Quand le Scorpion piquera l’armée de terre

A Sissonne, dans la ville artificielle du Cenzub, le chef d’état-major de l’armée de terre a présenté aux parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale le programme Scorpion. Il s’agit, tout en maîtrisant les coûts de matériels, d’augmenter les capacités de combat des unités françaises afin qu’elles affrontent et contrôlent efficacement toutes sortes de conflits internationaux, principalement en zone urbaine. Les programmes de Scorpion devraient générer 10 000 emplois.

L’hélicoptère Tigre, qui a participé à la démonstration de combats interarmes, a été présenté aux parlementaires.
L’hélicoptère Tigre, qui a participé à la démonstration de combats interarmes, a été présenté aux parlementaires.

 

Une unité de fantassins investit l'un des immeubles de la ville du Cenzub.

Une unité de fantassins investit l'un des immeubles de la ville du Cenzub.

Le centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (Cenzub), située au beau milieu du camp national de Sissonne (Aisne), a accueilli récemment le général d’armée Bertrand Ract-Madoux, chef d’état-major de l’armée de terre. Il était accompagné de parlementaires, ceux des commissions de la Défense du Sénat et de l’Assemblée nationale, et ceux qui travaillent aujourd’hui à élaborer le livre blanc de l’armée française. Il était aussi accompagné de représentants de la direction générale de l’armement (DGA) et de nombreux industriels du secteur de l’armement (Thalès, Nexter, Safran, Sagem, Renault Truck Défense, etc.).
Cette visite au Cenzub, qui fut agrémentée une heure durant d’une démonstration des capacités d’actions des forces terrestres en zone urbaine, avait pour but de présenter aux parlementaires et aux industriels toute la pertinence du programme Scorpion, et de convaincre les uns et les autres d’engager la réalisation de ce programme. Mis au point par les militaires, confortés par leur expérience des combats dans le monde actuel, Scorpion doit renouveler l’équipement de l’armée de terre, augmenter la force opérationnelle des unités françaises sur le terrain, les GTIA (groupements tactiques interarmes).

Chars, drones, hélicoptères de combat
« Le GTIA constitue l’unité tactique emblématique engagée aujourd’hui en opération, précise-t-on à l’étatmajor de l’armée de terre. Formé à partir des régiments d’infanterie, de cavalerie, du génie, d’artillerie et d’aviation légère de l’armée de terre (Alat), un GTIA comprend entre 500 et 1 500 soldats. » Scorpion vise ainsi à renouveler les capacités de combat des GTIA. « Scorpion permettra de conserver une armée de qualité, apte aux combats futurs, en dépit des contraintes budgétaires, affirme l’état-major. Les gains de ce programme sont attendus dans le domaine des opérations, de la préparation opérationnelle et du soutien. L’avenir de Scorpion est lié à celui des industriels capables de développer et soutenir ce programme. »
Devant les parlementaires, les ingénieurs de la DGA et les industriels, une unité d’un GTIA (composée de soldats du 8e RPIMA, du 1er Rama, du 12e RC, du 1er RA, du 68e RAA et du 5e RHC) a investi un quartier de la ville artificielle du Cenzub, quartier défendu par des rebelles fortement armés. L’unité à l’attaque a combiné ses intervention à celles d’un char AMX 10 RC, d’un char Leclerc, de véhicules blindés VBCI et VBL, d’un drone, de mortiers de 120 mm, et de trois hélicoptères (un Tigre, une Gazelle, et un Puma).

L’hélicoptère Tigre, qui a participé à la démonstration de combats interarmes, a été présenté aux parlementaires.

L’hélicoptère Tigre, qui a participé à la démonstration de combats interarmes, a été présenté aux parlementaires.

Le but de cette démonstration dynamique a été de souligner, dans les commentaires adressés aux parlementaires et aux industriels, toutes les difficultés de liaison, de compréhension rapide du champ de bataille en zone urbaine par les forces au combat, et de protection des phases de débarquement et d’embarquement des combattants, difficultés que doivent éliminer les réalisations du programme Scorpion.

Huit brigades à livrer d’ici à 2026
« Scorpion doit moderniser les GTIA, les faire évoluer et les renforcer de façon coordonnée, novatrice et dans un souci de maîtrise des coûts », a insisté le général Bertrand Ract- Madoux. Scorpion prévoit notamment la mise en service de nouveaux véhicules blindés simples et évolutifs (car les blindés actuels de l’armée française, mis à part le char Leclerc, sont à bout de souffle), la mise en réseau de tous les intervenants dans le combat grâce à un seul système de communication (il y en a huit aujourd’hui), le développement de nouveaux procédés de combat et l’utilisation de leur simulation embarquée. Scorpion prévoit surtout que sa mise en oeuvre soit « assistée par un architecte industriel unique veillant à l’interconnexion et l’intégration des nouveaux équipements ». L’objectif que l’armée de terre assigne à Scorpion, c’est la transformation et la livraison, entre 2013 et 2026, de huit brigades interarmes correspondant à 31 GTIA : 4 GTIA à dominante chars Leclerc, 8 à dominante véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI); 12 à dominante véhicules blindés multi-rôles (VBMR) et 7 à dominante engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) avec leurs appuis.