Va t-on extraire des granulats en baie ?

La seconde réunion de la commission de réflexion sur l’éventualité d’extraction de granulats marins à l’ouvert de la baie de Somme vient de se dérouler à Saint-Valery-sur- Somme. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le dossier est ardu, long et sujet à controverses...

Vaste sujet que celui débattu à Saint-Valery.
Vaste sujet que celui débattu à Saint-Valery.

 

Vaste sujet que celui débattu à Saint-Valery.

Vaste sujet que celui débattu à Saint-Valery.

Le 20 janvier, Christian Manable, président du conseil général de la Somme a installé une commission de travail chargée de réfléchir à l’interaction positive éventuelle entre extractions massives de granulats marins dans le delta extérieur de la baie de Somme et désensablement de l’estuaire. Une seconde réunion vient de se dérouler à Saint-Valery-sur-Somme.

Naturel et inéluctable
« La décision, eu égard au remarquable écosystème que représente la baie de Somme ne peut pas être prise à la légère, estime Christian Manable. La baie de Somme comme tous les estuaires à l’échelle du globe, est en voie de colmatage, ce qui constitue un phénomène naturel et inéluctable. Il faut aussi, cependant, tenir compte des effets de la hausse du niveau marin qui, à long terme, permettra peut être à chaque marée, qu’une plus grande surface de l’estuaire soit submergée. Mais nous sommes là dans le très long terme et même si aujourd’hui il conviendrait d’agir, les réalités scientifiques, économiques et sociales mais surtout juridiques nous amènent à être patients et mesurés. » Cette commission, co-présidée avec Jean- Claude Buisine, le président du syndicat mixte baie de Somme grand littoral picard, se compose de quatre groupes de travail : faisabilité technico-économique; intérêt éventuel pour la dynamique sédimentaire; acceptabilité environnementale et socio-économique et contraintes juridiques.

Six ans de procédures
« L’exploitation de ces granulats peut- elle être rentable pour les carriers ? Quelle est leur demande en la matière ? » A cette question, Daniel Maton du BRGM a répondu qu’il fallait d’abord avoir connaissance de la nature, de la localisation et la quantité de ces granulats : « L’absence de port en haut profonde est indispensable pour s’affranchir des contraintes des marées », a t-il estimé. Autre bémol, l’impossibilité de transporter les granulats via le canal de la Somme.
« Cette exploitation serait-elle susceptible de ralentir, voire d’inverser, le phénomène de comblement de l’estuaire et des chenaux d’accès portuaires ? Mais quel prix pour le cordon littoral ? ». Autre sujet vaste. Pour Fernand Verger de l’école nationale supérieure de Paris la seule manière de ralentir l’ensablement est notamment d’utiliser le canal de la Somme pour créer un effet de chasse suffisant des sédiments.
« La remise en suspension des fines provoquée par le dragage ne risque-t-elle pas de porter atteinte aux écosystèmes estuariens et aux activités économiques qui en dépendent ? » La baie de Somme comme tous les estuaires est une vraie nurserie : « Une exploitation risque d’avoir des concéquences sur ces poissons », estime Jean- Paul Delpech de l’IFREMER. Toutes les pêches pourraient donc être impactées selon les lieux de draguage. Reste par la suite à déterminer les lieux.
« Une telle exploitation est-elle sérieusement envisageable d’un point de vue réglementaire ? » Gaelle Schauner du syndicat mixte baie de Somme-Grand littoral picard a souligné que les démarches administratives devraient durer six ans. Les membres du futur parc naturel marin de Picardie- Côte d’Opale – qui devrait être créé sous peu – prendront le relai de « ce sujet inépuisable », selon Christian Manable.