Construction

De la Carrière du Clocher aux murs de Notre-Dame

La Carrière du Clocher, à Bonneuil-en-Valois (Oise), fournit depuis 1957 des pierres de taille aux particuliers comme aux entreprises de rénovation du patrimoine. Localisée à 30 mètres sous terre, la pierre a été repérée par le BRGM (Bureau de recherche géologique et minière) pour la rénovation de Notre-Dame de Paris.

Blocs de dix tonnes prêts à livrer. (c)Carrière du Clocher
Blocs de dix tonnes prêts à livrer. (c)Carrière du Clocher

De toutes les carrières qui ont servi à la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, aucune n’est encore en activité. L’Île-de-France regorge néanmoins de gisements de roche identique. La mission confiée par l’architecte des monuments historiques au BRGM a donc été de trouver la pierre calcaire la plus approchante pour remonter et rénover les murs endommagés par l’incendie.

Les pierres extraites de la Carrière du Clocher, à Bonneuil-en-Valois, ont ainsi été sélectionnées pour les caractéristiques techniques d’aspect, d’homogénéité, de porosité ou encore de compression. Elles conviennent parfaitement à la rénovation de certains murs. La commande ainsi passée devrait être finalisée en mai et livrée avant la fin de l’année.

Depuis 1957

La Carrière du Clocher est une entreprise familiale qui existe depuis 1957. Bruno Gauchy, avec son frère Christophe, représentent la troisième génération. « Notre-Dame est un chantier colossal. Pour chaque partie, il faut choisir une qualité particulière. Ainsi la pierre homogène, demi-dure et coquillée comme celle que nous avons ici convient bien aux murs. D’autres parties, comme les ornements et les gargouilles ou encore les dallages, nécessiteront une pierre dure ». Reflet de sa formation géologique progressive au jurassique au fond des océans, le calcaire est différent selon la profondeur, plus riche en coquillages dans certaines parties.

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Élément de balustrade pour la cathédrale de Beauvais.(c)Carrière du Clocher)

La pierre, un matériau d’avenir

La crise n’a en aucune façon affecté l’entreprise, à l’exception peut-être des premiers 15 jours du premier confinement qui ont été nécessaires pour s’organiser. « La pierre est un matériau naturel, brut et écologique, qui contrairement au béton, ne nécessite aucune transformation », précise Bruno Gauchy. Les pierres de taille extraites des carrières françaises entrent en concurrence avec les carrières du Sud de l’Europe, mais elles restent compétitives si on intègre les frais de transports.

Pour l’entreprise Gauchy, Notre-Dame est un contrat prestigieux mais ce n’est pas le seul puisque des pierres d’ici ont participé à la rénovation du château de Compiègne, des écuries de Chantilly, du château de Pierrefonds, de la cathédrale de Beauvais, du chantier Éole de l’Ouest parisien, et plus récemment encore au gros chantier de réfection de l’école d’État-major de Compiègne ou du château de Villers-Cotterêts. La pierre de taille du bassin parisien reste un matériau incontournable pour les promoteurs comme pour les particuliers.

Des kilomètres sous terre

La carrière s’enfonce dans les couches de calcaire du jurassique à 30 mètres sous la colline sur 40 kilomètres galerie. L’autorisation d’exploitation porte sur 200 hectares de surface foncière. Contrairement aux carrières à ciel ouvert où la colline est taillée sur toute la hauteur, la pierre de la Carrière du Clocher est extraite sur un même niveau en s’enfonçant sous la colline.

Des engins spécialisés taillent la roche en tranches - des bancs francs - de quatre mètres de haut et sept mètres de large séparés par des piliers, établis selon des règles de résistance mécanique précises. Une fois la commande signée, les divers intervenants devront passer pour repérer et délimiter les blocs. Un bordereau de débit sera établi avant que les pierres ne soient sciées.