À Compiègne, Sevira Kids taille plus grand

C’est une bonne nouvelle pour le compiégnois : après une décennie d'entreprenariat persévérant et judicieux, le couple Virapin (Gounashankar et Pétra) développe la production française de sa marque de produits vestimentaires pour enfants. Point d’étape après quelques mois de relocalisation de production à Compiègne.

Sevira Kids a décidé ces derniers mois de fabriquer ses produits à Compiègne. (© Sevira Kids)
Sevira Kids a décidé ces derniers mois de fabriquer ses produits à Compiègne. (© Sevira Kids)

C’est l’histoire du distributeur qui devient producteur. Une aventure débutée, il y a plus d’une décennie, par Pétra Virapin en utilisant Amazon pour vendre du textile pour enfant, comme des milliers d’autres particuliers qui s’invitent sur des market place. Mais l’affaire marche si bien qu’avec son mari Gounashankar, elle prend le pli d’un développement ultra rapide.

C’est ainsi que naît, en 2013, l’entreprise Sevira Kids, spécialisée dans la création et la vente d'articles de puériculture. Pendant sa première décennie, cette nouvelle marque fait faire en Europe : Pologne, Portugal, Espagne… La chaîne de logistique se tendant pendant la période Covid (et perdurant depuis le conflit ukrainien) les amène a sauter le pas : miser sur le Made In France.

Une relocalisation à Compiègne

À l’occasion du lancement de leur nouvelle collection nommée « Jeanne » (en référence à Jeanne d’Arc passé par Compiègne), le couple a cherché à construire dans la zone d’activité de Margny-les-Compiègne. Devant le doublement du budget d’une construction, ils ont préféré louer un atelier à Compiègne et investir dans des machines et embaucher : « les hausses des prix faisaient passer le projet de un à deux millions d’euros », raconte Gounashankar Virapin.

Pour autant, il faut bien suivre la production qui continue d’enfler. « On a aujourd’hui 2 500 références », assure Pétra Virapin. Dont des articles qui incluent des fabrications à l’étranger et d’autres traités en négoce. « On a 17 canaux de ventes en ligne aujourd’hui. Amazon n’est pas le plus important ; il y a la Redoute, Maisons du monde, d’autres market place plus spécialisés, ajoute la dirigeante. Au fil des années, on a intégré des stylistes dans nos productions pour monter en qualité, réaliser des produits plus élaborés. On propose des jouets avec des marques qui ont nos valeurs. Des choses qu’on n’achète pas ailleurs ».

L’entreprise compte 2 500 références, dont des articles qui incluent des fabrications à l’étranger et d’autres traités en négoce. (© Sevira Kids)

L’expérience du distributeur allié à l’agilité d’une production française

Le virage, c’est le confinement. Les client(e)s sont derrières leurs écrans et les ventes s’envolent. « Ça a été un virage à 180 degrés, c’est vrai. Mais il n’y a pas que le chiffre, il y a aussi les comportements. Les gens ont choisi aussi les petits commerçants, les locaux. Pour nous, tout vient d’ici mais la production n’y était pas », raconte encore la cadre. Sur les market place, le panier moyen est d’environ 60 euros. Chez Sevira, c’est le double. « On a approfondi nos gammes. Quand une famille fait une chambre pour un bébé qui arrive, une seule marque peut suffire », argumente-t-elle. Dans son atelier de 200 m², la place commence à manquer. La première couturière arrive avec sept machines. Le couple investit sur ses fonds et produit désormais 80% de ses produits en France. Sevira Kids noue des partenariats avec des magasins, intègre différents réseaux. L’entreprise a facturé 300 000 euros en 2018, puis 440 000 en 2019. Et 1,2 million l’an dernier. De quoi continuer à investir pour suivre la demande.

De quatre salariés en 2021, Sevira Kids est passé à 13 l’an dernier. « C’est surtout grâce à eux qu’on y arrive », souffle Pétra Virapin. On veut personnaliser. 100 % conception avec le client ». Pour ces français originaires de l’étranger (elle est d’origine slovaque et lui d’origine indienne), le Made in France donne de la latitude et évite certains inconvénients. « le Made in France, c’est la rapidité : prototype sur place, optimisation du tissu, qualité… C’est de l’artisanat. À l’étranger, on est obligé de payer tout d’avance », plaide-t-elle encore. D’autres machines arrivent pour faire du rembourrage ; le couple cherche une machine de garnissage. « On ne peut pas se permettre d’avoir une machine en panne. On a quelques machines en double, en triple. On s’équipe », résume Gounashankar Virapin. De quoi assurer la future production compiégnoise de Sevira Kids.