Oui à la ferme des “1 000 vaches”

Le tribunal administratif d’Amiens vient de débouter plusieurs associations réclamant la suspension de l’arrêté préfectoral du permis de construire des bâtiments et du complexe de méthanisation de la ferme dite des “1 000 vaches”, près d’Abbeville. Un coup dur pour les opposants qui vont aller devant le Conseil d’Etat.

Dans un premier temps, la ferme comptera 500 vaches et 300 veaux.
Dans un premier temps, la ferme comptera 500 vaches et 300 veaux.
Dans un premier temps, la ferme comptera 500 vaches et 300 veaux.

Dans un premier temps, la ferme comptera 500 vaches et 300 veaux.

Le tribunal administratif d’Amiens vient donc de donner raison à l’entrepreneur Michel Ramery et son grand projet de ferme dite des “1 000 vaches”. Le projet, unique en France, prévoit l’implantation de 19 000 m² de surfaces construites sur 2,5 hectares. Dans un premier temps, le permis accordé l’est pour 500 vaches et 300 veaux, mais à terme 1 750 vaches et veaux seront sur place.

Les craintes des opposants
Dans son arrêt, le tribunal administratif estime notamment que le projet ne devait pas être soumis à une étude d’impact, que les éventuelles irrégularités qui affecteraient les constructions en cours d’édification, par rapport au permis de construire délivré, sont sans incidence sur la légalité de ce dernier. Selon le tribunal, il ne ressort pas des conditions d’implantation et de fonctionnement du projet, affirmant que ce dernier serait de nature à porter atteinte à la salubrité et ou à la sécurité publique ou, encore, qu’aucun des moyens soulevés par les requérants n’est de nature à susciter un doute sérieux sur la légalité de l’arrêté du préfet.
« Ce n’est qu’un référé, nous ne sommes pas sur le fond, confie Me Grégoire Frison, avocat des plaignants. Le fond viendra en audience d’ici six mois, mais d’ici six mois, les bâtiments seront construits. Même si le tribunal annule l’arrêté, le préfet régularisera derrière. Il signera des autorisations provisoires comme beaucoup le font pour des incinérateurs. » Quelle sera donc la suite ? « Nous allons faire un recours devant le Conseil d’Etat », informe Me Grégoire Frison, qui ne se fait donc plus d’illusions.
Les opposants craignent notamment que l’exploitation porte atteinte au bien-être des animaux, et que leurs biens immobiliers perdent de la valeur, sans oublier les nuisances olfactives et sonores, comme avec le passage des camions… Autre point d’inquiétude, le méthaniseur : « Il va mélanger boues d’épurations et de déchets qui vont ensuite polluer les nappes, affirme Grégoire Frison. Je n’ai pas de jugement à porter sur cette décision mais elle est incroyable pour un projet si mal monté. Il va supprimer 40 éleveurs dans la région. Une guerre économique est engagée. Ils veulent augmenter la production agricole en France de 10%. » Légions aux Etats-Unis, en Allemagne ou aux Pays-Bas, les fermes à taille surhumaine passent mal dans notre pays : « C’est la grande peur de la peste qui revient », avait ainsi plaidé lors de l’audience Alain Vamour, conseil de Michel Ramery, pointant que chaque vache disposerait de 8 m². Une pétition de l’association Novissen (2 000 adhérents), basée à Drucat, a recueilli plus de 51 000 signatures. La Confédération paysanne est intervenue sur place pour réaliser des opérations coup de poing sur le chantier de construction. Il a été saccagé :
« Est-on conscient que chaque fois que l’on fait le choix de concentrer, de grossir un élevage, dans notre économie mondialisée, nous actions de fait la disparition de milliers de paysans à travers notre pays mais aussi à travers la planète », s’interroge Laurent Pinatel de la Confédération paysanne. Le projet de ferme des “1 000 vaches” est estimé à environ 10 millions d’euros d’investissements. Il devrait permettre l’embauche de près de dix personnes.