Bon bilan pour le Contrat d’engagement jeune dans l'Oise

Un an après son lancement, c’est dans les locaux de l’emblématique entreprise Isagri qu’un bilan a été dressé par Pôle emploi. Et pour cause, elle a recruté une de ses dernières pépites dans le cadre du Contrat d'engagement jeune.

(de g. à dr) François Louarn, Adrien Lazaro et Jean-Marie Savalle ont réussi une embauche chez Isagri.
(de g. à dr) François Louarn, Adrien Lazaro et Jean-Marie Savalle ont réussi une embauche chez Isagri.

Dans la continuité du plan "Un jeune, une solution", le Contrat d’engagement jeune (CEJ) s’adresse depuis le 1er mars 2022 aux jeunes de 16 à 25 ans (ou 29 ans révolus quand ils disposent d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), qui ne sont pas étudiants, ne suivent pas une formation et présentent des difficultés d’accès à l’emploi durable.

Phases individuelles et collectives

Un an après son lancement, un bilan vient a été dressé par Pôle emploi, le 26 mai, dans les locaux de l’entreprise Isagri à Beauvais, qui a recruté un salarié entré auparavant dans ce dispositif. Selon la Maison de l’emploi et de la formation du pays du Grand Beauvais, 505 jeunes sont entrés en CEJ en 2022 dont 52% en infra bac. Ce sont aussi 340 jeunes (67%) qui ont accédé à une situation d’emploi ou de formation pendant l’accompagnement (45% en situation d’emploi et 22% en formation). Et 177 jeunes sont sortis du dispositif en 202, soit 48% en emploi (37%) ou en formation (11%).

Concrètement, les jeunes en CEJ bénéficient d’un accompagnement qui alterne des phases individuelles et collectives à raison de 15 à 20 heures par semaine. À l’entrée dans le dispositif, trois semaines de séances collectives sont proposées, c'est-à-dire un tronc commun permettant de travailler des thématiques utiles à l’ensemble des jeunes ainsi que la dynamique de groupe. À l’issue, les parcours sont individualisés et les ateliers collectifs ou actions sont proposés en fonction des besoins spécifiques des jeunes. « Des jeunes sont autonomes mais d’autres ont besoin d’être accompagnés, ont besoin de retrouver un collectif qui leur permet de se dire : il n’y a pas que moi qui ait des difficultés », explique Corinne Marets, directrice de la Maison de l’emploi et de la formation du Pays du Grand Beauvais.

Ne laisser personne sur le bord de la route

« L’idée est de pas oublier des personnes sans qualification qu’on laisserait sur le bord de la route, précise Laurence Krawczyk, directrice de l’agence Pôle emploi de Beauvais. Ils ont un conseiller dédié. C’est un engagement réciproque des deux parties pour parvenir à un retour à l’emploi. Ils ont au moins un entretien en présentiel une fois par mois et un entretien une fois par semaine. Le dispositif peut durer jusqu'à 18 mois.»

Ce contrat permet d'ouvrir les horizons. Plus de 50 thématiques d’ateliers ou prestations sont accessibles sur les axes divers : emploi, orientation, formation; développement personnel (communication, confiance en soi, gestion du stress); informatique; numérique; vie quotidienne, mobilité, santé… En complément, les jeunes peuvent utiliser l’espace numérique, les simulateurs de conduite, le FabLab et toutes les ressources de la structure. Durant leurs parcours, ils peuvent réaliser des stages, visites en entreprises et être positionnés sur des actions de formation. Les jeunes rencontrent leur conseiller référent en entretien individuel, chaque semaine ou tous les 15 jours. Enfin, sous certaines conditions, le CEJ peut être rémunéré à hauteur de 528 euros par mois.

Sébastien Lime, Corinne Marets et Laurence Krawczyk ont présenté le bilan du Contrant engagement jeune dans l'Oise, un an après le lancement.

Sébastien Lime, sous-préfet, Secrétaire général de la préfecture de l’Oise a notamment salué le travail en commun de Pole emploi et de la Maison de l’emploi et de la formation du Pays du Grand Beauvais : « Il a fallu apprendre à travailler ensemble, croiser les offres de formation. On ne vise pas juste la remise à l’emploi mais la construction avec les jeunes concernés d’outils vers l’autonomie. »

« Nous avons toujours fait confiance aux jeunes »

Chez Isagri, l'intégration d'un jeune issu du Contrat engagement jeune est une réussite, autant pour le jeune que pour l'entreprise. « J’avais passé un DUT et une licence pro dans l’informatique mais je ne trouvais pas de travail, raconte Adrien Lazaro, 22 ans, de Beauvais, vient tout juste d’intégrer l’entreprise Isagri de Beauvais, leader des services numériques en Europe. J’ai intégré un contrat d’engagement jeune et j'ai suivi des formations pour réussir des entretiens d’embauche. Deux mois et demi après, je suis venu ici d’abord en CDD puis j’ai signé début mai un CDI. Je suis très content. »

Pour Isagri - qui fête ses 40 ans cette année - ce dispositif est d’autant plus positif car l’entreprise, recrutant une centaine de salariés supplémentaires par an sur Beauvais, est confrontée à un sérieux souci de recrutement. « Nous avons toujours fait confiance aux jeunes. Adrien en est l’exemple. Nous avons des problème pour trouver des personnes aguerries dans la construction de logiciels », ont évoqué François Louarn, responsable recrutement et carrières, et Jean-Marie Savalle, le PDG d’Isagri.

Éric Delahoche, gérant d’une entreprise de travaux publics de neuf salariés à Achy a témoigné sur la responsabilité de l'entreprise.

Autre exemple, Éric Delahoche, gérant d’une entreprise de travaux publics de neuf salariés à Achy, a livré un témoignage fort en évoquant l’arrivée de Loïc, 21 ans, en grandes difficultés, dans le cadre d’une clause d’insertion intégrée au marché public du chantier de la gendarmerie d’Auneuil : « Nous avions 55 heures à donner et nous avons fait appel à la mission locale, raconte-t-il. Loïc a effectué un mois en juillet. En septembre, comme nous avions un surcroît de travail, je l’ai pris en CDD comme manœuvre. Il passe actuellement son permis de conduire et je vais l’embaucher en CDI. J’ai tout fait pour le sortir de là où il était car il vaut la peine qu’on s’occupe de lui... il se décarcasse pour l’entreprise. L’objectif, c’est qu’il devienne autonome. » Le témoignage filmé de Loïc a été diffusé : invité à donner des conseils aux autres jeunes, il a indiqué « qu’ils ne lâchent pas. » Un tremplin dont il a bien conscience dont la base est la motivation mais aussi la confiance des entreprises.