EMMANUEL COHARDY : « IL RESTE DIFFICILE D’ENTREPRENDRE ET DE DURER »

Emmanuel
Cohardy a
été élu pour
trois ans à
la tête de la
CPME Hautsde-France.
Emmanuel Cohardy a été élu pour trois ans à la tête de la CPME Hautsde-France.

Ancien président de la CPME Aisne, Emmanuel Cohardy vient d’être élu président de la CPME Hauts-de-France pour trois ans. Sa priorité ? Représenter et défendre les chefs d’entreprises et tisser des liens avec les acteurs économiques du territoire.

Picardie la Gazette : Pouvez-vous vous pré- senter en quelques mots ?

Emmanuel Cohardy : Je suis président de la CPME de l’Aisne depuis 2014. J’ai cumulé ce poste avec la vice-présidence de la CPME Picardie jusqu’au moment de la fusion des régions Nord Pas-de-Calais et Picardie pour former la CPME Hauts-de-France. Les mandats de président de CPME départementales et régionales sont d’une durée de trois ans. Je suis attentif au temps passé dans nos mandats, la plupart sont bénévoles et il faut savoir conjuguer le temps passé pour représenter la CPME et le temps passé dans nos entreprises, aussi j’ai fait le choix de me limiter à ces deux mandats. Après un début de carrière dans l’industrie j’ai développé plusieurs activités de services aux entreprises. Je sui issu d’une famille d’entrepreneurs, j’ai souvent été pluriactif et je travaille aujourd’hui sur de nouveaux projets. J’ai également une vie de famille riche et de nombreuses passions qui me permettent de me ressourcer dans ma commune de TroslyLoire, située dans l’Aisne ; j’essaye à ma façon de participer également, et modestement, à la vie de la cité…

P.L.G. : Comment va s’organiser votre travail au niveau de la grande région ? Les problématiques et spécificités de la Picardie ne risquent-elles pas de passer au second plan ?

E.C. : La crainte était grande de voir nos territoires délaissés lors de cette fusion des régions, aussi je pense qu’en étant issu d’un territoire distant de la capitale de Région j’apporterai un regard différent. La fusion des Chambre des métiers et d’artisanat et des Chambres de commerce et d’industrie a soulevé beaucoup d’inquiétudes de la part de nos adhérents qui comprennent mal comment un réseau consulaire peut maintenir un service de proximité avec un centre de décision distant, nous devons absolument éviter ce phénomène ; c’est pourquoi nos adhérents adhèrent à une CPME départementale, pour la proximité. Géographiquement bien entendu cela va me demander plus de déplacements, c’est le cas de toutes nos organisations mais nous sommes des chefs d’entreprises et nous savons gérer ces difficultés, cela ne devrait donc pas être insurmontable. Le siège de la CPME Hauts-de-France est à Marcq-en-Baroeul (Nord) et nous conservons des activités de support à Boves (Somme). Nos cinq départements sont différents, en terme de densité d’entreprises et de typologies d’activités, c’est une richesse incroyable ! Mais nous avons également de gros défis à relever avec l’ensemble des acteurs de l’économie : le chômage et la formation ! Il est plus que jamais nécessaire d’y travailler ensemble.

P.L.G. : Quels sont vos chantiers et axes de travail prioritaires pour ce mandat ?

E.C. : Le premier chantier consistait à assurer notre représentation dans les mandats sociaux (URSSAF, CAF, CPAM). Les mandats que la CPME obtient par sa repré- sentativité sont essentiels, ils nous permettent d’être présents à chaque fois qu’il faut dé- fendre la position du chef d’entreprise, assurer une présence de qualité est important et nous nous efforçons de placer dans chaque mandat un vrai chef d’entreprise. Les méthodes de travail dans les deux ex-ré- gions étaient sensiblement différentes, je remercie les Présidents de leur confiance en me nommant et je les félicite pour leur travail, aujourd’hui nous devons harmoniser nos pratiques. De même les relations entre la CPME et les services de l’État, ou entre la CPME et les autres organisations patronales vont forcé- ment changer, nous avons à construire des relations franches et efficaces. Les attentes de nos adhérents sont fortes, nous devons les accompagner c’est notre premier mandat : les représenter et les dé- fendre.

P.L.G. : Pensez-vous que le gouvernement fait suffisamment d’efforts à l’égard des PME ? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?

E.C. : Ce gouvernement a des méthodes innovantes, une phase de consultation suivie d’annonces pour le moins tranchées. La CPME a fait des propositions sur la loi travail et force est de constater que nous avons été entendus, on sent une prise de conscience. Aujourd’hui c’est l’apprentissage, et à moins qu’il n’y ait des changements entre cet entretien et la parution, le pilotage de l’apprentissage revient au monde économique, l’entreprise est replacée au centre du dispositif. C’est du bon sens ! Pour autant le chef d’entreprise n’est pas totalement serein, il reste difficile d’entreprendre et de durer, les trésoreries sont au plus bas et on hésite encore à embaucher.

P.L.G. : Quel message souhaitez-vous adresser aux chefs d’entreprises de la région ?

E.C. : Tous les jours je rencontre des chefs d’entreprises qui découvrent le rôle, les rôles des organisations patronales en général et de la CPME en particulier. Les chefs d’entreprises que nous rencontrons nous rejoignent assez naturellement et ce pour plusieurs motifs, pour l’accompagnement ou pour l’engagement mais surtout je crois parce qu’ils comprennent qu’on ne peut plus rester seul, c’est une perte de temps et une perte d’énergie ! Nous avons un réseau solide, des élus et des collaborateurs dévoués et compétents et nombre de chefs d’entreprises se sentent beaucoup plus proches de nos valeurs que la représentativité nationale ne veut le présenter. Alors je vous dis à vous chefs d’entreprises, venez nous rencontrer dans nos permanences, dans nos réunions d’information, dans nos afterworks, vous serez bien reçus et le plus souvent vous serez reçus par des chefs d’entreprises, comme vous…