VIP-Groupe Méca : trois filiales pour une ambition

Cette holding née en 1998 anime trois sociétés industrielles : Smit, Celdran et Mécaeurope. Son président actuel a lancé en 2011 la lourde réorganisation du groupe, dont l’assainissement des finances. Focus sur la remise sur pied d'un fleuron industriel picard.

Docteur en physique, Stéphane Cayet a passé près d'un an à la propulsion navale nucléaire française.
Docteur en physique, Stéphane Cayet a passé près d'un an à la propulsion navale nucléaire française.
Docteur en physique, Stéphane Cayet a passé près d'un an à la propulsion navale nucléaire française.

Docteur en physique, Stéphane Cayet a passé près d'un an à la propulsion navale nucléaire française.

Nommée autrefois MécaEurope SA, la société avait été constituée le 1er octobre 1998 par trois ex- cadres dirigeants de l’entreprise Solétanche-Bachy. Leur objectif : racheter deux de ses filiales, dont Solétanche devait se séparer suite à son rachat par Vincy. Ainsi, Bernard Cayet, le père de l’actuel dirigeant, et deux de ses collègues emportent le rachat de Smit et Celdran. « En 2000, les fondateurs lancent l’industrialisation de Mécaeurope, qui aboutit fin 2001 » pour créer une activité complémentaire de celle des deux autres filiales, explique le président du groupe. Un vaste terrain est acquis en zone industrielle de Tergnier-Condren. « La mairie de Tergnier s’est beaucoup impliquée, obtenant des aides régionales et européennes, et finançant le projet en crédit-bail : nous serons propriétaires en décembre 2016 », souligne l’entrepreneur. Un atelier est construit, notamment doté de moyens de levage importants (40 tonnes) pour accueillir des outillages de grande envergure, occupant chacun près de 300 m2 au sol. Mais les activités déçoivent en raison de la crise du début des années 2000 : il a fallu renoncer à une partie du projet et réduire les effectifs. L’entreprise « souffre par ailleurs de son organisation : Mécaeurope est à la fois holding et entreprise industrielle. Elle n’a plus non plus de direction propre après 2004 (avec le non-remplacement du directeur). Elle n’a, enfin, plus de direction du tout après 2006 avec le retrait, pour raisons de santé et de famille, des deux fondateurs du projet », souligne Stephan Cayet, qui n’est pas encore aux affaires, trop occupé à une carrière à l’international chez PSA Peugeot Citroën. Il est pourtant président depuis la création, mais en qualité d’ « homme de paille » derrière les deux dirigeants fondateurs, et ce, jusqu’en 2008 où il décide enfin de s’impliquer directement. C’est donc à lui qu’incombera de lancer le vaste projet de réorganisation nécessaire pour retrouver le succès et la rentabilité.

Un parcours exceptionnel

Ce président atypique a pu s’appuyer sur sa riche expérience et son regard original : docteur en physique (université Paris XI-Orsay), il est entré chez Citroën en CDD comme simple vendeur, après quatre années comme chercheur au CNRS. « Je suis passionné de voitures, et je voulais en faire mon métier », confesse-t-il. Enthousiaste et motivé, il rejoint rapidement la direction de l’innovation de PSA et porte un projet de véhicule connecté, utilisant la technologie télématique pour envoyer un message automatique de détresse en cas d’accident. « J’ai eu l’occasion de faire du lobbying industriel de haut niveau devant la Commission européenne à Bruxelles », révèle Stephan Cayet, parvenant à faire triompher les vues de l’industrie et des services de secours européens devant les politiques. Mais cette réussite n’est pas bien vue par tous chez PSA : n’en obtenant pas la reconnaissance attendue, il quitte PSA en juillet 2012, au beau milieu de la réorganisation de son groupe picard.

Une réorganisation menée tambour battant

Ainsi, un directeur des opérations, « qui a vite été l’homme de la situation », explique le président, est engagé en janvier 2010 chez Mécaeurope, en préambule à la restructuration juridique et sociale du groupe lancée le 2 décembre 2011 pour en clarifier la structure et la direction. Ainsi sont créées deux filiales nouvelles (Smit SAS et Mécaeurope SAS), pour recevoir en mai 2012 l’activité complète des sociétés homonymes d’origine, qui sont alors fusionnées “vides” le 30 juin 2012 et rebaptisées VIP SA (Vermandoise d’investissement et de participation), emportant la totalité des terrains et des bâtiments, et quelques salariés dédiés à des missions désormais concentrées au siège de la holding. En mai 2014, après plusieurs mois de négociations, cette nouvelle organisation livre son premier résultat : le groupe emporte « la reprise de l’activité de Sandvik qui ferme le site de Chauny, avec laquelle nous doublons notre son parc machines entre 2013 et 2014 », relate le président de VIP – Groupe Méca, nouveau nom commercial de la holding depuis juillet dernier. Pour sa part, Mécaeurope SAS compte aujourd’hui 18 salariés pour 1,5 million de chiffre d’affaires en 2013. Les deux autres filiales du groupe, Celdran & Smit, comptent respectivement 37 et 48 salariés pour 5 et 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013. Si Mécaeurope est peu spécialisée, assurant tous types d’opérations d’usinage, de chaudronnerie et de mécanosoudure dans la grande dimension et les fortes masses, Celdran est spécialisée dans la mécano-soudure et la remise en état de matériels de forage et de parois moulées des travaux publics, tandis que Smit conçoit, fabrique et installe des machines spéciales, essentiellement pour l’industrie automobile et ses sous-traitants comme Saint-Gobain, Faurecia ou Montupet par exemple. « Le CA cumulé du groupe devrait dépasser les 13 millions d’euros en 2014 », conclut Stephan Cayet. Et les résultats sont enfin en ligne avec les ambitions du groupe, Mécaeurope devant sortir cette année de son déficit structurel et livrer son premier bénéfice. Suite à la conséquente restructuration qu’il a menée, Stephan Cayet espère livrer un million d’euros de résultat pour le groupe en 2014. Un exemple à suivre que cette industrie picarde conquérante et dynamique dans des secteurs pourtant malmenés par les délocalisations ces dernières années.