À Boran-sur-Oise, la plage de Lys Chantilly traverse les années

Inaugurée en 1933, la plage de Lys Chantilly était le rendez-vous prisé des Parisiens. Le site a retrouvé un second souffle en 2006 après 30 ans de fermeture.

Le site, conçu par Eugène Tiercinier, est aujourd'hui classé monument historique (© Aletheia Press / L. Brémont)
Le site, conçu par Eugène Tiercinier, est aujourd'hui classé monument historique (© Aletheia Press / L. Brémont)

Les nappes de brouillard se lèvent sur l’Oise en ce matin d’octobre. Sur la rive gauche de Boran-sur-Oise, des bâtiments blancs, soulignés de lierres aux teintes automnales, un bassin et même un toboggan à rail se dessinent. C’est la plage de Lys Chantilly. Un lieu mythique dont l’histoire s’est écrite en pointillés. Depuis six ans, Guillermo Spivak fait revivre l’endroit et rêve d’en faire un lieu culturel.

Fernandel et Gabin

« La plage a été inaugurée en 1933, retrace Guillermo Spivak. C’est ensuite l’époque des congés payés. Les gens ont du temps libre mais ont peu de moyens pour se déplacer ». Boran-sur-Oise possède une gare et n’est séparée de la capitale que par une quarantaine de kilomètres. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire la destination préférée des Parisiens, toutes classes confondues. « Il y avait des affiches publicitaires dans la gare du Nord pour se rendre à la plage de Lys. Des célébrités comme Fernandel, Jean Gabin qui n’habitait pas très loin, venaient mais cela restait un lieu populaire », poursuit Guillermo Spivak.

Certaines célébrités se rendaient à Boran-sur-Oise en hydravion. (© Aletheia Press / L. Brémont)

Sur des images d’archive et les photos d’époque, on peut voir des nageurs s’élancer sur des petites luges de bois glissant sur les rails du toboggan ou des skieurs nautiques s’affronter lors d’un concours. Le bassin extérieur à vagues artificielles est alors une grande attraction. On s’y baigne donc mais on y mange et on y danse également. La seconde Guerre Mondiale entraine une fermeture temporaire. Plus tard, l’avènement des piscines municipales et de la voiture rend le site passé de mode. Il ferme (presque) définitivement dans les années 1990.

En 2005, la municipalité rachète le bail emphytéotique initial qui courait jusque 2032 et choisit Guillermo Spivak pour poursuivre l’aventure et lentrepreneur argentin démarre les premiers travaux. Les visiteurs reviennent le week-end, dès 2006, dans les bâtiments imaginés par l’architecte Eugène Tiercinier.

Restaurants et rendez-vous culturels

Plus question de profiter de la baignade pour raisons de sécurité et d’hygiène. Pour autant, un bar/ restaurant anime le lieu et des événements privés tels que des mariages, des séminaires se déroulent régulièrement, notamment dans un ancien hangar aménagé en salle. L’atmosphère atypique séduit des entreprises internationales comme Amazon. « Le tournage de Boyard land s’est déroulé pendant un mois et demi l’année dernière », se souvient également Guillermo Spivak.

S’appuyant sur ses expériences passées dans le domaine artistique et culturel, Guillermo Spivak accueille notamment des festivals. Des indicateurs positifs partiellement balayés par la crise sanitaire. Avec le Covid, la grille de fer, à l’entrée de la plage, est de nouveau abaissée tandis que le parking de près d’un hectare est condamné par la municipalité. Des places de stationnement qui restent aujourd’hui inaccessibles. « Dans ces conditions, j’ai dû limiter mon activité. Je n’ouvre que sur réservation pour des groupes. Si le nombre de participants est trop élevé, je dois refuser. »

Une situation que le gérant espère temporaire. En attendant, il fourmille d’idées pour exploiter le bassin et les 200 cabines qui ne peuvent être modifiés puisque classés « Monument historique ». Mais il souhaite surtout développer les actions culturelles, par exemple, il verrait bien une troupe de théâtre jouer une version de Roméo et Juliette en plein air. « Les événements privatifs sont indispensables pour que l’activité soit viable économiquement. Ils permettent que la plage reste accessible à tous et d’envisager des partenariats avec des associations qui n’ont pas de moyens », résume le chef d’entreprise.