Beauvais : les agriculteurs en colère

En fin de matinée, les agriculteurs de l'Oise se préparaient à bloquer l'A16 à Beauvais cet après-midi, alors que le mouvement national est prévu demain. Des agriculteurs en colère, revendiquant des mesures, des conditions, et des prix qui ne sont pas en phase avec leur travail.

Les agriculteurs de l'Oise bloquent l'A16 à Beauvais.
Les agriculteurs de l'Oise bloquent l'A16 à Beauvais.

Ils sont sortis de leurs exploitations pour rejoindre l'A16 en tracteur. « Manifester sur les routes pour faire avancer les choses », c'est la nouvelle stratégie de la FNSEA, l'un des principaux syndicats agricoles, pour se faire entendre. Ces agriculteurs qui jusque-là manifestaient devant les préfectures ou encore les jeunes agriculteurs qui avaient, il y a quelques semaines, retourner les panneaux d'entrée des villes (avec comme slogan "On marche sur la tête")... aujourd'hui c'est un véritable cri d'alarme. Ce mouvement cette fois est aussi plus large : un bon nombre d'agriculteurs ne sont pas affiliés à un syndicat, c'est donc la base qui s'ébranle.

Les revendications portent sur les conditions économiques et sociales des agriculteurs. Et avec l'inflation, la situation s'est empirée, se répercutant sur les prix. +40% pour les carottes ou encore +20% pour le lait demi-écrémé, cette inflation est aussi révélatrice de la bataille des prix incessante avec la grande distribution : si la loi EGAlim – dont l'objectif était d'améliorer l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire - permet, entre autres, d'éviter la vente à perte des produits des agriculteurs, dans la réalité ces agriculteurs clament que la loi n'est pas respectée. Derrière cette situation économique, le salaire des agriculteurs est également revendiqué.

Autre sujet : les pesticides. Si les agriculteurs sont en faveur de normes écologiques, ils prônent un assouplissement de l'utilisation des pesticides. « Il faut faire étape par étape, cela prend du temps, explique un agriculteur à Beauvais. Ce n'est pas que l'on ne veut pas faire d'effort mais il faut de la main d’œuvre, et repenser tout un modèle. » Le risque, selon eux, est l'importation de produits hors Union européenne car le prix de la production en France sera trop élevée. Des pays par ailleurs qui ne respectent pas les mêmes normes en France. Cette tendance a déjà été décriée par les jeunes agriculteurs, dénonçant des volailles, par exemple, importées d'autres pays. Pour le volet écologiques, les agriculteurs rappellent qu'un grand nombre d'effort a été fait en dix ans : par exemple, une baisse de 70% de l'utilisation des produits phytosanitaires, et une baisse de 53% de l'utilisation d'antibiotiques, sans compter la production de gaz vert, via les méthaniseur, qui grandie d'année en année.

D'autres sujets sont source d'inquiétudes. Ces professionnels demandent au gouvernement des solutions concernant les ressources en eau et un assouplissement des démarches administratives, devenues « trop contraignantes ». Cultiver les jachères est aussi l'une de leurs revendications. Cette autorisation permettrait, selon eux, de cultiver plus et mieux.

Au bord de l'embrasement, ce mouvement prend de l'ampleur partout en France. Ce matin, le Premier ministre a rencontré les principaux syndicats agricoles... pour trouver une solution pérenne