La compétitivité, voie de sortie pour l’agriculture régionale

Lors d’un colloque qui s’est tenu à la CCI de l’Aisne à Saint-Quentin, la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricole (FNSEA) a réuni des agriculteurs picards et nordistes. Le but était de chercher un maximum de solutions pour rendre l’agriculture des deux régions plus compétitive.

Christophe Buisset croit en une agriculture liée autant que possible à la recherche et à l’innovation.
Christophe Buisset croit en une agriculture liée autant que possible à la recherche et à l’innovation.

 

Christophe Buisset croit en une agriculture liée autant que possible à la recherche et à l’innovation.

Christophe Buisset croit en une agriculture liée autant que possible à la recherche et à l’innovation.

Le tour de la question n’a pas été fait. Loin de là. La compétitivité reste une problématique vaste pour le monde de l’agriculture et l’objectif de la FNSEA n’était pas de trouver des solutions mais des voies vers ces solutions. Dans un message enregistré et diffusé aux quelques participants de ce colloque sur la compétitivité et la ruralité, Xavier Beulin, président de la FNSEA, a indiqué : « L’agriculture est une chance pour notre économie. Nous devons miser dessus. Il y a des difficultés, mais nous avons des réponses à apporter. » La journée consacrée à ce sujet au sein de la CCI de l’Aisne à Saint-Quentin avait aussi pour but de démontrer que l’agriculture du Nord – Pas-de-Calais – Picardie avait toute sa place dans un monde de technologies et d’innovations.

La richesse de la Picardie
Cela a été le sens premier du discours de Christophe Buisset, responsable de la fédération régionale des syndicats d’exploitants agricole (FRSEA) pour la Picardie. « La richesse de la Picardie, c’est son agriculture », souligne-t-il. A travers des projets innovants, comme Pivert ou le pôle Industrie et Agro-Ressources, les agriculteurs picards se trouvent en première ligne pour fournir la matière première à cette activité naissante. « En Picardie, nous avons perdu beaucoup d’emplois industriels. Mon rêve serait de pouvoir récupérer tous ces emplois perdus grâce à l’agriculture », souhaite-t-il. Cela peut apporter un plus dans la course à la compétitivité dans laquelle l’agriculture picarde est engagée au niveau européen et même mondial. Il faudra encore surmonter certaines étapes et certains blocages avant que les choses n’aillent plus loin. Le président de la FRSEA en est bien conscient : « Nous n’arrivons pas encore à faire le lien entre les chercheurs, les applications industrielles et nous pour ce qui concerne le travail des matières premières. » Le monde agro-industriel représente déjà une force avec quelque 15 000 emplois sur les deux régions.

Un constat très dur
Pour le reste, le constat est très dur. La Picardie comme le Nord – Pas-de-Calais, alors qu’elles sont toujours des régions fortement agricoles, ont perdu de nombreux emplois directs. Aujourd’hui, les deux régions ne comptent plus que 19 000 emplois de salariés agricoles. Voilà pourquoi la compétitivité prend une place essentielle. Christophe Buisset n’a pas hésité à dénoncer l’initiative du gouvernement de mettre fin à l’exonération de charges sur les travailleurs occasionnels. « Les conséquences vont entraîner une perte de compétitivité de nos agriculteurs par rapport à la concurrence. » Et de pointer les voisins belges tout proches qui seront plus compétitifs dans l’endiverie, la pomme de terre, ou encore dans l’arboriculture. Un autre sujet de discorde a aussi été abordé : la fin de l’exonération sur les cotisations patronales pour les travailleurs saisonniers agricoles. Une exonération à 100 % qui pouvait aller jusqu’à deux fois et demie le Smic. « On passerait à des cotisations sociales et patronales au-dessus de 30 %, c’est-àdire multipliées par 5. Notre profession se mobilise contre cela aussi », a-t-il rappelé. La formation est aussi revenue dans les propos de nombreux professionnels lors de ce colloque. Jean-Yves Bricout, agriculteur axonais, a interpellé ses collègues présents pour leur demander d’ouvrir leurs exploitations et de former une nouvelle génération d’ouvriers agricoles. Le Nord-Pas-de- Calais l’a déjà bien compris. Sur les 25 000 apprentis recensés par la région nordiste, plus de 2 000 sont apprentis en agriculture. « Il y a un bon niveau de formation en Picardie comme en Nord- Pas-de-Calais. Cela doit être un plus pour nous aider en matière de compétitivité », a soutenu le président de la FRSEA. Il appelle pareillement à associer les syndicats de salariés sur ce sujet pour déboucher sur une entente « pour pouvoir faire bouger la région ».