Économie circulaire : un levier important pour la création d'emplois

Dans le cadre d’une étude publiée en juin, l’Institut de l’économie circulaire (IEC) a souhaité s'interroger sur le potentiel d’emplois pour l’économie circulaire en France et mettre en évidence les mesures d’accompagnement nécessaires à cette transition.

L'économie circulaire fait la part belle au développement durable.
L'économie circulaire fait la part belle au développement durable.
L'économie circulaire fait la part belle au développement durable.

L'économie circulaire fait la part belle au développement durable.

Depuis quelques années, on assiste à une remise en cause structurelle du modèle économique dominant. La raréfaction des ressources naturelles, traduite par une hausse des coûts des matières premières et de l’énergie, force les acteurs institutionnels et économiques à reconsidérer le modèle économique linéaire. En France, la transition vers une économie circulaire apparaît aujourd’hui comme une nécessité permettant de renforcer l’économie française via l’optimisation de l’usage des ressources. Cela implique alors d’évoluer vers des activités plus durables, économisant la matière et l’énergie, et bénéficiant à l’emploi local.

Bénéfices liés à la transition vers l’économie circulaire

Pour disposer d’une vision exhaustive du processus de transition, il faut revenir sur les composantes opérationnelles du concept d’économie circulaire, identifiées par l’Ademe, (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Il en existe sept qui sont l’approvisionnement durable, l’écoconception, l’écologie industrielle et territoriale, l’économie de fonctionnalité, la consommation responsable, l’allongement de la durée de vie des produits et le recyclage/valorisation des déchets.

Le recyclage est le pilier de l’économie circulaire le plus facile à étudier du fait de son ancienneté et de son ancrage dans les territoires. Selon l’Ademe, la récupération des déchets représente 33 000 emplois, alors que l’utilisation des matières issues du recyclage en aval requiert 46 000 emplois additionnels. Ainsi, 79 000 emplois, en 2013, seraient donc directement liés à l’industrie du recyclage.

Selon l’agence, la composante « allongement de la durée de vie des produits », qui rassemble les activités de réemploi, de réutilisation et de réparation, comptait, en 2012, un total de 18 400 emplois équivalent temps plein (ETP), dont 14 200 pour les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) et 4 200 pour celles de l’occasion.

Toujours selon l’Ademe, le secteur de la réparation est déjà bien développé puisqu’il représentait, en 2012, environ 150 000 emplois, dont 100 000 pour l’automobile, pour un total de 85 000 entreprises.

Les activités pour la protection de l’environnement vecteur d’emplois

Autre pilier, l’approvisionnement durable, qui vise à assurer une exploitation plus durable des ressources naturelles, constitue un vecteur de création d’emplois important. D’après l’étude de l’IEC, l’ensemble des activités relatives à la protection de l’environnement (pollution de l’air, eaux usées, déchets, réhabilitation des sols…) et à la gestion des ressources (récupération, énergies renouvelables) représentait plus de 345 000 emplois, en 2011. Concernant, l’économie de fonctionnalité, l’écoconception ou l’écologie industrielle, il n’existe pas encore d’études approfondies pour évaluer précisément le nombre d’emplois existant au sein de chacun de ces secteurs. D’autres bénéfices peuvent être retirés de la transition vers l’économie circulaire à travers la qualité et la pérennité des emplois proposés.

Enfin, l’IEC souligne que l’économie circulaire, telle que définie par les sept piliers développés par l’Ademe, emploie déjà près de 600 000 personnes en France, soit plus de 2% de l’emploi total.

Des mesures d’accompagnement nécessaires

Toute transition doit nécessairement être soutenue et engagée par des politiques d’accompagnement. Dans ce contexte, la sensibilisation des acteurs locaux (collectivités, entreprises, associations, citoyens…) aux enjeux du territoire est essentielle. Le secteur public doit ainsi prendre toute sa place en soutenant des projets d’avenir (support technique, levée de certains freins réglementaires, subventions, achats publics ou allègements fiscaux) qui permettent de renforcer l’économie et de créer des emplois.

La formation aux nouveaux métiers de l’économie circulaire, qu’elle passe par l’enseignement supérieur ou la formation continue, est une autre mesure essentielle puisqu’elle vise à préparer la main-d’oeuvre nécessaire à la restructuration du modèle productif. Le soutien aux PME et la professionnalisation de certains secteurs de l’économie circulaire peuvent également permettre de pérenniser ou de créer des emplois.

Enfin, la communication, en jouant un rôle crucial dans la généralisation de bonnes pratiques, incite à assurer un meilleur retour des expériences d’économie circulaire réussies, à l’endroit des entreprises et des consommateurs.

Le Royaume-Uni mieux servi que la France

Aujourd’hui, la circularisation de l’économie française permettrait de créer 25 000 emplois. Un résultat négligeable par rapport au Royaume-Uni qui a identifié un potentiel de 517 000 emplois d’ici 2030. La raison pour l’IEC ?

Dans l’Hexagone, la remise en cause du modèle de production linéaire reste encore trop limitée. De surcroît, il n’existe pas, pour le moment d’études macroéconomiques cherchant à évaluer le potentiel global de l’économie circulaire en termes d’emplois en France.

En réponse, l’IEC recommande donc que l’on mène rapidement un travail prospectif plus complet qui permettrait de préciser les enjeux socio-économiques de la transition et d’activer les leviers favorisant une tendance positive du marché de l’emploi.