Canal Seine-Nord : à Montmacq, la rivière sera déviée

Ils vont durer quelques années. Les travaux de rescindement de l'Oise ont débuté à Montmacq, entre Noyon et Compiègne et interviennent en amont de la construction du canal. L'objectif est de dévier la rivière, lui trouver un nouveau lit et de recréer un cours d'eau comme à l'initial, pour laisser la place au canal qui passera dans le secteur. Le 13 octobre, les premiers coups de pelle officiels ont été donnés.

À Montmacq, le nouveau tracé de la rivière se dessine. (c)DR
À Montmacq, le nouveau tracé de la rivière se dessine. (c)DR

C'est une nouvelle étape pour le chantier du Canal Seine-Nord Europe (54 m de large et 4,5 m de profondeur), qui s'étendra sur 107 km, entre Aubencheul-au-Bac (59) et Compiègne, traversera 64 communes de la région, créera trois ponts-canaux, sept écluses, dix quais à vocation économique, mobilisera 6 000 personnes et coûtera 5,1 milliards d'euros.* Ce chantier colossal, qualifié « d'historique », a démarré dans les premiers secteurs depuis la fin de l'année dernière. Dans l'Oise, les travaux auront de grands impacts : sur les 107 km du canal, 47 km passeront à travers le département.

À Montmacq, les premiers tracés de la rivière l'Oise sont en cours et le futur cours d'eau se dessine déjà, séparé par les futures berges. « Nous y sommes !, sourit Nadège Lefebvre, présidente du Conseil départemental de l'Oise, qui a participé à hauteur de 160 millions pour les chantiers dans l'Oise, lors du lancement officiel des travaux à Montmacq. C'est une belle voie de communication structurante. Et ce ne sont pas de simples péniches qui navigueront. C'est un moyen de transport qui pollue moins que les camions, alors qu'en ce moment même, les routes de l'Oise sont saturées à cause notamment de la hausse des camions sur les routes. »

D'ici quelques années, la rivière actuelle changera de lit - de la même longueur pour ne pas modifier le régime hydraulique - pour laisser la place au Canal Seine-Nord Europe, qui passera près de la commune de Montmacq.

Xavier Bertrand se dit heureux de ce grand projet. (c)DR

« En 2021, le premier giratoire a été construit et on disait que ce n'était qu'un simple giratoire. Aujourd'hui, fin 2022, on creuse le Canal. Alors, oui, il sera réalisé en 2030 !, démontre Xavier Bertrand, président de la Région des Hauts-de-France. On a pris le risque de travailler avec la Société Canal-Seine Nord, car si ce chantier se fait, c'est grâce aux collectivités locales. Et finalement, jamais un projet n'a généré autant d'emplois. Je remercie les Départements qui ont suivi le projet dès le début alors que les finances étaient au plus bas. Nous avons pu compter sur l’État... et merci l'Europe. »

L'environnement, un sujet crucial

La construction de ce canal va de paire avec la destruction de l'environnement... mais sa reconstruction est tout l'enjeu de la Société Canal-Seine Nord. À Montmacq, un bout de la forêt aux muguets a été rasé, laissant de la terre.... mais aussi des habitants inquiets et en colère. « Mais nous avons fait des réunions de concertation, et le projet sera accepté par les habitants avec dignité », rappelle le maire de la commune, Rémy Cuelle.

Les travaux ont débuté à Montmacq, en présence des acteurs concernés.

L'objectif pour la Société Canal-Seine Nord est de recréer l'écosystème perdu en protégeant la faune et la flore locales. Du côté de l'éco-responsabilité du chantier, la société s'engage dans un chantier responsable : optimiser la conception du projet et favoriser le réemploi afin de réduire les volumes de déblais excédentaires pour limiter l'impact sur les terres agricoles ; favoriser la valorisation des terres excédentaires (remise en culture) ; limiter les distances de transport des déblais et favoriser la massification des transports en partenariat avec les acteurs locaux. « L'objectif et ici à Montmacq, est de préserver les habitants en créant par exemple des micro-habitats autour du chantier », précise-t-on du côté de la Société Canal-Seine Nord.