Laitnaa croit très fort en l’avenir du lait

La grande coopérative laitière de la Thiérache, qui fait travailler quelques 400 producteurs de l’Aisne, du Nord et des Ardennes, voudrait créer à La Capelle un centre de collecte créateur d’emplois. Les dirigeants de Laitnaa, qui préparent « l’aprèsquotas de 2015 », se réjouissent aujourd’hui du fait que la coopérative approvisionne en lait, outre les grands transformateurs de la région, un fromager important de la zone AOC du maroilles.

La coopérative Laitnaa approvisionne la Franco-Argentine de Sains-Richaumont qui fabrique de la confiture de lait.
La coopérative Laitnaa approvisionne la Franco-Argentine de Sains-Richaumont qui fabrique de la confiture de lait.

 

La coopérative possède notamment les tanks à lait installés près des salles de traite des éleveurs.

La coopérative possède notamment les tanks à lait installés près des salles de traite des éleveurs.

AClairefontaine, près de La Capelle, au Gaec du Petit Versailles (réparti sur trois sites agricoles), la traite des 150 vaches laitières holstein s’achève très tôt. Les trayeuses automatiques propulsent leur bon lait nourri de l’herbe des pâtures du bocage thiérachien dans un tank réfrigérant de 15 000 litres. Il est collecté tous les trois jours à l’aurore par les camions-citernes de la coopérative laitière Laitnaa (Société coopérative agricole laitière Nord Aisne Ardennes), dont le siège administratif est situé à La Capelle.
Le Gaec du Petit Versailles exploite 250 hectares de surfaces agricoles, dont 170 de pâtures. L’Union européenne (la PZAC) lui a attribué un quota laitier annuel de 1 383 000 de litres. Le Gaec, qui fait travailler cinq personnes, appartient à quatre associés, dont Jacques Quaeybeur qui préside la coopérative Laitnaa.
Cette grande coopérative laitière constitue aujourd’hui l’un des moteurs économiques (avec celui de la filière équine associée à l’exploitation de l’hippodrome de La Capelle) de la Thiérache axonaise. Elle a été créée en 2006 lorsque que le groupe Nestlé, propriétaire d’une grande usine à Boué, a voulu stopper son activité de stockage du lait. Certains producteurs qui approvisionnaient Nestlé ont alors décidé de racheter à l’industriel ses tanks à lait et de moderniser leur parc chez les éleveurs.
Deux ans plus tard, en 2008, l’industriel a abandonné son activité de collecteur de lait, reprise à son tour par la coopérative Laitnaa. Aujourd’hui, elle possède 400 tanks chez des producteurs de l’Aisne, du Nord et des Ardennes, fait circuler tous les jours dix camionsciternes, collecte chaque année 170 millions de litres de lait et emploie sept salariés.

La coopérative Laitnaa approvisionne la Franco-Argentine de Sains-Richaumont qui fabrique de la confiture de lait.

La coopérative Laitnaa approvisionne la Franco-Argentine de Sains-Richaumont qui fabrique de la confiture de lait.

Conserver les volumes après 2015
Laitnaa réalise entre 55 et 60 M€ de chiffre d’affaires annuel. En septembre, elle a payé à ses producteurs 350 € les mille litres de lait, puis en octobre 301 €. Malgré les fluctuations systémiques du prix du lait, elle a la réputation bien établie en Thiérache d’être de bon rapport au regard de ses concurrents directs (Coop’alliance, Ucanel Lactalis, etc.).
Laitnaa distribue sa grande collecte aux industriels transformateurs du lait : évidemment à Nestlé à Boué, à Nestlé encore à Challerange (Ardennes), au groupe Andros (yaourts), à la Franco- Argentine (confiture de lait) de Sains- Richaumont, etc.
« Nous ne sommes pas euphoriques, mais nous sommes sereins car nous pensons qu’il y a beaucoup d’avenir dans le lait », affirme le président de Laitnaa, Jacques Quaeybeur. Le chiffre d’affaires de la coopérative a augmenté à mesure que celle-ci a dispensé à bon escient chez ses éleveurs de vaches ses conseils agronomiques (cette activité emploie deux salariés) augmentant et la qualité et le volume de leurs productions laitières.
Mais quel est l’avenir précisément de la coopérative Laitnaa tandis que se profile à l’horizon de 2015 la fin des quotas laitiers de l’Union européenne qui réduira le nombre d’éleveurs de vaches laitières ?
« L’après-quotas, c’est demain, explique le président. Nous sommes soucieux que nos volumes de lait produits perdurent. Nous cultivons une confiance en l’avenir à travers les contrats que nous avons signés avec les industriels et qui courent huit années encore. A nous de garder nos producteurs de lait en leur donnant une forte envie de produire le plus régulièrement possible et toute l’année car nos débouchés vont devenir de plus en plus linéaires. »

Un grand fromager de Mondrepuis
Au sein du conseil d’administration de la coopérative Laitnaa, on discute de l’opportunité de grands projets : ouvrir à La Capelle un grand centre de collecte du lait et de lavage des tanks (projet créateur d’emplois) ou prendre éventuellement des participations dans un grand outil industriel de l’agroalimentaire qui ne serait pas situé dans l’Aisne.
Cependant, les dirigeants de la coopérative ont bien l’intention de consolider leur étroite collaboration avec la filière du maroilles. Laitnaa fournit déjà « des milliers de litres de lait » (le volume exact doit demeurer secret) au fromager industriel Lesire et Roger de Mondrepuis (Aisne), très respectueux de la tradition locale. « Nous travaillons directement dans la zone d’AOC maroilles, qui s’étend sur l’Aisne et le Nord, souligne le président de Laitnaa. C’est une production très importante qui, sans doute, se développera. Et parmi nos 400 producteurs de lait, 250 d’entre eux sont installés dans la zone AOC maroilles. »