Drôles de drones : une révolution qui tombe du ciel

Les drones révolutionnent le monde de la défense mais pas seulement, beaucoup d’autres domaines sont appelés à évoluer : l’audiovisuel, l’immobilier, et, bien sûr, l’agriculture.

L’oeil des drones peut montrer les richesses du patrimoine de Picardie mais aussi permettre de valoriser sa terre.
L’oeil des drones peut montrer les richesses du patrimoine de Picardie mais aussi permettre de valoriser sa terre.

La guerre des drones a déjà commencé. Ces petits avions télécommandés sont de plus en plus utilisés par les armées du monde entier. En 2008 durant les entraînements du 1er Régiment d›artillerie de marine de Laon, on avait pu observer des drones destinés au renseignement évoluer dans le ciel picard.
Mais ces curieux engins pilotés à distance sont appelés à métamorphoser aussi des secteurs civils. Diffusée le 11 décembre dernier sur France 3, l’émission Des Racines et des ailes consacrée au patrimoine de Picardie a fait la part belle aux étonnantes prises de vues de drones dans les cathédrales de Beauvais et d’Amiens. Ces appareils à huit retors de la société auvergnate Fabryc Picture sont montés jusqu’à 40 mètres au-dessus du sol pour filmer les trésors architecturaux des édifices (voûtes, rosaces, chapiteaux, etc.), d’habitude hors de portée des visiteurs.

Investir les airs pour mieux cultiver la terre

L’oeil des drones peut montrer les richesses du patrimoine de Picardie mais aussi permettre de valoriser sa terre.

L’oeil des drones peut montrer les richesses du patrimoine de Picardie mais aussi permettre de valoriser sa terre.

L’oeil des drones peut montrer les richesses du patrimoine de Picardie mais aussi permettre de valoriser sa terre. Avec des images ultra-précises et des capteurs sophistiqués, les drones constituent un sérieux atout pour les agriculteurs. Ces avions téléguidés fournissent des photos d’une résolution de l’ordre de quelques centimètres et ne souffrent pas des barrières nuageuses, contrairement à l’imagerie satellitaire qui produit elle des relevés précis à “seulement” dix mètres près. Les engins pilotés à distance peuvent analyser les plantations d’une grande exploitation, parcelle par parcelle, et permettre une meilleure utilisation des pesticides par exemple. En se focalisant sur les zones les plus touchées, l’exploitant agricole fait une meilleure utilisation de ces produits coûteux et pouvant être nocifs. On comprend mieux pourquoi le drone a été la star du Salon de l’agriculture de Paris en mars dernier. La start-up Airinov y a fait sensation avec sa dernière innovation : une aile volante pouvant être guidée par un agriculteur depuis sa tablette tactile. La jeune société avait été invitée en septembre 2013 à Lamotte-Brebière par la chambre d’agriculture de la Somme pour sa journée thématique “L’agriculture de précision au service de la fertilisation”, faisant même une démonstration aux participants.
Le potentiel des drones intéresse un géant du ciel bien connu. Airbus Defence and Space a en effet annoncé, avec Arvalis – Institut du végétal et Delta Drone, un nouveau programme d’essais cette année. L’objectif : mieux cerner les possibilités offertes par les drones à voilure fixe et à voilure tournante*. Ainsi, tout le potentiel des drones dans l’agriculture semble encore à explorer.

Une législation innovante, mais pénalisante ?
La France a été un des premiers pays à se doter d’un cadre juridique en matière de drones à savoir l’arrêté d’avril 2012 (rédigé par la Direction générale de l’aviation civile au titre d’une expérience de 18 mois**). Cette législation, très influencée par le “principe de précaution” (inscrit dans la Constitution depuis février 2005), réglemente l’usage de ces appareils, en particulier si le drone est muni d’un moyen de filmer ou de prendre des clichés. Sans oublier que son utilisation est strictement interdit à proximité d’un aérodrome ou de toute structure aéronautique pour des raisons évidentes de sécurité. Ce texte de 2012, bien que précurseur, est considéré comme très imprécis et trop restrictif par certains professionnels. Ces derniers attendent avec impatience sa révision qui devrait intervenir dans les prochains mois. Ces drones ont encore un coût relativement élevé, en particulier dans l’agriculture. Concernant l’observation, ils coûtent plusieurs dizaine d’euros par hectare, alors qu’il faut débourser environ huit euros par hectare pour des images satellitaires. Ce surcoût d’utilisation n’est pas accessible à toutes les exploitations. D’ici plusieurs années, on devrait voir de nombreux drones au-dessus de nos têtes et leurs coûts baisser, dans l’agriculture mais aussi dans d’autres secteurs. Déjà on compte en France à l’heure actuelle près de 350 entreprises dans ce domaine d’activités, dont 250 ont été créées ces 18 derniers mois !

*Les avions sont à voilure fixe, les hélicoptères, équipés de retors, sont eux à voilure tournante.
**http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte. docidTexte=JORFTEXT000025834953&dat eTexte&categorieLien=id