Aéroport de Beauvais-Tillé : investir pour accompagner la croissance naturelle

Un nouveau concessionnaire, qui reste à désigner, est attendu début 2024 à l'Aéroport de Beauvais-Tillé. L'établissement public délégataire attend de lui de lourds investissements sur les infrastructures.

L'aéroport de Beauvais-Tillé veut se mettre en capacité d'accueillir plus de passagers, mais aussi de nouveaux types d'avions, par exemple à hydrogène. (© SAGEB - Aéroport Paris-Beauvais)
L'aéroport de Beauvais-Tillé veut se mettre en capacité d'accueillir plus de passagers, mais aussi de nouveaux types d'avions, par exemple à hydrogène. (© SAGEB - Aéroport Paris-Beauvais)

Accompagner la croissance... Voilà en quelques mots résumés les objectifs que se fixe l'aéroport de Beauvais-Tillé pour les 30 ans à venir, alors que vient d'être lancé le grand appel à concurrence pour l'obtention de sa gestion. En effet, si la structure vient de battre un record historique avec plus 4,6 millions de passagers en 2022, elle ne court pas spécifiquement après une augmentation de fréquentation, mais cherche à accompagner une croissance naturelle. « On a besoin de cette capacité pour accueillir le trafic naturel de l'aéroport qui continue à augmenter, explique Philippe Trubert, directeur du Syndicat mixte de l'Aéroport de Beauvais-Tillé (SMABT). Si la demande est là, on doit être en capacité de la traiter. »

Or, pour l'instant, la demande est là. Au regard de la fréquentation de 2022, le SMABT estime ainsi disposer d'un socle de cinq à six millions de passagers par an. Et ce même si l'effet de la hausse des prix des billets (suite à celle des prix des carburants et des coûts d'exploitation), reste difficile à anticiper. « Nous sommes sur des hypothèses de croissance raisonnables, entre 1 et 2 % par an », poursuit le directeur de l'établissement public. De quoi conduire Beauvais-Tillé à près de huit millions de voyageurs à l'horizon 2050…

Des infrastructures évolutives

C'est donc surtout d'infrastructures dont l'aéroport veut se doter. Et c'est sur ce terrain, notamment, que les candidats à la concession seront jugés. « L’objectif, c'est surtout d'accélérer le changement de modèle de l'aéroport, défend encore Philippe Trubert. Notamment de pouvoir bénéficier de nouvelles infrastructures, plus confortables avec une meilleure qualité de services, avec aussi une meilleure performance environnementale. On ne pourra pas continuer à accompagner les passagers, les avions et les partenaires dans les conditions que l'on a actuellement. »

En 2022, 4,6 millions de passagers ont transité par Beauvais-Tillé. Ils pourraient être 8 millions en 2050. (© SAGEB - Aéroport Paris-Beauvais)

C'est aussi pourquoi le nouveau contrat de concession a été bâti sur une durée assez longue de 30 ans : pour permettre aux futurs exploitants d'engager d'importants investissements et avoir le temps de les amortir. La valorisation du contrat est estimée à quatre milliards d'euros sur 30 ans, mais le programme d'investissement s'annonce aussi très lourd. Le phasage des investissements est donc primordial. Pour accompagner plus de passagers, mais aussi des avions d'un autre type. « Peut-être qu'en 2040 ou 2045, on aura des avions qui fonctionnent à l'hydrogène, par exemple, illustre Philippe Trubert. Il faudra que les infrastructures de l'aéroport aient accompagné cette transition et aient des capacités de stockage et de distribution d'hydrogène sur la plateforme. »

Contrat de concession : la concurrence ouverte

Au total, quatre candidats ont été retenus début février par l'établissement public. Deux géants du secteur : Vinci Airports et l'italien Save. Mais aussi deux consortiums. L'un est porté par Egis Airport, associé notamment à Bouygues. Et l'autre porté par la CCI de l'Oise et l'opérateur Transdev, associés au géant du BTP NGE. Ils disposent de quelques mois pour constituer leurs dossiers, avant que le SMABT prenne, après analyse, une décision, et cède les clés à l'heureux concessionnaire au 1er janvier 2024…


Un aéroport attractif

Le record de fréquentation de 2022 a de quoi enthousiasmer les délégataires de l'aéroport. Il vient en tout cas conforter une stratégie mise en place en 2020, en faisant de Beauvais-Tillé le seul aéroport régional à avoir retrouvé une fréquentation post-Covid normale. En particulier, le fait que l'infrastructure puisse désormais accueillir des avions basés (de la compagnie Ryanair) a clairement changé la donne. Ainsi que l'arrivée en novembre d’EasyJet, avec l'ouverture de nouvelles lignes, particulièrement vers le sud de l'Europe (Lisbonne, Nice, Milan Malpensa). Pour le reste, Beauvais profite toujours de son positionnement low-cost, et d'une zone de chalandise qui le rend complémentaire des aéroports parisiens. « La proximité de Paris, c'est clairement l'atout de l'aéroport de Beauvais, défend Philippe Trubert. La complémentarité existe. Notre zone de chalandise ne repose pas sur l’Île-de-France, mais sur une clientèle familiale, essentiellement originaire des Hauts-de-France et de Normandie. »