Beauvais : avec l'Ultra Levure, Biocodex soigne le microbiote intestinal

Le laboratoire pharmaceutique familial et indépendant Biocodex, installé à Beauvais depuis 60 ans, conçoit et commercialise l'Ultra Levure, favorisant la restauration de la flore intestinale, naturellement. Leader sur le marché français du microbiote intestinal, le laboratoire s'agrandit et s'associe à la campagne de santé publique de l'OMS pour rappeler les risques de la prise trop importante d’antibiotiques... et de l'importance du microbiote intestinal.

Entre 20 000 et 25 000 boîtes de pilules d'Ultra Levure sont fabriquées sur une ligne de production par jour. (c)VK
Entre 20 000 et 25 000 boîtes de pilules d'Ultra Levure sont fabriquées sur une ligne de production par jour. (c)VK

À Beauvais, les bâtiments du site de production historique et le plus important de Biocodex - le laboratoire pharmaceutique pionnier en matière de levure probiotique - se sont parés d'une lumière bleue la semaine dernière. Avec 32 projecteurs par lesquels des bactéries et des virus ont été projetés, Biocodex a montré son engagement à l'occasion de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens, lancée par l'OMS, avec comme mot d'ordre #GoBlue. « Aujourd'hui, les antibiotiques sauvent des vies mais il faut bien les utiliser pour préserver le microbiote intestinal, explique Murielle Escalmel, directrice du Biocodex Microbiota Institute, dont la mission est d'aider la Recherche et de sensibiliser le grand public et les professionnels de santé à l'utilisation de ces probiotiques salvateurs. Les antibiotiques sont de moins en moins efficaces. La résistance aux antimicrobiens est dans le viseur de l'OMS. C'est une véritable bombe sanitaire à retardement. La résistance aux antimicrobiens serait la cause de décès de 700 000 personnes dans le monde chaque année. Et si rien ne change, elle pourrait causer la mort de 10 millions de personnes en 2050. »

Ne pas consommer trop d'antibiotiques... une prise de conscience qui semble nécessaire : l'Organisation mondiale de la santé animale, l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Programme des Nations unies pour l’environnement se sont associés à cette semaine de sensibilisation. « Nous voulons sensibiliser nos partenaires et nos équipes au bon usage des antimicrobiens, ce qui est l'engagement du groupe depuis sa création, explique Édouard Loiseau, directeur du site de Beauvais. Peu de gens sont sensibilisés aux risques. »

Une découverte majeure

C'est sur le site de production de Beauvais que Biocodex conçoit et conditionne depuis plus de 60 ans, et commercialise dans une centaine de pays, la première souche de levure probiotique du monde, la levure Saccharomyces boulardii CNCM I-745®, plus connue sous le nom d'Ultra Levure, premier médicament qui renouvelle la flore intestinale déséquilibrée. « L'antibiotique a une action sur les bactéries mais il détruit une partie des bactéries saines, explique Murielle Escalmel. Quand il y a un usage d'antibiotique inadapté, il y a une création de bactéries résistantes aux antibiotiques, et qui plus est qui prolifèrent. » La recherche et les produits de Biocodex luttent contre ce phénomène en prônant l'équilibre du microbiote intestinal, le plus important microbiote du corps.

« Sur le site, 85% de la production est consacrée à la fabrication de l'Ulta Levure, soit 300 tonnes par an », précise Geneviève Schuster, la directrice de production. (c)VK

Si aujourd'hui à Beauvais 108 millions de boîtes, vendues sous 30 médicaments, sont distribuées à destination de 115 pays chaque année, dont l'Ultra Levure, l'histoire de Biocodex commence dans les années 1920, avec la découverte en Indochine de la levure Saccharomyces boulardii par Henri Boulard, un biologiste français. Ce dernier a trouvé une levure spécifique de la famille des saccharomyces, la souche unique Saccharomyces boulardii CNCM I-745®, que Biocodex produit aujourd’hui, dans la composition des peaux de litchi et de mangoustan, consommés sous forme de boisson par les Indochinois qui traitaient ainsi la diarrhée infectieuse provoquée par le choléra. « Nous sommes convaincus par le microbiote, confie Murielle Escalmel. Il possède un vrai pouvoir. »

Acteur international des microbiotes

Cette découverte majeure a permis à Biocodex de fabriquer l'Ultra levure et de se pencher sur la préservation du microbiote intestinal. Gélules, sticks, poudre, cachets, « sur le site, 85% de la production est consacrée à la fabrication de l'Ultra Levure, soit 300 tonnes par an », précise Geneviève Schuster, la directrice de production, et 80% de la production part sur le marché international. Avec ses 17 filiales, 115 partenaires, ses 1 600 salariés dans le monde dont 350 à Beauvais (80 dédiés à la qualité), le laboratoire pharmaceutique reste leader sur le marché du probiotique. Véritable précurseur sur le marché français, Biocodex a depuis élargi son expertise pour devenir un acteur international majeur des microbiotes.

Le groupe poursuit ainsi son développement autour de trois piliers : les microbiotes mais aussi les médicaments orphelins, pour lesquels les recherches se concentrent dans son centre de recherches de Compiègne qui a, par exemple, mis au point le médicament Diacomit®, indiqué dans le traitement du syndrome de Dravet, un type d’épilepsie de l’enfant, rare et très sévère, fabriqué à Beauvais. Et récemment Biocodex se penche sur la santé de la femme, notamment autour du microbiote vaginal, après le rachat du groupe Iprad en 2020, en proposant les produits d’hygiène et de soins intimes Saforelle® aux femmes de tous âges. En parallèle, Biocodex a également développé une expertise scientifique dans d’autres domaines thérapeutiques, tels que la prise en charge de la douleur, la neurologie et la médecine générale.

Des investissements pour l'avenir

Ces nouvelles expertises ont poussé le groupe a prendre un virage majeur dans son histoire en 2016. Depuis, le site beauvaisien s'est agrandi, a été réaménagé et modernisé : en 2017, une deuxième ligne de fermentation a été installée, en 2020 une nouvelle ligne de conditionnement et en 2021, une nouvelle ligne dédiée à la production de sticks a vu le jour. En 2022, l'activité de Biocodex a pris de l'ampleur avec une nouvelle unité de production dédiée aux compléments alimentaires. « En deux ans, nous enregistrons une progression de volume de l'ordre de 70% », confie la directrice de production. Une progression liée à la demande croissante en probiotique, à la diversification des activités mais aussi liée au pari d'un outil industriel 100% français, qui a permis au laboratoire pharmaceutique de passer la crise Covid et d'acquérir de nouvelles parts de marché.

Grâce à cette modernisation, le site beauvaisien de Biocodex est devenu le plus grand parc d'Europe de lyophilisation (comptant dix lyophilisateurs), et l'un des plus modernes au monde, pour lequel 70 millions d'euros ont été investi en dix ans. Un site qui continue de s'agrandir : Biocodex va investir 12 millions d'euros (dont 8 millions d'euros pour les machines) entre 2023 et 2024 pour agrandir les locaux et acquérir deux lyophilisateurs, dont la mise en service est prévue en 2025, une nouvelle ligne de conditionnement prévue en janvier 2024, deux lignes de production dédiées aux sachets et une ligne dédiée aux gélules (format blister).

Ce groupe resté familial, dont le chiffre d'affaires s'élève à 502 millions d'euros, lui permet « d'investir sur le long terme et de garder une agilité dans la prise de décisions », félicite Édouard Loiseau. Un laboratoire pharmaceutique ancré dans l'avenir, avec une politique RSE forte : dans quelques mois, des sticks fabriqués à base de cellulose seront testés.