Les régions, moteurs de la reconquête industrielle en Europe

Pour contrer la crise économique, la Commission européenne souhaite porter à 20 % la part de l’industrie dans le PIB d’ici à 2020. Un objectif auquel participeront les régions, « des partenaires trop souvent oubliés » selon Claude Gewerc.

Claude Gewerc aux côtés de Ramon Luis Valcarel Siso, président du Comité des régions, et d’Antonio Tajani, membre de la Commission européenne en charge de l’industrie.
Claude Gewerc aux côtés de Ramon Luis Valcarel Siso, président du Comité des régions, et d’Antonio Tajani, membre de la Commission européenne en charge de l’industrie.

 

Les membres du Comité des régions ont évoqué leur rôle à jouer dans la réindustrialisation de l’Europe.

Les membres du Comité des régions ont évoqué leur rôle à jouer dans la réindustrialisation de l’Europe.

Bruxelles, mercredi 10 avril. Au Comité des régions (lire par ailleurs), c’est l’effervescence. Antonio Tajani, commissaire européen chargé de l’industrie et de l’entrepreneuriat, et Ramon Luis Valcarel Siso, président du Comité des régions (CdR), interviennent à l’occasion de la troisième conférence Europe 2020, dédiée à l’industrie : « Nous saluons l’objectif ambitieux de la Commission européenne de vouloir porter à 20 % la part de l’industrie dans le PIB pour 2020. » S’adressant ensuite aux membres du Comité : « Il est nécessaire que toutes les régions européennes s’engagent dans cet effort. L’objectif de la Commission est difficile à atteindre, mais en unissant nos forces, nous y parviendrons. » La part de l’industrie dans le PIB de l’Union européenne représente aujourd’hui 16 %, mais elle varie d’un Etat à l’autre, allant de 26 % en Slovaquie à 9,8 % au Royaume-Uni. « Le fonds de cohésion étant parfaitement indiqué pour s’adapter aux différents besoins, selon le président du CdR. Cela montre que la dimension territoriale compte et qu’elle ne peut pas être ignorée lorsqu’il s’agit de chercher des solutions efficaces à l’échelle européenne. » Cette approche commune devrait permettre de créer de la croissance, de l’emploi et d’établir une politique industrielle « qui porte ses fruits ».

Peser à l’international

La politique de réindustrialisation devrait en outre permettre à l’Europe « de peser davantage sur la scène internationale », a souligné Claude Gewerc, rapporteur du Comité des régions, à l’occasion d’une table ronde dédiée à cette thématique. Le président du conseil régional a affirmé sa volonté d’aller dans le sens de la Commission européenne : « Les autorités locales sont les premières à subir les conséquences de la désindustrialisation. Elles sont aussi des partenaires, trop souvent oubliées, de la reconquête industrielle. Car c’est sur nos territoires que se joue la mutation de nos manières de vivre et de produire, que s’enracinent les écosystèmes industriels. » Pour atteindre les objectifs de la Commission, le président préconise la mise en place de pactes territoriaux « permettant de faire converger les politiques nationales et locales avec les politiques sectorielles et de cohésion de l’Union ».

Claude Gewerc aux côtés de Ramon Luis Valcarel Siso, président du Comité des régions, et d’Antonio Tajani, membre de la Commission européenne en charge de l’industrie.

Claude Gewerc aux côtés de Ramon Luis Valcarel Siso, président du Comité des régions, et d’Antonio Tajani, membre de la Commission européenne en charge de l’industrie.

Benjamin Denis, expert à la Confédération européenne des syndicats, se réjouit lui aussi de la politique industrielle menée par l’Union : « Nous nous sommes enfin rendu compte que l’ancienne stratégie, consistant à tout miser sur les services, n’était pas la bonne. Celle-ci a eu des conséquences lourdes sur l’environnement social et politique des pays membres de l’Union européenne. » Le renforcement du socle industriel « passe par la modernité » selon l’expert.
Un avis que partage Claude Gewerc : « L’avenir, ce sont les nouvelles technologies. » Les secteurs émergents comme le développement durable ou l’automobile jouent un rôle fondamental pour l’avenir de l’industrie. L’innovation n’est toutefois pas la seule pierre angulaire de cette politique. Pour Benjamin Denis, les régions devront par ailleurs « intensifier le dialogue social, contribuer à mettre en adéquation la formation des travailleurs de demain avec la réalité du marché et trouver des stratégies de reconversion pour éviter les fermetures d’usines ».