Quelles émissions CO² se cachent derrière l’utilisation d’Internet ?

Grâce à l’empreinte carbone des données mobiles précisée sur la facture des opérateurs, depuis début 2022, il est possible de se rendre compte que vos 100 Go de forfait consommés pendant le mois correspondent à plus de 10 kilomètres parcourus en voiture thermique. Comment réduire l’impact environnemental lié à votre utilisation d’Internet ?

(c)Who is Danny
(c)Who is Danny

Selon l’Arcep, Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse, le coût environnemental du numérique représente aujourd’hui 2,5% de l’empreinte carbone nationale. Un chiffre qui devrait grimper à 6,7% à l’horizon 2040, si rien n’est fait pour limiter la casse. Internet compte pour beaucoup dans cette empreinte carbone.

À la question « Quel est le réseau le plus écolo ? », beaucoup s’appuient sur une étude de l’Arcep pour conclure que les réseaux mobiles sont loin de se montrer vertueux dans ce domaine. La 4G consommerait ainsi 0,6 kWh par gigaoctet téléchargé, contre dix fois moins pour la fibre et trois fois moins pour l’ADSL.

C’est toutefois sans compter avec la 5G, qui apporte des gains significatifs en la matière. L’autorité de régulation estime qu’en zone dense, les besoins en énergie d’un réseau 5G pourraient être divisés par 10 par rapport à la 4G, d’ici 2028. En ville, le rapport kWh/Go de la 5G devrait donc progressivement se rapprocher de celui de la fibre. Les gains resteront par contre beaucoup plus limités dans les zones peu denses. Notez que l’Arcep dédie un dossier permanent à « L’empreinte environnementale du numérique », complété par un rapport « Pour un numérique soutenable ».

Comment réduire sa consommation de données ? En limitant autant que possible les transferts les plus massifs, ceux liés à la vidéo. Ceci peut passer par plusieurs voies : opter pour une résolution de rendu plus faible (HD 720p au lieu de la 4K, par exemple) ; préférer le téléchargement au streaming, notamment pour les flux qui seront visionnés plusieurs fois ; mais aussi couper sa caméra lors de visioconférences.

Et les réseaux ? Et les terminaux ?

Dans une note technique « Impact carbone de la connexion à Internet », la structure Objectif Carbone - conseil en stratégie énergie climat - alerte sur le poids des infrastructures de communication dans les émissions de gaz à effet de serre. Le cabinet de conseil estime que le déploiement de 1 km de fibre engendre 2 tonnes de CO² d’émissions de gaz à effet de serre. Ce qui se traduit par environ 1 kg de CO² par an et par abonné au réseau, en se basant sur une durée d’exploitation de 50 ans… soit trois fois plus que les émissions provoquées par le déploiement d’un réseau mobile.

Enfin, dans son rapport sur « La face cachée du numérique », l’Ademe, Agence de la transition écologique, rappelle que près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre liées au numérique ne sont pas dues aux infrastructures réseau ni aux datacenters, mais aux équipements des consommateurs. Une box Internet consomme ainsi, à elle seule, entre 150 et 300 kWh par an, soit autant qu’un réfrigérateur de bonne taille. La fabrication des smartphones représente un gros impact environnemental : de 50 à 85 kg de CO² sur toute leur durée de vie, d’après les constructeurs. Les ordinateurs de bureau ont le mérite d’être renouvelés moins souvent, mais ils consomment, en moyenne, plus de 10 fois plus d’énergie et leur assemblage émet beaucoup de CO².

Avoir un usage d’Internet plus responsable n’est pas chose aisée, car de nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Un citadin consommant avec modération de la vidéo HD en 5G aura moins d’impact qu’un autre citadin consommant, chaque soir, de la 4K sur son équipement de salon. Le bon réflexe reste de limiter la fréquence du renouvellement de son matériel, tout en réfléchissant à des actions permettant de réduire progressivement sa consommation de données. « Le streaming, j’arrête quand je veux ».

Chiche ?