M comme Miel, la miellerie locale aux saveurs de l'Oise !

C'est une nouvelle miellerie qui s'est installée dans le sud de l'Oise, à Lamorlaye. Tenue par deux apiculteurs passionnés et raisonnés, la miellerie a sorti ses premières productions. Un succès qualitatif qui met en avant les essences locales, à l'instar du tilleul, cet arbre rustique emblématique du département. M comme Miel, c'est avant tout un moment gustatif sans comparaison et un achat responsable... respectant les abeilles et plus largement, la biodiversité.


M comme Miel, une mieillerie à Lamorlaye. (c)DR
M comme Miel, une mieillerie à Lamorlaye. (c)DR

Leur passion et leur amour pour la nature et les abeilles se sentent jusqu'au goût du miel qu'ils produisent. Stéphane Hottebart - apiculteur confirmé de l'Oise - et Jean-Baptiste Vial - apiculteur amateur devenu professionnel - ont lancé M comme Miel, il y a deux ans à Lamorlaye, et ont récolté leurs premiers miels. Celui d'été - multifloral -, celui de tilleul et enfin, unique en son genre dans le secteur, celui de sarrasin, produit en collaboration avec un agriculteur de l'Oise.

Une première production réussie, présageant de belles perspectives d'avenir. « Nous avons fait une saison d'une qualité exceptionnelle mais avec une petite production, explique Jean-Baptiste Vial. C'est normal, nous venons de nous lancer et certains paramètres ne seront plus à faire l'année prochaine. » S'ils ont réussi le miel de tilleul à la perfection, le succès du miel de sarrasin reste remarquable, car surtout produit en Bretagne : les deux apiculteurs de l'Oise ont prouvé que c'était possible dans le département.

Stéphane Hottebart et Jean-Baptiste Vial, le deux apicutleurs. (c)DR

Mais cette passion s'étend aussi dans la pratique. Conscients de l'importance de la biodiversité, les deux associés sont responsables. « Si on est apiculteur, c'est qu'on est avant tout défenseur de la nature, précise Jean-Baptiste Vial. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux sont militants. Notre objectif n'est pas de produire à outrance mais avant tout de maintenir la colonie en vie et de veiller à sa bonne santé. »

D'ailleurs, si Stéphane Hottebart n'est pas novice dans ce métier, le parcours professionnel de Jean-Baptiste Vial témoigne de cette quête de sens. Ancien collaborateur chez Coca-Cola, ancien chef d'entreprise, et ancien collaborateur dans le secteur de l'informatique, sa passion pour les abeilles et le miel a totalement rempli sa vie. « C'est une activité qui a du sens, raconte-t-il. C'est un produit incroyable aux vertus fabuleuses. Et le goûter est un plaisir incomparable ! »

La qualité avant tout

À n'en pas douter, le sud de l'Oise est un terrain propice à la production de miel, tant les plaines et les forêts abondent, proposant une grande variété de fleurs et de nectars aux abeilles. Et non loin de là, avec leurs 80 ruches (une ruche rassemble 5 à 6 000 abeilles en hiver et 50 à 60 000 en été), les deux apiculteurs s'épanouissent à produire du miel de qualité, au détail près. « Nous produisons un miel qui se cristallise, ce qui est un procédé naturel, explique l'apiculteur. Le miel n'est pas chauffé, il garde sa qualité naturelle. » Dans la même dynamique, aucun produit chimique n'est appliqué et un seul médicament est utilisé (celui contre le Varroa, l'acarien de l'abeille).

Les ruches de M comme Miel. (c)Dr

Une aubaine pour les amateurs de miel : ici, le miel est local aux qualités nutritives réelles, avec un goût unique. « 90% des pots de miel vendus en grande distribution ne sont pas clairs sur leur provenance, note-t-il encore. Et la plupart du miel est fabriqué en Chine, où il y a le plus de fraude. Comme un miel fabriqué artificiellement, sans abeille, avec des arômes rajoutés. » D'où l'importance de consommer du miel local. Et la qualité trouvée est telle qu'ils envisagent d'installer 200 ruches d'ici 2025.

Si pour l'heure une boutique n'est pas envisagée, on peut bientôt retrouver M comme Miel au cinéma de Chantilly et chez le fleuriste Les Fleurs de Condé mais aussi à Lamorlaye, à L'Atelier du Plateau et chez le primeur, Le Cri du radis. « Des lieux disruptifs, sourit Jean-Baptiste Vial. Par exemple, on peut offrir des fleurs et du miel. Et trouver du miel chez un fleuriste, finalement, ce n'est pas si illogique ! » Une demande de miel sur la page Facebook de la miellerie peut également être faite.

Un miel de la région qui gagne à être connu

Pour cette première production de miel, le deux apiculteurs sont aussi fiers de représenter le terroir. « C'est une région favorable aux apiculteurs, note Jean-Baptiste Vial. Car on peut produire un miel d'exception, savoureux, grâce à la biodiversité et les nectars que l'on possède mais surtout aux essences locales. » Acacia, fleurs variées, mûriers, châtaigniers, baies et surtout le tilleul, qui s'étend largement.

S'il n'est pas assez connu et reconnu, le miel des Hauts-de-France, et de l'Oise, se distingue pourtant. « On a aussi la chance de ne pas trop être impactés, dans le sud de l'Oise, par les agricultures néfastes, qui ne sont pas bonnes pour l'environnement et qui fragilisent aussi les abeilles », précise encore l'apiculteur. Et pour cette miellerie, la spécialité est assurément un miel monofloral, le miel de tilleul. Pour ce faire, la transhumance a été utilisée : 50 ruches ont été déplacées au cœur de la forêt de Chantilly, une zone plus mellifère, pour optimiser la production de miel, sans que cela perturbe les abeilles.

Un miel local. (c)

Une réussite qui pousse M comme Miel - soutenue par Oise Initiative, l'Aire Cantilienne et l'Europe à travers le programme Leader du Parc naturel Oise/ Pays de France - à s'exporter. « Nous pensons que ce miel de la région est une vraie richesse et c'est une façon de mettre en avant le terroir de la région », explique l'apiculteur. Avec comme projets de produire un miel moins oxydé, donc d'une plus grande qualité, mais aussi de se diversifier (pollen, cire, gelée royale...).

Pour autant, ces projets restent fragiles tant la production de miel dépend de la météo, des changements climatiques, des maladies. « L'élasticité de la production est gigantesque, précise Jean-Baptiste Vial. Une ruche peut produire de 0 à 130 kg de miel par an. »

Sensibilisation et partenariats

Enfin, cette miellerie se veut être un endroit de prise de conscience. Des actions de sensibilisation s'organisent avec des lycées, comme celui de Saint-Vincent à Senlis, pour faire connaître cet univers fascinant tout en défendant la biodiversité, avec ces apiculteurs qui « touchent du doigt l'écologie » tout en « étant les premiers observateurs du réchauffement climatique ».

Dans cette même dynamique, M comme Miel s'implique dans le monde des entreprises, ouvertes à une démarche RSE. Installation de ruches au sein des structures, parrainage d'une ruche ou encore cadeaux d'entreprise... Tout est possible pour faire grandir cette miellerie locale - qui cherche encore des emplacements pour tester les ruchers - aux saveurs du territoire.