre d’agriculture de l’Aisne a recruté un jeune ingénieur chargé du projet "Conseil assisté par les nouvelles technologies de l’information en agriculture" (Cantia), appliqué à la carte des sols. L’ingénieur a déjà mis en ligne quelque 720 000 hectares de surfaces agricoles et forestières. Les agriculteurs axonais vont pouvoir consulter cette carte interactive sur ordinateur, un outil qui leur permettra de consulter des analyses immédiates concernant la nature du sol de leurs champs, qui plus est compréhensibles par tous.

Il a fallu des milliers de prélèvements dans le département pour aboutir à une carte des sols exhaustive.
Il a fallu des milliers de prélèvements dans le département pour aboutir à une carte des sols exhaustive.

 

Antoine Phelippeau est l’ingénieur chargé de la réalisation de Cantia-Sol à la chambre d’agriculture de l’Aisne.

Antoine Phelippeau est l’ingénieur chargé de la réalisation de Cantia-Sol à la chambre d’agriculture de l’Aisne.

Entre 1958 et 1978, le service cartographique de la chambre d’agriculture de l’Aisne avait réalisé plus d’un million de prélèvements de sols. Il s’agissait d’en dresser des cartes géologiques, indispensables à l’agronomie moderne.
Ce travail considérable d’analyse, qui mobilisa 120 personnes, a abouti en 1988 à la publication de 64 cartes des sols, des cartes en couleur et au 1/25 000e, que les agriculteurs de l’Aisne peuvent encore consulter à la chambre d’agriculture de l’Aisne.
Mais ces cartes, bien que très précises et numérisées depuis douze ans, sont complexes à lire et à interpréter pour qui n’est pas familier des sciences géologiques et agronomiques. Aussi, à l’heure d’Internet, qui a pénétré toutes les exploitations agricoles du département de l’Aisne, fallait-il permettre aux agriculteurs un accès simple, efficace et immédiat à la carte numérisée des sols.

Pas d’erreurs d’interprétation
Désormais, ils n’auront plus à analyser euxmêmes, parfois non sans mal, les données techniques des anciennes cartes. En pointant sur la carte en ligne, ils obtiendront des définitions précises sur le sol de leur exploitation. C’est la réalisation du projet Cantia-Sol, la carte des sols interactive.
Participent à cette réalisation de la chambre d’agriculture de l’Aisne (un coût évalué à 100 000 €) le laboratoire départemental d’analyses et de recherche (LDAR) de l’Aisne (conseil général), l’institut du végétal Arvalis, l’Institut technique de la betterave (ITB), l’institut polytechnique LaSalle-Beauvais et le Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre (Cetiom). « L’objectif, c’est que les exploitants s’informent directement sur le type de sol qu’ils cultivent, explique Antoine Phelippeau, le jeune ingénieur chargé de Cantia-Sol à la chambre d’agriculture de l’Aisne. C’est très important pour ne plus commettre d’erreurs d’interprétation dans le dosage des engrais azotés nécessaires à chacune de leurs parcelles. »

Il a fallu des milliers de prélèvements dans le département pour aboutir à une carte des sols exhaustive.

Il a fallu des milliers de prélèvements dans le département pour aboutir à une carte des sols exhaustive.

Un exemple en Thiérache
L’ingénieur a déjà mis en ligne 95 % des 720 000 hectares de surfaces agricoles et forestières de l’Aisne. La carte, qui sera complètement dressée en fin d’année, définit 27 types de sols, les plus répandus dans l’Aisne étant les limons argileux profonds. Pour chaque pointage précis, la carte renseigne immédiatement l’agriculteur sur la texture du sol (argile, limon et sable), le type et la profondeur du substrat géologique, les teneurs en calcaire et en pierre (que les scientifiques appellent la pierrosité), le drainage naturel (l’hydromorphie). Pour l’heure, les bénéficiaires de Cantia- Sol doivent disposer des outils informatiques du service de la gestion parcellaire de la chambre d’agriculture de l’Aisne.
Les exemples sont nombreux sur l’intérêt que les agriculteurs axonais portent maintenant à la réalisation de Cantia-Sol. David Schumers, 45 ans, exploite en Thiérache une ferme de polyculture et d’élevage laitier de 180 hectares. Un problème le chagrine depuis longtemps sur son parcellaire : il ne peut labourer ses parcelles plantées d’engrais verts (les intercultures) qu’à la mi-novembre.
Telle est la directive que la politique agricole commune (PAC) lui impose. Or, ses champs étant riches en silex, il pourrait les retourner bien plus tôt et gagner en efficacité agronomique. Mais il lui faut obtenir une dérogation pour ce faire. « Et pour cela, l’analyse préalable de mes sols est indispensable, précise-t-il. Cantia-Sol va m’être très profitable. »