Épuration de l'eau à Orrouy

Le Siaval élimine les résidus médicamenteux dans l’eau

La station d’épuration d’Orrouy est une des rares en France à rejeter en rivière une eau propre débarrassée des résidus médicamenteux. Cette innovation est le résultat de la volonté, voire de l’obstination du syndicat intercommunal d’assainissement de la Vallée de l’Automne et de son président Daniel Gage, ancien agriculteur, très sensibilisé à la préservation de la nature.

Du charbon actif est injecté dans la grande colonne de la station.©Siaval
Du charbon actif est injecté dans la grande colonne de la station.©Siaval

Le Siaval (Syndicat intercommunal d’assainissement de la Vallée de l’Automne) regroupe les communes de Béthancourt-en-Valois, Gillocourt, Glaignes, Orrouy et Sery-Magnéval pour une population de 2 200 habitants, pour un réseau de 25 kms de canalisations, 17 postes de relevage et 90 000 m3 d’eaux usées. Le syndicat a acquis en quelques années un savoir-faire pour le traitement des résidus dans l’eau mais aussi des boues qui sont récupérées et compostées.

« Dès 2004, un traitement des phosphates a été mis en place pour éliminer dans l’eau de rejet le phosphore issu des lessives. En 2007, nous avons pu créer notre propre filière de traitement des boues d’épuration par déshydratation mécanique », présente Daniel Gage, président du Siaval.

Depuis 2010, la station a demandé et obtenu la triple certification QSE (Qualité Sécurité Environnement) en respectant les normes ISO 9001 – 14001 – 18001. Et depuis six mois maintenant, les eaux rejetées par cette station d’épuration sont aussi débarrassées de tout résidu médicamenteux. Il aura fallu sept ans pour que le projet aboutisse. Et c’est tellement nouveau que de nombreuses communes de la région et bien au-delà s’y intéressent.

Au-delà du règlementaire

En 2013, une analyse a montré que des pesticides, biocides, détergents, résidus médicamenteux - et de nombreuses molécules issues des activités domestiques, agricoles et industrielles - se retrouvaient à l’état de traces dans les milieux aquatiques. Les concentrations sont faibles mais bien réelles en paracétamol, ibuprofène, hormones.

« Ces médicaments se retrouvent dans les urines et finissent dans la nature. On sait désormais qu’elles peuvent avoir un effet cocktail sur la santé. Avec des perturbations biologiques sur le vivant. La modification des organes reproducteurs des poissons est un exemple parmi d’autres. »

Charbon actif et moindre coût

Après une pré-étude et un appel d’offre, c’est la société Saur qui a finalement installé un système efficace de traitement au charbon actif avant rejet. L’eau passe dans une colonne dans laquelle sont injectées quelques grammes de charbon actif et celui-ci fixe les résidus médicamenteux. Le charbon, quant à lui, est régulièrement récupéré et réexpédié pour être recyclé.

Au total, le coût de l’installation de 450 000 euros qui n’a pas été financé par les communes mais par le prix de l’eau. Selon le principe de "l’eau paie l’eau". Le coût est d’environ 10 centimes par m3. Avec le traitement médicamenteux des eaux traitées avant le rejet dans la rivière, 90% de la pollution est retenue.

C'est donc une très bonne nouvelle pour la préservation de l’environnement de notre territoire. Quant aux virus, l’efficacité est probable mais elle ne peut être revendiquée qu’après une confirmation par de nouvelles analyses !