Hausse des besoins dans les services à la personne, un défi pour demain dans les Hauts-de-France

L'Insee a mené une enquête sur le recours aux services à la personne dans la Région qui révèle que le nombre d'utilisateurs dans les Hauts-de-France est inférieur à la moyenne nationale mais que celui-ci augmentera très fortement d'ici à 2050.

En Hauts-de-France, le recours aux services à la personne est inférieur aux autres régions mais connaîtra une forte croissance en 2050. (c)AdobeStock
En Hauts-de-France, le recours aux services à la personne est inférieur aux autres régions mais connaîtra une forte croissance en 2050. (c)AdobeStock

Vieillissement de la population, augmentation du taux d'activité des femmes, évolution des structures familiales... L'Insee a mené une grande enquête, en partenariat avec les Conseils départementaux du Nord et du Pas-de-Calais, pour évaluer le recours aux services à la personne dans la région et son évolution d'ici à 2050.

Avec 308 000 ménages utilisateurs en 2018 (soit 12,3% des ménages), les Hauts-de-France font partie des trois régions ayant le moins recours aux services à la personne, derrière la Corse et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une situation qui s'explique principalement par des revenus plus faibles et une population plus jeune. « Les régions plus marquées par la pauvreté font moins appel aux services à la personne », indique Jean-Christophe Fanouillet, directeur régional de l'Insee. « Parmi les ménages les moins riches, 3% seulement y recourent contre 41% pour les plus riches, ce qui montre bien l'impact de ce paramètre », précise Solène Hilary, chargée d'études.

Des disparités territoriales

L'étude révèle par ailleurs des disparités territoriales au sein même de la région. « Dans l'Oise, le taux de recours aux services à la personne est moins élevé qu'ailleurs malgré un niveau de vie élevé. Cela s'explique notamment par la présence de nombreuses institutions dédiées aux seniors. Les personnes âgées vivant à domicile sont quant à elle en meilleure santé que dans d'autres départements, d'où un recours moins important aux services à la personne », précise la chargée d'études. A contrario, les ménages du Nord ont y ont plus recours malgré une population plus jeune qu'ailleurs. Dans la Somme et dans l'Aisne, les usages sont quant à eux similaires à ceux de France de province.

Une forte évolution en 2050

Les services à la personnes, qui incluent 24 activités - englobant l'assistance aux personnes âgées ou en situation de handicap, l'aide aux familles ou l'aide à la vie quotidienne (hors garde d'enfants par les assistants maternels et soins à domicile hors champ) - compteront 35% de ménages utilisateurs supplémentaires d'ici à 2050. Cette année-là, la région comptera 417 000 ménages ayant recours à ces services, selon les prévisions de l'Insee, soit 109 000 ménages de plus qu'en 2018.

Une évolution fortement liée au vieillissement de la population. « La plupart des services sollicités à cette période le seront à destination des 80 ans et plus. Inversement, le nombre de ménages utilisateurs de moins de 65 ans devrait connaître une légère baisse », précise Laurence Pen, chargée d'études à l'Insee.

Cette croissance sera plus marquée dans l'Oise (+35%) en raison de la forte hausse du nombre de ménages seniors dans le département (+71% contre +53% en moyenne régionale). En termes de nombre de ménages utilisateurs, c'est dans le Nord et le Pas-de-Calais qu'il y aurait les plus fortes hausses avec + 45 000 et + 28 000.

62 000 emplois supplémentaires à horizon 2050

L'Insee estime que si le temps de travail moyen des salariés et le comportements de recours des ménages utilisateurs restaient constants, le nombre de salariés des services à la personne dans les Hauts-de-France passerait de 101 000 en 2018 à 163 000 en 2050. Soit une hausse plus rapide (+62%) que celle des ménages utilisateurs (+35%). « Cela pose des questionnements par rapport à la formation et au recrutement. Ces métiers, avec des salaires assez bas, qui demandent une grande flexibilité et une grande adaptabilité, sont déjà en tension. Comment la situation va-t-elle évoluer d'ici là ? », s'interroge Jean-Christophe Fanouillet. Un tiers des salariés actuels étant âge de 50 à 59 ans, le secteur connaîtra par ailleurs une grande vague de départs à la retraite. « Ce sont de gros défis à venir, il faut s'y préparer dès maintenant », conclut le directeur régional de l'Insee.