Hôtel-Dieu à Château-Thierry : un trésor à découvrir

Récemment ouvert, l’Hôtel-Dieu de Château-Thierry est un musée méconnu qui abrite une collection exceptionnelle de 1 300 œuvres datant, pour beaucoup, du XVIIe siècle.

L’imposant bâtiment donne le caractère du musée.
L’imposant bâtiment donne le caractère du musée.
L’imposant bâtiment donne le caractère du musée.

L’imposant bâtiment donne le caractère du musée.

La ville de Château-Thierry compte deux musées. Jean de la Fontaine consacré à l’illustre personnage et l’Hôtel-Dieu. Ce dernier est ouvert depuis 2010 et abrite une collection unique et exceptionnelle issue des possessions de la communauté Augustine qui a occupé le site pendant presque sept siècles. Fondé au Moyen-âge par la reine de France Jeanne de Navarre, épouse de Philippe IV le Bel, l’Hôtel-Dieu est confié aux sœurs Augustines. Une communauté qui accueille des pauvres, pèlerins, vieillards et malades qui y sont hébergés, nourris, lavés et soignés. À son arrivée, le visiteur découvre une bâtisse imposante marquée par le temps, faite de briques et de pierres aux larges fenêtres et dont il est difficile de s’imaginer ce qui se cache derrière. L’entrée se fait par la chapelle au cadre baroque sobre. Le visiteur est dans la partie la plus ancienne de l’édifice actuel. Entrer dans ces lieux, c’est échanger un moment d’histoire de ces Augustines qui vivaient cloîtrées. Il y découvre le chapitre, les chambres des sœurs, l’ouvroir des Augustines ou bien encore le salon de la communauté orné de boiseries dans lequel la mère supérieure recevait les hommes de religion, les juristes et diverses personnalités de la ville. Poursuivant sa visite, le visiteur pénètre dans l’ancien hôpital, un environnement plus moderne.

Classés aux monuments historiques

C’est au XVIIe siècle qu’une grande partie de la collection actuelle a été constituée par Anne de La Bretonnière, nommée par le roi à la tête de la communauté Augustine. Cette jeune femme de bonne famille peut compter sur le soutien de son oncle et de sa tante, Pierre Stoppa et Anne de Gondy dont le tombeau est situé dans la chapelle. Grâce à eux, la prieure fait rebâtir un nouveau complexe et acquiert une vaste quantité d’oeuvres d’art. L’Hôtel- Dieu abrite un trésor de plus de 1 300 œuvres d’art d’une facture exceptionnelle (douze pièces classées aux monuments historiques) dont des peintures pour l’essentiel en rapport avec la thématique religieuse du site. Des meubles omniprésents dont quatre d’entre eux sont classés et illustrent l’art des ébénistes du XVIIIe siècle, ou bien encore ce cabinet-coffre réalisé en Inde au XVIIe siècle et entièrement incrusté de lamelles d’ivoire formant des motifs d’inspiration orientale. « Il existe trois cabinet coffres au monde visibles du grand public, dont un ici », précise Yann le Guennec, responsable médiation public et partenaires et qui assure des visites.

Porcelaine de Chine, de Sèvres ou de Sceaux, faïences de Lunéville ou de Nevers, la vaissellerie tient une place importante dans la collection avec des pièces rares. Le musée possède de superbes tissus et des tapisseries brodées très bien conservés comme cet antependium gothique du XIVe siècle classé aux monuments historiques. L’activité médecine est aussi exposée au travers d’instruments de chirurgie de la fin du XIXe siècle témoignant de l’évolution du mobilier médical.

L’hôpital vend le lieu et la collection

L’Hôtel-Dieu a traversé les siècles, la révolution et plusieurs guerres. C’est en 1841 que l’établissement devient un centre hospitalier avec l’arrivée de médecins. Les sœurs Augustines deviennent assistantes. La dernière d’entre-elles décédera en 1966. De ce fait, l’hôpital devient propriétaire des lieux et d’une collection d’une grande richesse. En 1983, l’hôpital quitte les lieux. En 1988, l’hôpital aménage la première salle d’exposition. Des travaux qui se poursuivront jusqu’en 2004. Aujourd’hui, les lieux sont gérés sous convention tripartie entre l’hôpital (propriétaire des lieux et de la collection), l’association Arts et Histoire (en charge de l’animation et de la conservation des collections) et la communauté de communes Château-Thierry (fournissant le soutien technique et financier au musée à hauteur de 40 000 euros pour le fonctionnement de l’association). L’hôpital souhaite vendre les lieux et la collection. Les services des domaines ont fixé un prix. La communauté de communes, qui s’intéresse au lieu depuis 2007, s’est portée acquéreur à condition que la collection reste dans les lieux. Les négociations sont en cours. À l’actif du bilan de l’hôpital, la collection serait évaluée à 550 000 euros. Mais sur le marché de l’art, la valeur marchande serait supérieure. « Un accord sera trouvé. Personne n’en doute. Surtout que les habitants de la cité sont très attachés à ce lieu et à cette collection unique », lâche Stéphane le Guellec. Un centre du souvenir américain Avec un budget annuel de 100 000 euros provenant en partie des adhésions et des ventes de billets et de la boutique, l’association Arts et Histoire se démène pour accueillir les quelques 8 000 visiteurs (en 2014). Les visites ne se font qu’en groupe. « C’est pour nous un moyen d’apporter des explications sur ce musée et d’assurer une surveillance des lieux », précise Stéphane le Guellec, l’un des deux salariés de l’association avec Stéphanie Goujon, responsable des collections. Le musée reçoit aussi des aides du département de l’Aisne pour des acquisitions ou des opérations de réfection, de la région Picardie pour le financement à 50% des deux emplois, la ville de Château- Thierry qui met à disposition du personnel communal et alloue une subvention de 5 000 euros à l’association et la communauté de communes. L’Hôtel-Dieu vient d’être choisi comme centre d’évocation du souvenir américain par les autorités américaines. Ce centre s’installera au premier étage de la bâtisse. Une reconnaissance qui va permettre au site d’accroître son nombre de visiteurs étrangers. Labellisé “manifestation centenaire” dans le cadre des commémorations de la première guerre mondiale, l’Hôtel-Dieu propose jusque fin octobre, à travers une exposition, une immersion au cœur de la médecine de la première guerre mondiale.