Le Cercle des machines volantes fait revivre l’aéronautique d’avant 1940

Sur le site de Margny-les-Compiègne, les frères Collinot s'attachent à faire revivre des avions anciens depuis 2007 et la création de l'association du Cercle des machines volantes. Certains voleront lors du meeting aérien des 6 et 7 juin.

Martine Picart et Alexandre Collinot posent devant un Morane.
Martine Picart et Alexandre Collinot posent devant un Morane.
Martine Picart et Alexandre Collinot posent devant un Morane.

Martine Picart et Alexandre Collinot posent devant un Morane.

Sauvegarder et maintenir en état de vol des avions français de l’entre-deux guerres. Voici le but de l’association, le Cercle des marchines volantes (CMV), créée par les frères Collinot, en 2007. Beaucoup ont été détruits. Certains ont été sauvés, car ils ont été démontés et cachés dans des clochers et des fermes. Pendant la Seconde guerre mondiale, posséder un avion était puni de peine de mort par les nazis. Frédérick et Alexandre Collinot, passionnés d’avions anciens, ont été rejoints par une cinquantaine de membres, en majorité des professionnels de l’aéronautique. Alexandre Collinot fait un rappel de l’histoire du site de Margny-les-Compiègne. « En 1911, il y avait déjà deux écoles de pilotage qui battaient des records du monde. Georges Guynemer, Compiégnois, y fit son baptême de l’air en 1912. En 1914, les escadrilles françaises et anglaises y étaient basées. En 1940, c’étaient les chasseurs français et anglais. Les Allemands ont occupé la base, puis les Américains sont arrivés. C’est ici qu’Hitler s’est posé pour venir signer l’armistice de 1940 à Rethondes. Après la guerre d’Algérie, c’est l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT) qui s’y est installée. Jusqu’en 2006, il y eut le Sixième régiment d’hélicoptères », raconte avec ferveur ce passionné.

La restauration dans la tradition

Les mécaniciens agréés, menuisiers, entoileurs, gardent les méthodes de l’époque. Par exemple, l’entoilage est fait en lin ou en coton. Les instruments du poste de pilotage sont les pièces d’origine ou bien elles sont refaites dans la tradition. Les ateliers sont créés dans les règles de l’art avec un outillage qui permet de respecter les savoir-faire traditionnels indispensables au métier. « Mon frère et moi, nous sommes issus d’une famille de pilotes et nous avons commencé à voler quand nous avions seize ans. À 19 ans, nous avons restauré un biplan. En vol, on remonte le temps, car on a les mêmes sensations, les mêmes odeurs, le même ressenti que ceux qui les utilisaient autrefois », raconte Alexandre Collinot. Seuls les pilotes du CMV les utilisent. Il n’y a pas de baptême de l’air.

L’association recherche toujours, dans le monde entier, des avions rares à restaurer. Le dernier arrivé est un Morane MS 230 de 1930 qui vient de Floride. Il est arrivé en pièces détachées dans un conteneur à bateau. Alexandre poursuit : « Lorsqu’il faut les restaurer complètement, il faut compter deux à trois mille heures. Il faut trouver les pièces de plus en plus rares, les plans de fabrication. Ce sont avant tout des compétences techniques qui sont indispensables avant même les coûts financiers. La matière première n’est pas très onéreuse. » L’association vient de nouer un partenariat avec la manufacture horlogère Zénith, un fournisseur historique pour l’aéronautique. Grâce à leur soutien, les deux montres de bord du Morane-Saulnier 230 ont été complètement restaurées. Avant 1936, il y avait en France une dizaine d’avionneurs, Farmann, Bloch (devenu Dassault), Latécoère, Morane- Saulnier, Breguet, Blériot, sans oublier les Picards, Dewoitine, Mauboussin, Caudron et Potez.

L’UTC mis au travail

Martine Picard, chargée de la communication au CMV, dont le fils de quinze ans commence à piloter, a son mari qui enseigne à l’Université de technologie de Compiègne. Ce dernier a créé une unité d’enseignement dont l’objet est de reconstruire des avions et de trouver des projets. Ludovic Guyot, l’un des vingt étudiants ayant intégré cette unité d’enseignement explique son travail : « Nous remodélisons les pièces des avions et faisons les études préalables. Nous sommes encadrés par des professeurs de design et techniques d’encollage. Sur ces avions anciens, il faut trouver un substitut aux colles de l’époque. »

Actuellement, ils travaillent sur la maquette et l’organisation du travail pour refaire un Caudron rafale 430, qui fut piloté par Hélène Boucher, une Picarde. Malheureusement, il ne sera pas prêt à temps pour le meeting aérien des 6 et 7 juin. Cette manifestation unique en Europe va permettre au public de voir évoluer 70 avions venant de toute la France, de Grande Bretagne, de Belgique et des Pays-Bas.