Entretien avec Philippe Lahet, directeur GRDF Hauts-de-France et Normandie

Décarbonation, sobriété énergétique, gaz verts… autant de sujets prioritaires pour GRDF, acteur incontournable de la nécessaire transition énergétique. Décryptage avec Philippe Lahet, directeur de GRDF Hauts-de-France et Normandie.

Philippe Lahet, directeur GRDF Hauts-de-France et Normandie. ©GRDF
Philippe Lahet, directeur GRDF Hauts-de-France et Normandie. ©GRDF

La Gazette : Pour GRDF comme pour l’ensemble des acteurs de l’énergie, la décarbonation est un objectif majeur. À ce titre, quels leviers avez-vous actionnés ? Quelles actions avez-vous mises en place ?

Philippe Lahet : Grâce aux compteurs communicants, GRDF accompagne au quotidien ses clients pour moins consommer d’énergie ou mieux consommer. 500 000 clients ont été contactés par nos collaborateurs pour les accompagner sur le changement des habitudes ou sur la rénovation de l’habitat avec un taux de retour de 20%, ce qui est plutôt positif.

Nous avons lancé en parallèle des actions de sensibilisation avec les bailleurs sociaux, comme cela a pu être fait à Saint-Quentin avec Clésence, ou à Rouvroy avec SIA Habitat où nous avons réuni les habitants d’un quartier pour leur expliquer les enjeux de la sobriété énergétique et leur donner des clés pour mieux maitriser leur consommation.

Les entreprises et les collectivités sont également accompagnées dans l’optimisation de leurs consommations et la rénovation énergétique de leurs bâtiments. Grâce à Prioréno, outil développé avec la Banque des Territoires, ils peuvent établir une priorisation indicative des bâtiments à rénover en fonction des gains de consommation estimés.

À fin novembre 2023, GRDF a contribué au raccordement de 90 unités de méthanisation aux réseaux gaz en Hauts-de-France ce qui équivaut à 300 000 logements récents chauffés au gaz. © GRDF

En parallèle de ce travail de sensibilisation et de conseil, vous intervenez en accompagnant l’émergence de nouvelles technologies et des unités de méthanisation…

En effet, GRDF souhaite contribuer au développement d’innovations propices à réduire la consommation énergétique, que ce soit des chaudières plus performantes, des pompes à chaleur hybrides ou de nouvelles solutions de chauffage collectif qui vont émerger. Je pense par exemple à la chaudière zéro carbone qui capte et valorise les émissions de CO2.

Nous accompagnons également le développement du gaz vert au sein du CORBI (collectif opérationnel régional de biométhane injecté). Fin novembre 2023, nous comptions 90 unités de méthanisation raccordées aux réseaux gaz en Hauts-de-France, ce qui équivaut à 300 000 logements récents chauffés au gaz. Cela permet d’éviter chaque année a minima l’émission de près de 400 000 tonnes de CO2.

Sur la région, la filière se structure ! Un important travail est mené sur les unités agricoles de biométhane, mais aussi avec les industriels du territoire. L’usine Goudale d'Arques, par exemple, utilise ses eaux usées pour alimenter en gaz vert sa flotte de véhicules. Et sur ces thèmes, nous sommes intégrateurs et facilitateurs de nouveaux projets, nous accompagnons nos clients dans la sobriété énergétique et travaillons sur la décarbonation de notre activité avec l’objectif d’atteindre un taux de 20% de gaz vert dans le réseau national d’ici 2030.

Avec également en toile de fonds les sujets liés à la mobilité…

C’est un sujet important, oui. Nous accompagnons les collectivités dans le déploiement de flottes de véhicules fonctionnant au BioGNV (carburant gaz vert), autrement dit dans l’essor des réseaux de transports collectifs alimentés en gaz naturel, comme à Lille, Valenciennes ou Amiens. Par rapport à un moteur thermique, les émissions de CO2 sont réduites de 80%, les émissions de particules fines de 97% et les nuisances sonores de 50%. Il y a un impact majeur en termes de santé et d’environnement ! La technologie est mature, il nous faut désormais la démocratiser davantage auprès des collectivités et des entreprises de transport.

Au 1er janvier 2024, entrera en vigueur la loi anti-gaspillage qui a pour but de favoriser l'économie circulaire et le réemploi. Quelle place occupera GRDF dans son application ?

Nous allons aider les territoires à la mettre en œuvre, faire connaitre les solutions aux collectivités locales et faire le lien avec les installations spécialisées qui leur permettra de répondre aux exigences de la loi. Notre rôle sera donc de réunir tout le monde autour de la table pour décortiquer ensemble la complexité de ces sujets et définir les réponses adaptées.

Être acteur de ces nouvelles thématiques implique-t-il pour votre entreprise de s’entourer et/ ou recruter de nouvelles compétences ?

Nous devons effectivement travailler avec les startups inventives sur ces sujets. Et pour y répondre, pour accompagner nos clients et décarboner notre activité, il y a une nécessité d’évolution de nos compétences. GRDF recrute une centaine de nouveaux collaborateurs chaque année, notamment sur ces nouveaux métiers.