À Noyon, on recrute grâce au théâtre et à la photographie

« Un autre Reg'Art sur mes talents », c'est la nouvelle méthode de recrutement testée par Pôle emploi Noyon. Jouer des saynètes devant des recruteurs et organiser une exposition photo pour travailler la confiance en soi... une façon de se présenter, de se rencontrer qui mise avant tout sur l'être.


À Noyon, on recrute grâce au théâtre et à la photographie

Pôle emploi innove de nouveau dans le système de recrutement. Si le traditionnel entretien d'embauche n'est pas effacé, la première rencontre bouscule, encore une fois, les habitudes. Déclinaison du dispositif régionale "L'art d'accéder à l'emploi", la méthode "Un autre Reg'Art sur mes talents" a été imaginée par l'agence de Pôle emploi Noyon, qui vient d'être testée pour la première fois, et qui sera certainement étendue à d'autres agences. Avec cette dernière, exit les sourires crispés, les mains moites, les mots perdus et les regrets. La première rencontre entre demandeurs d'emploi et entreprises se fait dans la décontraction... l'objectif demeure toutefois sérieux. « Le but, à la fin, c'est le recrutement », affirme Marie-Christine Hazard, directrice de Pôle emploi Noyon. Cette démarche sérieuse étonne, et détonne.

Au Théâtre du Chevalet à Noyon, les sept recruteurs, parmi un petit public, ont assisté à trois saynètes imaginées et jouées par les neuf candidates, accompagnées par Olivier Cariat, metteur en scène de la compagnie noyonaise Conte la d'ssus. Elles ont fait sourire, rire, et ont inspiré une réelle sympathie. Finalement, cette première rencontre est davantage authentique. « C'est un entretien de connaissance, explique de façon bienveillante Marie-Christine Hazard. Avec cette méthode, les candidates se présentent différemment. »

Un travail sur soi

Si "Un autre Reg'ARt sur mes talents" connecte d'une façon originale les recruteurs et les candidats, l'enjeu sous-jacent de cette technique est aussi d'aider les demandeurs d'emploi à valoriser leurs qualités, et à vaincre leur timidité ou leur complexe. Parce que l'art impulse un nouveau regard sur soi-même, un travail intérieur s'enclenche. Une libération de la parole s'opère par la suite. « La prise de parole avec le théâtre les a aidées, commente la directrice. Car elles avaient des difficultés à s'exprimer en entretien. » Pour en arriver là, les candidates ont démontré de la motivation et de la détermination : elles ont justement travaillé durant quatre semaines et ont enjambé leurs barrières intérieures. « Le théâtre a permis de travailler la confiance en soi car ce n'est pas un exercice simple, témoigne Mélissa, 31 ans. J'ai toujours rencontré des difficultés à me présenter durant un entretien d'embauche. Maintenant, j'ai débloqué des choses en moi. Et j'ai même envie de continuer le théâtre ! »

Mélissa et Jessica font partie des sept candidates qui ont participé à ce nouveau dispositif.

Utiliser l'art pour recruter présente désormais, pour Pôle emploi, un levier de développement personnel en faveur du retour à l’emploi. « Que ce soit par une approche esthétique, technique ou émotionnelle, l’œuvre artistique permet à chacun d’exprimer, sans risque, son ressenti et de mettre en avant des qualités personnelles, note la directrice de Pôle emploi Noyon. En quatre semaines, les candidates ont changé, c'est incroyable. Et ça leur servira toute leur vie. »

Une nouvelle façon de recruter

Autre enjeu : aider les entreprises à recruter. À l'heure des C.V anonymes et des recrutements par simulation, le savoir-être et la motivation deviennent des qualités essentielles pour obtenir un poste, et de plus en plus d'entreprises utilisent ces nouvelles méthodes, convaincues que les compétences s'acquièrent en entreprise. « Ce qui est sûr, c'est que nous avons donné de nous-mêmes ! », explique Jessica, 37 ans.

Ce jour-là, sept entreprises locales du secteur de l'aide à la personne étaient présentes, représentant, qui plus est, un secteur en tension qui a du mal à recruter. « Nous avons choisi les profils compétents mais surtout motivés car notre mission est aussi d'aider les entreprises à recruter », note encore Marie-Christine Hazard.