À Noyon, le projet du port intérieur avance

Le 24 mars s'est tenue la seconde réunion de concertation publique, chez Inovia à Noyon, quatre mois après la première. Le futur port intérieur de Noyon du Canal Seine-Nord Europe sera implanté entre les communes de Catigny et Sermaize, le long de la RD 934, sur 400 m de long. Aujourd'hui, les quatre ports intérieurs sont entrés dans la phase d'avant projet... La partie sur l'impact écologique est notamment à l'étude. Des discussions sont aussi en cours avec les agriculteurs du secteur.

C'est la deuxième concertation publique à Noyon.
C'est la deuxième concertation publique à Noyon.

Le Canal Seine-Nord (107 km de voies d'eau nouvelles ou transformées, d'Aubencheul-au-Bac (59) à Compiègne) est un projet économique majeur pour la région rassemblant de nombreux pans économiques et environnementaux. Dans ce projet, la création de quatre ports intérieurs sont prévus. À Noyon, le port intérieur sera long de 400 m pour une superficie totale de 45 hectares (avec 5 hectares d'espaces publics et 8 hectares de terminaux fluviaux), un raccordement ferroviaire n'était pas prévu dans le projet. Il sera situé le long RD 934, à cheval sur les communes de Catigny et Sermaize. Du côté du calendrier, les ports seront en étude jusqu'en 2024, les travaux commenceront en 2026 pour une probable mise en service début 2029.

La Région Hauts-de-France, la société Canal Seine-Nord et leurs partenaires ont entamé une tournée de réunions de concertation publique afin de répondre aux questions mais surtout pour prendre en compte les remarques sur ces futures installations. À Noyon, c'est le côté environnemental qui est le sujet d'inquiétude, notamment avec la perte de terres agricoles et la bonne entente entre le port et le travail des agriculteurs, avec la présence de fermes.

C'était tout l'enjeu de cette réunion : rassurer sur la biodiversité et l'organisation du port. « L'environnement est primordial dans ce projet, rassure Franck Dhersin, vice-président de la Région en charge des Mobilités, infrastructures de transports et des ports. Par rapport à il y a dix ans, c'est une nouvelle façon d'aborder les projets où l'environnement est totalement intégré. »

Un environnement recréé

Avec la construction de ce port, l'impact écologique est forcément terrible mais Franck Dhersin le rappelle : « Les enjeux des impacts environnementaux sont de les compenser. » Et toute une équipe de techniciens étudie justement ces compensations pour recréer un environnement perdu et accueillir de nouveau la faune et la flore présentes sur le territoire. « Nous avons fait une analyse de la biodiversité, explique un technicien. Et à Noyon, selon l'enquête, il y a peu d'impacts car ce sont des terres agricoles. »

Une gestion écologique sera donc impulsée avec une revégétalisation du port intérieur pour relocaliser les espèces locales, notamment avec la plantation d'essences locales. Pour qu'il y ait le moins de nuisance possible, il n'y aura pas d'éclairage la nuit et des clôtures passives seront préférées pour laisser passer la faune et la flore. L'idée est aussi de limiter l'impact visuel du port. Des lisières végétalisés aux périphéries permettront de gérer les altimétries du terrain tout en intégrant le port dans l'environnement.

Du côté de la gestion hydraulique, un projet est déjà prévu : un bassin de tamponnement va être créé à l'entrée du port pour gérer les ruissellements et le terminal disposera de sa propre rétention (3 300 m3). Et cette gestion hydraulique se fera également à l'aide de noues. Le rejet de débit de fuite sera, quant à lui, amené vers la Mève, en passant sous le Canal.

Un travail avec les agriculteurs

Tous ces arguments laissent tout de même les agriculteurs perplexes et inquiets. La Région et les partenaires du projet rencontrent actuellement les agriculteurs du secteur, surtout ceux directement impactés par l'installation du port intérieur, pour trouver un terrain d'entente. Actuellement, un travail est en cours avec la coopérative Agora pour aménager un silo afin de dessiner le devenir du transport des céréales, notamment avec celui de Beaurain-lès-Noyon.

Les aménagements du port posent aussi question. Franck Dhersin a là aussi essayé de rassurer. Un rond point sera installé pour une meilleure circulation avec un voie dédié aux poids lourds pour que ces derniers ne bloquent pas la circulation. Enfin, la circulation pose aussi problème pour la moisson. Les agriculteurs réclament des réponses claires sur l'accès aux terres durant la moisson. Un travail collaboratif est aussi en cours... pour que ce port intérieur, aux retombées économiques estimées fortes, s'intègre totalement dans le paysage.