BSL Pipes & Fittings : de Génoyer à Mutares

Une nouvelle page pour l’usine BSL Pipes & Fittings, à Billy-sur-Aisne près de Soissons : le groupe Génoyer, qui la possédait depuis cinq ans, vient de la céder à un “fonds de retournement” allemand.

BSL fabrique notamment des tuyaux pour l’industrie pétrolière.
BSL fabrique notamment des tuyaux pour l’industrie pétrolière.
BSL fabrique notamment des tuyaux pour l’industrie pétrolière.

BSL fabrique notamment des tuyaux pour l’industrie pétrolière.

A priori, l’information est accueillie de façon positive ici par les 95 salariés. Le groupe Génoyer a du recapitaliser deux fois la société en cinq ans, faute de succès du business-plan de l’époque. Manque d’investissement, machines anciennes, beaucoup de pannes… Un seul investissement conséquent, la RG4, une scopie, permettant de radiographier en direct les soudures et raccords sans passer par l’intermédiaire du film. Génoyer a décidé au printemps de se séparer de l’ensemble de ses usines (SBS à Sail-sous-Couzan dans la Loire, RTI à Vasselay dans le Cher, TTB à Verberie, et BSL Pipes & Fittings), ne conservant qu’un site en Roumanie.

Un maintien sous perfusion

Les délégués syndicaux, Thierry Doyen et Sylvain Josse, sont toutefois reconnaissants au groupe Génoyer, qui, « malgré cinq ans de pertes et une ardoise de 20 millions qui a coûté leur place à ses deux cadres dirigeants, a cru en BSL et a apporté son aide financière. Dans cette vente, le groupe aurait pu se désintéresser de l’avenir de BSL et nous vendre dans d’autres conditions plus problématiques. »

Le vendeur a contacté neuf repreneurs, retenant au final celui présentant le meilleur projet industriel et non un “dépeceur” comme l’on a pu en rencontrer ailleurs. Le personnel a été informé régulièrement. Mutares AG est une holding allemande qui « acquiert des petites et moyennes entreprises avec l’objectif d’augmenter durablement leur valeur en coopérant avec leurs équipes dirigeantes et leurs employés. Notre succès est fondé sur la réalisation de toutes les améliorations potentielles le long de la chaîne de valeur, augmentant ainsi la rentabilité des sociétés. »

Deux actionnaires personnes physiques, un Allemand, et un Anglais, en détiennent 80%, le solde étant en bourse à Francfort. Mutares a déjà acquis plusieurs sociétés en France, dont Grosbill (site Internet de vente), ou EUPEC (habillage de tubes, activité connexe à celle de l’unité locale). Depuis sa reprise, le chiffre d’affaires d’EUPEC a été multiplié par trois. À Billy, Mutares envisage 10 millions d’euros d’investissements sur trois ans. Les nouveaux patrons, Robin Laik et Axel Geuer, l’affirment : « Nous sommes avant tout des entrepreneurs, nous sommes là pour développer. »

Une histoire à écrire

L’achat a été signé le 31 août, dès le lendemain une phase d’observation et d’analyse a été lancée, en s’appuyant sur le personnel de l’entreprise. Le business-plan se présente bien mais reste à confirmer. L’entreprise doit notamment se diversifier (en fabricant des pièces assemblées par exemple), pour ne pas rester dans le domaine pétrolier/gazier. « Le pétrole a baissé de 60 à 40 dollars le baril, ce n’est pas sans risque », indique Frédéric Duprat, directeur du site, nommé par Génoyer en avril 2014 et confirmé par Mutares. « Il y aura des changements, une réorientation : nous avions besoin de nous restructurer », ajoute-t-il. « BSL reste reconnu pour son savoir faire, j’aimerais d’ailleurs que soient conservées ces trois initiales ! L’histoire reste à écrire, en réconciliant le financier et l’industriel. »

Les délégués syndicaux approuvent : « Il y a besoin de ces investissements. Onze départs volontaires en 2014, c’est autant d’expérience qui a quitté l’entreprise. » Direction et salariés sont déterminés à relever ce nouveau défi, ensemble.