L'agroalimentaire en Picardie : des activités diversifiées et performantes

Une étude réalisée conjointement par la direction régionale de l'Insee et celle de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt en Picardie révèle que l'agroalimentaire résiste à la crise, à l'inverse des autres industries manufacturières.

L'agroalimentaire en Picardie : des activités diversifiées et performantes
40% des emplois de la filière se situent en zones rurales.

40% des emplois de la filière se situent en zones rurales.

Le maintien et le développement des activités agroalimentaires constituent un enjeu crucial pour la Picardie, en matière d’emplois comme d’équilibre territorial. « Il s’agit d’un secteur d’envergure pour la région. Les diagnostics économiques que nous produisons apportent une expertise statistique et permettent d’éclairer le débat public », explique Danièle Lavenseau, chef adjoint du service études diffusion au sein de l’Insee. La dernière, réalisée avec la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt en Picardie (Draaf) et présentée fin janvier, révèle que l’agroalimentaire est l’une des filières qui résiste le mieux à la crise. Entre 2004 et 2011, ses effectifs ont diminué de 1,4% par an dans la région alors qu’il a fortement reculé dans les autres industries manufacturières.

La région attire les grands groupes

La filière agroalimentaire picarde est l’une des plus diversifiées au niveau national avec le Nord-Pas-de-Calais, l’Île-de-France, le Centre et Provence- Alpes-Côte d’Azur. Ses spécialités sont surtout végétales, « avec en tête les industries du sucre, des grains et produits amylacés grâce à la présence d’entreprises comme Tereos ou Saint- Louis », précise Sophie Éblé, chargée d’études à la Draaf. Le secteur compte peu de sièges sociaux en Picardie, ce qui en fait la région la plus dépendante de l’extérieur.

Mais la région attire de nombreux groupes nationaux et internationaux « grâce à sa situation géographique, sa culture et son histoire », analyse la chargée d’études. Près d’un employé sur trois travaille dans un établissement de plus de 250 salariés, ce qui hisse la région en troisième position. Autre particularité picarde, plus de 40% des emplois de l’agroalimentaire se situent en milieu rural. « Les grands groupes veulent s’implanter au plus près des producteurs. De plus, leur installation y est facilitée grâce à l’extension des réseaux de transports », explique Sophie Éblé.

Des ouvriers qualifiés

La filière agroalimentaire a plutôt bien résisté à la crise.

La filière agroalimentaire a plutôt bien résisté à la crise.

La main d’œuvre agroalimentaire régionale est essentiellement masculine et ouvrière : 73% d’ouvriers contre 61% dans l’ensemble de l’industrie manufacturière et 68% au niveau national. Un tiers seulement de la main d’œuvre sont des femmes, contre environ 48% de la part des actifs en France. « Cela paraît peu mais dans les autres industries manufacturières, elles ne sont qu’un quart environ », note Jean-Marc Mierlot, chargé d’études à l’Insee.

Les ouvriers des industries agroalimentaires sont plus qualifiés que la moyenne nationale. Ils sont proportionnellement les plus nombreux dans les segments très automatisés, à savoir la fabrication de produits laitiers et de produits de boulangerie-pâtisserie. À l’inverse, les ouvriers moins qualifiés sont présents dans les industries de transformation et conservation de la viande, de fruits et légumes ou de boissons. Les autres professions ne représentent que 25% des salariés des IAA : 13% des professions intermédiaires, 7% de cadres et 5% d’employés contre 24%, 18% et 8% dans les industries manufacturières. Dans le commerce de gros, la proportion d’ouvriers est moindre que dans les IAA. « Elle reste néanmoins élevée avec près d’un ouvrier sur deux du secteur », remarque Jean- Marc Mierlot. Les salariés des IAA picardes sont plus âgés qu’en moyenne nationale, avec une surreprésentation des effectifs âgés de plus de 46 ans. Cela pose la question du vieillissement et du renouvellement de la main d’œuvre. La plupart d’entre eux seront partis en retraite d’ici à 2025, soit l’équivalent de 6 000 postes. L’industrie du sucre risque d’être la plus impactée. Plus de 55% de ses salariés avaient plus de 46 ans en 2010 et seront en fin de carrière dans une dizaine d’années. « L’ensemble du secteur semble avoir néanmoins pris conscience de ces évolutions. Il a recruté ces dernières années davantage de jeunes puisque aussi bien dans le commerce de gros que dans l’industrie, les moins de 25 ans sont mieux représentés qu’au niveau national », conclut le chargé d’études.

Environ 6 000 salariés des IAA seront partis en retraite à l’horizon 2025.