Amiens : dans les coulisses du Tour de France

L'arrivée de la cinquième étape du Tour de France avait lieu à Amiens le 8 juillet. Dès le lendemain, les coureurs repartaient d'Abbeville. Une course contre la montre pour les équipes techniques qui gèrent toute la logistique de l'événement.

André Greipel a remporté la cinquième étape, suivi de Peter Sagan et de Mark Cavendish.
André Greipel a remporté la cinquième étape, suivi de Peter Sagan et de Mark Cavendish.
André Greipel a remporté la cinquième étape, suivi de Peter Sagan et de Mark Cavendish.

André Greipel a remporté la cinquième étape, suivi de Peter Sagan et de Mark Cavendish.

Une ville fantôme. Voilà à quoi ressemblait Amiens au matin du mercredi 8 juillet, quelques heures avant l’arrivée de la cinquième étape du Tour de France reliant Arras à la capitale picarde. Plus aucune voiture, quelques rares piétons le long des boulevards fermés à la circulation. Le calme plat. Sauf pour les équipes du village technique installé tout près du Cirque Jules Verne, qui grouille comme une fourmilière. Environ 120 camions de 38 tonnes y sont parqués. Pas facile de s’y frayer un chemin, tant les câbles sont nombreux. « Il y a environ 65km de câbles sur la zone, dont une douzaine rien que pour Orange », précise Benjamin Dooze, coach chez l’opérateur. Partenaire officiel de l’événement, Orange est en charge des télécommunications pour assurer son fonctionnement et sa diffusion médiatique à travers le monde. L’équipe se compose d’une quarantaine de techniciens, tous en effervescence. « Que ce soit ici ou sur les Champs-Élysées, la qualité de service est la même, nous n’avons pas le droit à l’erreur », poursuit Benjamin Dooze. « L ‘évolution des médias a amplifié les débits. Même un journaliste de presse écrite doit maintenant filmer, photographier et mettre tout ça très rapidement en ligne. Il faut donc sans cesse innover pour être à la hauteur », note Henri Terreaux, directeur des équipes techniques d’Orange Events.

Un enjeu financier

Au pôle commentateurs, 20 journalistes TV et 20 radio débriefent en direct la compétition. Dans la salle de presse installée sur la glace de la patinoire du Coliseum, 400 places assises sont réservées aux journalistes de presse écrite du monde entier pour leur permettre de travailler dans les meilleures conditions possibles. Réseau haut débit, prises électriques, écrans pour suivre la course et d’autres pour interviewer en direct les coureurs à l’arrivée grâce à un système de caméras et de micros embarqués. Au service photo, la fibre a été déployée pour permettre aux photographes d’envoyer de manière très rapide et fiable leurs clichés à leurs rédactions respectives. « Il faut aller très vite car il y a un enjeu financier important pour certains. Les photographes de l’AFP par exemple doivent se dépêcher pour pouvoir vendre leurs photos aux différents médias », explique Benjamin Dooze. Une véritable prouesse technique pour les équipes de l’opérateur qui doit s’adapter à chaque nouvelle ville. « À Amiens, nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières. C’est plus compliqué dans les zones montagneuses, où les camions sont sur plusieurs niveaux, il faut donc installer des relais », décrit Henri Terreaux. « Nous dormons très peu pendant les trois semaines. Dès la fin de l’arrivée il faut tout décâbler et reprendre la route. Le lendemain dès 5 heures, nous avons deux heures pour tout réinstaller », poursuit celui qui décrit le Tour de France comme un « défi sportif et humain ».

3,9 millions de téléspectateurs

Même pression pour les équipes de D. R. France Télévisions, diffuseur hôte de la compétition. « Nous produisons des images qui sont reprises par les chaînes du monde entier et n’avons donc pas le droit à l’erreur », précise un représentant du groupe qui mobilise 600 personnes, prestataires compris (comme Euromedia), sur le Tour de France. Chaque jour, 3,9 millions de téléspectateurs suivent le direct de France 2, soit une part d’audience moyenne de 38,7%. De très beaux scores réalisés grâce aux moyens techniques déployés : deux cars de production, un pour les émissions, une grue pour recevoir les images, deux hélicoptères. Une mécanique bien huilée où l’improvisation n’a pas sa place, comme l’explique Stéphane Boury, commissaire général en charge des arrivées chez ASO (Amaury sport organisation) : « Nous faisons les repérages un an à l’avance. Dès que le Tour sera fini nous travaillerons sur la prochaine édition. Pour les spectateurs, cela dure trois semaines mais pour nous ça ne s’arrête jamais. » La plus grosse crainte des organisateurs, c’est la météo. Une nacelle qui bouge à cause du vent, c’est le risque d’avoir une mauvaise réception. Un risque auquel seront probablement exposées les équipes au départ du Tour en 2016 puisque celui-ci se fera de la Manche.