Belle et fragile saison touristique

La saison touristique estivale réussie se prolonge avec l'été indien et les événements sportifs, selon le bilan de Bercy. L'impact des drames et de la crise qui menace de se généraliser au Moyen-Orient va-t-il casser cette dynamique nationale ?

les taux de réservations demeurent plus élevés que l'an dernier dans l'hôtellerie : 29% en octobre (+4,8%), 14% en novembre (+2,9%), 17% en décembre (+3,1%).(c) DC Studio
les taux de réservations demeurent plus élevés que l'an dernier dans l'hôtellerie : 29% en octobre (+4,8%), 14% en novembre (+2,9%), 17% en décembre (+3,1%).(c) DC Studio

Un bilan excellent, sur lequel planent des incertitudes. Le 18 octobre, lors d'une conférence de presse en ligne, Bercy dressait un bilan de la saison touristique et des prévisions pour l'avenir. « L'arrière-saison s'inscrit dans la continuité de la très belle saison de cet été », révèle Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme . Les chiffres confirment une tendance sociétale majeure : la saison estivale se prolonge au delà de la rentrée de septembre. 34% des Français sont partis en septembre de cette année, soit cinq points de plus qu'en 2019. En particulier, une météo favorable a permis à l'hôtellerie de plein air de réaliser une performance record : près de 13 millions de nuitées sur le mois, soit 12% de plus qu'en septembre 2022. Les autres modes d'hébergement ont moins profité de l'arrière-saison : le taux d'occupation du locatif particulier a augmenté de 1,7% et celui de l'hôtellerie est resté stable.

Autre bonne nouvelle, avec 19,1% de fréquentation en plus en septembre, « le niveau de clientèle internationale confirme la dynamique de cet été », remarque Olivia Grégoire. Fin août, les recettes internationales avaient atteint un niveau record de 8,1 milliards d'euros, contre 7,4 milliards d'année précédente. Et la fréquentation qui se poursuit en septembre doit être mise en lien avec la Coupe du monde de rugby. « Elle a eu un effet boost », résume Caroline Leboucher, directrice générale d'Atout France. L'ensemble des villes où se sont tenus des matchs, à l'image de Marseille, Nice, Bordeaux ou Lyon, ont vu les taux d'occupation de l'hôtellerie dépasser largement les 90%. Et pour les mois à venir, d'après les prévisions des Offices du tourisme, la fréquentation touristique devrait se poursuivre encore : 36% des Français envisagent un séjour en octobre ou novembre. Et les taux de réservations demeurent plus élevés que l'an dernier dans l'hôtellerie : 29% en octobre (+4,8%), 14% en novembre (+2,9%), 17% en décembre (+3,1%).

Les risques géopolitiques et tarifaires

À court et à long terme, un phénomène pourrait toutefois faire fuir les touristes. « J'appelle à la vigilance, je rappelle l'attention qu'il faut avoir au signal prix et aux effets délétères que pourraient avoir des prix trop élevés dans un contexte où les Français, et également les Européens, font plus attention », a déclaré Olivia Grégoire. Le 29 août, elle avait tenu les mêmes propos en faisant le bilan de l'été au cours duquel le RevPar (revenu par chambre disponible) avait augmenté (avec des pics jusqu'à 30% enregistrés dans certaines régions). En septembre, l'indicateur a encore augmenté de 9,2% par rapport à septembre 2022.

Dans l'optique de l'arrivée des Jeux Olympiques, Bercy en appelle à la préservation de prix « raisonnables ». « Il en va de la réputation d'accueil de la France », pointe la ministre. Bientôt un « Observatoire des prix » sera disponible en ligne. Il permettra aux touristes de s'informer sur les variations de prix des différents hébergements.

Mais une autre épée de Damoclès est suspendue au-dessus des performances du tourisme français : les répercussions des drames du Moyen-Orient. Selon le cabinet d'Olivia Grégoire, l'impact n'est pas à ce jour constaté. « Ne jouons pas à nous faire peur », invite le cabinet ministériel. Lequel promet de suivre avec attention les évolutions, mais rappelle l'épisode des émeutes de l'été dernier : elles avaient été suivies de propos alarmés de certains professionnels du tourisme, sans qu'au final la saison ne soit affectée. Et Olivia Grégoire s'est voulue rassurante, énumérant les moyens mis en œuvre pour sécuriser les espaces publics (comme des soldats postés sur les lieux touristiques). Depuis la tenue de la conférence de presse, la situation s'est nettement dégradée sur le terrain avec la multiplication des alertes à la bombe touchant directement des destinations touristiques internationales majeures (musée du Louvre, château de Versailles).


Pour les vacances scolaires, visitez une usine !

Comment fabrique-t-on une aile d'avion, un parfum ? Durant les vacances scolaires, les usines ouvrent leurs portes aux jeunes afin de leur faire découvrir les métiers de l'industrie. Celle-ci peine, en effet, à recruter en dépit de salaires plus élevés que la moyenne. Le dispositif promu par Bercy est porté par l'association « Entreprise et Découverte ». L'ensemble des usines participantes sont recensées sur le site Internet https://www.entrepriseetdecouverte.fr, accessible par lieu ou par activité.