Agriculture : la Région Hauts-de-France se penche sur le renouvellement des générations

Début juillet, la Région Hauts-de-France organisait à Amiens les États régionaux du renouvellement des générations. Une rencontre inédite qui a permis d’évoquer les grands enjeux autour de la transmission et de l’installation des agriculteurs.

<figure class="redactor-keep-figure redactor-component" data-redactor-type="image"><img src="https://www.picardiegazette.fr/thumbs/1000×1000×max/Gaz80Agriculture0107AmiensDLP2.jpg" data-image="1"><figcaption tabindex="-1" contenteditable="true">La France a perdu 100 000 exploitations en dix ans. ©Pixabay</figcaption></figure>
<figure class="redactor-keep-figure redactor-component" data-redactor-type="image"><img src="https://www.picardiegazette.fr/thumbs/1000×1000×max/Gaz80Agriculture0107AmiensDLP2.jpg" data-image="1"><figcaption tabindex="-1" contenteditable="true">La France a perdu 100 000 exploitations en dix ans. ©Pixabay</figcaption></figure>

« L’installation et la transmission agricole sont des enjeux clés, au niveau national comme au niveau régional. C’est une question de souveraineté alimentaire. Le contexte géopolitique nous a rappelé à quel point nous avons besoin d’une agriculture forte et solide », observe Marie-Sophie Lesne, vice-présidente des Hauts-de-France à l’Agriculture, l’agroalimentaire et la bioéconomie.

En Hauts-de-France, 2/ 3 des terres du territoire ont une vocation agricole et le secteur contribue à l’emploi de 110 000 personnes (source ministère de l’Agriculture). Des chiffres forts qui cachent cependant une autre réalité : Plus de la moitié des chefs d’exploitation ont plus de 50 ans et seulement 8% moins de 30 ans. Un agriculteur sur deux arrivera à l’âge de la retraite dans les dix prochaines années.

« On compte aujourd’hui entre 900 et 1 000 installations pour 1 400 départs à la retraite. Le renouvellement des générations doit être une question prioritaire » poursuit Marie-Sophie Lesne.

Favoriser le renouvellement des générations

Un avis pleinement partagé par Olivier Dauger, président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France. « Il ne peut y avoir d’évolution de nos métiers sans installation. Cette perte de vitesse doit nous interroger : oui, la situation est plus complexe qu’à l’époque de nos grands-parents, mais les agriculteurs savent se remettre en question et s’adapter aux changements », souligne celui pour qui une installation réussie passe par une bonne préparation et un bon accompagnement.

Sur ce plan, la région peut se prévaloir d’un réseau fort, composé d’acteurs comme la Chambre d’agriculture, Initiative Paysanne, les Jeunes agriculteurs, Terre de Liens, À Petits Pas ou encore la Safer. Tous accompagnent les porteurs de projets issus ou non du monde agricole et permettent de mobiliser plusieurs aides pour lever les freins à l’installation. Parmi elles, la Dotation jeunes agriculteurs (DJA), qui, depuis 2014 a été octroyée à 1 046 jeunes agriculteurs pour un total de 26 millions d’euros.

La Région a réuni les acteurs de la filière agricole. (© Aletheia Press / DLP)

L’Aide régionale spécifique à l’installation (ARSI), mise en place en 2019 vient en complément de la DJA. Dotée d’une enveloppe de 600 000 euros, elle doit accompagner 60 installations par an. Enfin, depuis 2016, le prêt à taux zéro a été généralisé dans tous les Hauts-de-France. 64 porteurs de projets ont pu en bénéficier entre 2016 et 2019 pour un montant total de 1,9 million d’euros.

La Région investit massivement

En plus de ces aides, la Région des Hauts-de-France a élaboré un Plan d’actions régionales doté d’une enveloppe d’1,1 million d’euros par an. Une somme qui permet de soutenir des outils comme les Points accueil installation transmission (PAIT) coordonnés par la Chambre d’agriculture, le plan "Acti’v ton installation" ou encore le Programme régional pour la création et la transmission en agriculture. Enfin, afin de faciliter l’accès au foncier, qui reste un frein majeur à l’installation de nouveaux acteurs, la Région a élargi son partenariat avec la Safer à tout son territoire en signant une nouvelle convention en 2019 dans l’objectif de soutenir 15 nouvelles installations sur la période 2019/ 2023.

L’installation aidée en chiffres

D’après une enquête menée entre 2011 et 2020 par l’Observatoire des Hauts-de-France des installations aidées en agriculture, la région a enregistré en dix ans 2 723 installations aidées (DJA ou ARSI).

De façon générale, les nouveaux agriculteurs sont plutôt des hommes âgés de 29 ans, titulaires d’un bac agricole ou plus. Les femmes ne représentent que 24% des projets accompagnés et 13% sont portés par des bénéficiaires non-issus du monde agricole. Les productions végétales et animales représentent 53% des installations contre 40% pour les celles uniquement tournées vers le végétal et 24% pour l’animal.

Des chiffres qu’il faudrait sans doute doubler, puisque de nombreux acteurs décident de se lancer sans faire appel aux différents dispositifs existants. En 2020 par exemple, 55% des installations n’ont pas bénéficié d’aides, notamment à cause d’une mauvaise connaissance des critères d’éligibilité.

Le renouveau de l’agriculture passe aussi par l’arrivée des néo-paysans

Si la part des transmissions familiales diminue de plus en plus, de nouveaux acteurs apparaissent : les néo-paysans. « Ils sont souvent urbains et projettent beaucoup de choses dans l’agriculture », explique Cécile Gazo, doctorante en sociologie qui réalise actuellement une thèse sur les différents instruments d’aide et d’accompagnement à l’installation en agriculture. Contrairement aux décennies précédentes, ces néo-agriculteurs associent projet de vie et projet économique.

« Ils ont une vision plus entrepreneuriale des choses », confirme Cécile Gazo qui évoque les enjeux pour les structures d’accompagnement à capter ce nouveau public. « En Hauts-de-France il existe un véritable dialogue entre les différents acteurs, bien plus que dans d’autres régions. Mais il est parfois difficile pour les porteurs de projets, surtout lorsque l’on est en dehors du secteur agricole, de comprendre comment fonctionne le réseau d’accompagnement », pointe la doctorante.