Le visage de la Picardie qui innove

L'Insee a publié le 23 octobre une étude menée en partenariat avec le conseil régional de Picardie se penchant sur l'innovation dans nos PME régionales. Retour sur les grandes révèle les grandes tendances et les chiffres à retenir...

Le visage de la Picardie qui innove

La Picardie comparée au reste du pays

L’innovation, moteur de croissance, est aujourd’hui une nécessité pour les entreprises de notre région. Entre 2010 et 2012, près de la moitié d’entre elles ont innové nous révèle Insee. Cependant, le tissu économique picard semble légèrement en retard, puisqu’il investit moins que les autres. En effet, en 2011, la Picardie a consacré 1,3 % du PIB régional aux dépenses de recherche et développement. La moyenne nationale se situe elle à 2,2 % et l’objectif européen programmé pour l’horizon 2020 est de… 3 % !
Le constat est clair : dans la conjoncture difficile des années 2010-2012, les entreprises picardes ont été moins enclines que les autres à investir pour le développement de leur marché : 17 % ont fait une innovation de produits et 20 % une innovation marketing, soit respectivement cinq points et trois points de moins qu’en moyenne les régions de province. L’écart de la Picardie avec la province concerne aussi bien la mise sur le marché de biens innovations que de services innovations. Cependant, ceci ne doit pas nous faire oublier que les entreprises innovantes dans notre région sont nombreuses.

Qui innove en Picardie ?

La part des PME picardes ayant innové se situe trois point au-dessus de la moyenne des régions de province (51 %). Cependant, certains secteurs particulièrement dynamiques font figures de moteurs et devancent même la moyenne de l’Hexagone : chimie et textile (voir tableau). Ainsi, le taux d’innovation le plus important se trouve dans les services, même devant l’industrie. Au sein des activités de services (activité scientifiques et techniques, comptables, informatiques, etc.), 62 % des PME régionales ont réalisé une innovation. Globalement, il s’agit de sociétés préoccupées par la réduction des coûts de fabrication et d’approvisionnement, ainsi que de l’amélioration de la réactivité de l’entreprise. Beaucoup d’entre elles ont pu bénéficier d’aide de l’État, de la région ou de l’Europe. En effet, près d’une PME innovante sur deux a obtenu un financement public. Cependant, ce soutien ne constitue qu’une modeste partie des dépenses d’investissement, estimées en moyenne à 5 % par les entreprises. Logiquement, deux tiers de ces dernières financent leur innovation technologique sur leur trésorerie et leur capacité d’autofinancement. D’autant que le soutien public souffre d’une méconnaissance assez importante : près de la moitié des entreprises non soutenue ne savent pas à quelles aides elles peuvent prétendre et 16 % des sociétés soutenues ont eu des problèmes d’accès à l’information sur les financements envisageables. Mais ce financement par les pouvoirs publics n’est pas l’unique élément donnant un coup de pouce à l’innovation.

Les facteurs favorisant l’innovation

Clairement, et c’est une des grandes leçons de l’étude, l’exportation reste le levier incontournable de l’innovation : seuls 30 % des entreprises picardes dont le marché est local innovent, ce chiffre double presque (59 %) parmi les structures ouvertes à l’international. Si on se penche sur des domaines spécifiques, la tendance est la même. Lorsque leur marché est uniquement local, 30 % des entreprises industrielles et commerciales, ou encore 50 % de celle des services, ont innové alors que parmi les PME ouvertes à l’international, les taux d’innovation augmentent de respectivement 18 à 38 points dans ces secteurs. Autre élément favorisant l’innovation mis en évidence, l’appartenance à un groupe ou réseau : un tiers des entreprises picardes ayant mené une innovation technologique (en produits ou procédés) a coopéré avec d’autres entreprises ou un organisme. Précisément, la coopération avec les universités est un facteur encourageant l’innovation des PME picardes. D’ailleurs, dans notre région, la coopération avec des universités est plus fréquente qu’en province (34 % pour 31 % en moyenne dans les autres régions). À noter que 13 % des partenariats principaux sont noués dans le cadre d’un pôle de compétitivité. L’étude souligne que, en Picardie comme ailleurs, la taille de la société est un facteur discriminant dans le comportement des entreprises face à la question de l’innovation. Plus une PME sera petite, moins elle sera apte à innover. Mais quel type d’innovation exactement ?

Innover oui mais comment ?

Le travail de l’Insee met en lumière le fait que l’innovation n’est pas toujours issue de travaux de recherche. En effet, elle peut prendre d’autres formes et concerner les modes d’organisation de l’entreprise ou encore sa stratégie de vente et de marketing. Et pour cause, c’est l’innovation touchant à l’organisation de l’entreprise qui est la plus fréquente (31 %). L’étude de l’Insee dépeint un portrait exhaustif de l’innovation dans notre région, globalement favorisée par l’exportation, qui doit encore prendre de l’ampleur pour rattraper son léger retard au niveau national.