Pôle emploi soutient les secteurs en tension

JeanPierre Tabeur, directeur territorial Pôle emploi Somme et Aisne.
JeanPierre Tabeur, directeur territorial Pôle emploi Somme et Aisne.

Une récente enquête sur les besoins en main d’oeuvre menée par Pôle emploi a permis d’identifier les secteurs en tension dans le département pour faciliter la mise en place de dispositifs adaptés. Objectif : soutenir et encourager l’embauche dans ces métiers qui peinent à recruter.

Pour la neuvième année consécutive, Pôle emploi a mené une vaste enquête auprès de 30 000 chefs d’entreprises sur les besoins en main d’œuvre. « Dans la Somme, on répertorie 19 000 projets de recrutements cette année, soit 30% de plus que l’année dernière grâce à 4 400 projets supplémentaires. C’est la plus grande hausse enregistrée depuis les débuts de cette enquête », s’enthousiasme Jean-Pierre Tabeur, directeur territorial de Pôle emploi pour la Somme et l’Aisne. Les secteurs qui enregistrent la plus forte progression sont les services, l’industrie, l’agroalimentaire et l’agriculture. L’étude a également permis de mettre le doigt sur les secteurs en tension, c’est-à-dire ceux qui peinent à recruter, soit par manque ou décalage de compétences, soit à cause d’un déficit d’attractivité. « De nos jours, comme on exerce plusieurs métiers, on n’est plus vraiment attaché à un secteur en particulier », ajoute Jean-Pierre Tabeur.

Profils inadéquats, mobilité

Dans le département de la Somme, 45% des projets d’embauche répertoriés sont d’ailleurs jugés difficiles par les employeurs. Les métiers les plus marqués sont les ouvriers qualifiés des travaux publics, les aides à domicile et aides ménagères, les aides-soignants, les serveurs et commis de cafés/ restaurants et les ouvriers non qualifiés de gros œuvre du bâtiment. Les principaux freins relevés sont l’inadéquation des profils (78%), la nature du poste (51%), le manque de moyens financiers de l’entreprise (25%), le déficit d’image (20%) et l’absence de mobilité (16%). David Manquant, dirigeant d’Adhap, entreprise qui propose ses services pour accompagner les personnes âgées dans leur repas, leur toilette et leurs déplacements, est parfois contraint de refuser des prises en charge, faute de personnel. « À Amiens ça va, mais dès qu’on s’éloigne un peu c’est plus compliqué car de nombreux postulants ne sont pas mobiles. Or, pour faire les tournées, le permis de conduire est vraiment nécessaire », regrette-t-il. Pour attirer davantage de candidats, Brico Dépôt a récemment investi dans une salle de pause plus confortable. « Ce sont ces petits plus qui font parfois la différence », note Patrice Molenda, en charge de l’administratif dans l’entreprise. « Chez nous la particularité c’est qu’on recherche des personnes à double casquette, qui sachent vendre et qui s’y connaissent en bricolage. Bien souvent on a l’une des compétences mais pas l’autre, alors on propose de former. Mais de plus en plus, on assiste à des refus de la part des candidats ». « Chez les cadres, la formation est plutôt bien accueillie. Mais globalement, elle est assez mal perçue. Il y a ceux à qui l’école rappelle de mauvais souvenirs et il y a ceux qui pensent qu’on remet en cause leurs compétences. À nous de les convaincre que la formation sert au contraire à développer et valoriser ces compétences », précise Jean-Pierre Tabeur.

Formation, dispositifs innovants

La formation n’est pas le seul levier de Pôle emploi pour pallier ces problèmes de recrutement. « Pour répondre à ça, nous avons déployé 45 conseillers spécialisés et organisé 1 296 immersions professionnelles en 2018 », indique le directeur le directeur territorial de Pôle emploi. « L’immersion permet de faire tomber les préjugés et de découvrir des profils intéressants. Une dame qui avait passé 15 jours chez nous en observation a retenu notre attention. Par la suite, nous lui avons proposé un contrat en intérim et cet été, je pense qu’elle fera à nouveau partie de nos effectifs », ajoute Patrice Molenda. Autre dispositif innovant, la méthode de recrutement par simulation, qui permet à des candidats de faire valoir leurs compétences grâce à des tests en situation réelle. « Ici on va juger une méthodologie. Cela fonctionne notamment très bien pour le secteur de la restauration », poursuit Jean-Pierre Tabeur. Pôle emploi propose également aux candidats de valoriser leur image professionnelle (VSI) en leur permettant de développer leur savoir-être dans l’entreprise et ainsi de se démarquer auprès des recruteurs. « Un chauffeur routier par exemple fait aussi de la relation clientèle. Le permis poids lourd à lui seul ne suffit pas. Il faut être présentable et courtois sur la route. L›image de l›entreprise en dépend. » Enfin, avec les emplois francs, Pôle emploi encourage le recrutement de candidats issus de quartiers prioritaires de la ville grâce à des aides financières pouvant aller jusqu’à 5 000 euros.