À Fontenay-Torcy, le Thérain rejoint son lit

La préfète de l'Oise était en visite dans la vallée du Thérain, le 23 mai, pour visiter notamment le chantier de restauration de la continuité écologique de la rivière à Fontenay-Torcy.

Catherine Séguin, préfète de l'Oise, lors de ses échanges avec les agents de l'OFB et avec Alain Bouteleux (à gauche en arrière), maire de la commune et propriétaire du Moulin Cleutin. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Catherine Séguin, préfète de l'Oise, lors de ses échanges avec les agents de l'OFB et avec Alain Bouteleux (à gauche en arrière), maire de la commune et propriétaire du Moulin Cleutin. (© Aletheia Press / B.Delabre)

« Il faut faire de la pédagogie ». Catherine Séguin, préfète de l'Oise, était en tournée écologique dans le pays de Bray. Elle a notamment visité le chantier de restauration de la continuité écologique du Thérain à Fontenay-Torcy. Un projet, a priori, qui ne fait pas l'unanimité sur le territoire. « Nous avons beaucoup de promeneurs par ici. Quand ils voient ce chantier à 325 000 € [TTC, ndlr], ça les heurte. Ils se demandent pourquoi on ne le laisse pas l'endroit comme il était », commente Alain Bouteleux, maire de la commune et propriétaire du Moulin Cleutin.

Un cours perturbé

Il faut dire que le lieu est aussi verdoyant que bucolique, et on n'y décèle pas au premier coup d'œil un impact très néfaste de l'homme sur la nature. C'est l'ancien bief du moulin qui est pointé du doigt. Comme les autres ouvrages de ce type, il perturbe le cours de la rivière, avec une rupture de pente assez brutale de deux mètres de hauts qui accélère la vitesse de l'eau. Avec, pour résultat immédiat, une difficulté pour les poissons (notamment les truites) à remonter le cours d'eau. Et en aval, une érosion accrue des rives, synonyme de dispersion et d'envasement.

Piloté par l'Office français de la biodiversité de l'Oise (OFB), en lien étroit avec la direction des territoires (DDTM) et le syndicat intercommunal de la vallée du Thérain, le chantier procède donc à l'étalement de la rupture de pente. En clair, le cours du Thérain est allongé avec la création de méandres, afin d’absorber le dénivelé sur une plus grande distance. Ce tracé rejoint le fond de talweg, qui correspond au lit normal de la rivière. Paradoxalement, grâce à l'intervention des bulldozers, le Thérain va ainsi retrouver un fonctionnement naturel, et ainsi aussi gagner en résilience...

À droite, l'actuel chemin emprunté par le Thérain. À gauche, le débouché du nouveau lit, qui est précédé de plusieurs méandres. (© Aletheia Press / B.Delabre)

S'adapter

« Nous sommes dans une optique d'adaptation pour affronter ce qui est devant nous : le changement climatique et l'érosion de la biodiversité », explique le directeur de l'OFB des Hauts-de-France, Patrick Bertrand. « En rendant la vie aux cours d'eau, il y a un meilleur écoulement, une meilleure épuration de l'eau, plus de biodiversité... Tout le monde est gagnant », insiste Claude Souiller, directeur de la DDT de l'Oise. Un point de vue que la préfète, qui vient de prendre un arrêté sécheresse pour le département, entend et partage.

Reste à convaincre la population. Sur le Thérain, entre Grumesnil à Montataire, pas moins d'une centaine d'anciens moulins, tous privés, sont recensés, avec pour chacun un ouvrage similaire à celui de Fontenay-Torcy à effacer... Un travail de (très) longue haleine est entamé.